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Dossier : Les recettes consulaires sont-elles détournées ?

Il n’est un secret pour personne qu’au titre de la Convention de Vienne du 24 avril 1963,  les missions consulaires visent principalement à assurer la protection des ressortissants d’un pays, à délivrer des titres d’identité et de voyage, ainsi que des visas.

Les résultats de ce travail diplomatique sont généralement budgétisés pour des pays où l’orthodoxie financière est de rigueur, en vue de renflouer la rubrique ‘’recettes consulaires’’ du budget annuel de l’Etat. Ce qui éviterait que la diplomatie au service du développement ne soit simplement consommatrice et devienne un vain mot.

 

C’est pour cette raison qu’actuellement, plusieurs pays, même ceux voisins de la Guinée, ont mis fin à la gestion archaïque de ces recettes consulaires pour passer à celle du numérique afin de mieux sécuriser les revenus qui en découlent. Les frais des prestations consulaires sont désormais payés en ligne pour atterrir directement dans un compte ouvert à cet effet au bénéfice du trésor public.

 

Contrairement à cette louable pratique qui a d’autres avantages induits, les observateurs avertis estiment que le cas guinéen est un casse-tête autour duquel une véritable mafia s’est instaurée.

 

Certaines de nos ambassades comme Genève par exemple affirment-ils, brillent par une gestion fantaisiste où le trésor public est synonyme de poches de quelques privilégiés. Cela, même si l’ambassadeur de Guinée en Suisse, Aly Diané interrogé par la rédaction, à Genève affirme que

« ses recettes consulaires sont envoyées au trésor public ».

Cependant, de sources concordantes proches du ministère guinéen de l’Économie et des finances et du trésor public nous indiquent « qu’il y a belles lurettes, les vignettes de visas ne proviennent pas des voies légales de Conakry. C’est plutôt le résultat d’affairisme souterrain ».

 

Et de marteler en ces termes : « si les recettes consulaires étaient versées dans le compte du trésor public guinéen à la banque centrale de la République, sur quels documents comptables devrait-on se référer pour valider la sincérité des chiffres quand bien même que ce n’est pas nous qui émettons les vignettes permettant de faire un décompte transparent.

Dès lors que l’émission des vignettes, la prorogation des passeports et d’autres titres de voyages sont faites par les ambassades, la comptabilité de ces recettes relève de nos missions diplomatiques à l’étranger, puisque nous n’avons aucun virement allant dans ce sens en provenance d’une mission diplomatique donnée fut-elle Genève. C’est tout ce que je peux vous dire…»

 

Nul n’ignore en effet le nombre important de Guinéens vivant en ce moment en dehors du territoire national, comme en Suisse où à cause de la crise économique qui sévit en Europe, la plupart de nos compatriotes de la région s’y sont donné rendez-vous. Ces derniers affirment à notre rédaction

« qu’ils ont régulièrement besoin de faire  légaliser certains papiers et proroger leurs passeports », mais aussi « qu’ils ont souvent recours aux ambassades pour se faire établir certains documents administratifs ».

Les frais administratifs que le traitement de ces documents génère dans la quarantaine d’ambassades et consulats guinéens, s’ils étaient sécurisés, seraient d’importantes sources de recettes pour notre trésor public. Mais malheureusement, tel n’est pas le cas.

 

Plus grave, l’établissement des visas dans les ambassades guinéennes est devenu une véritable forêt sacrée qui ne profite qu’à certains de nos plénipotentiaires et leurs consuls bénéficiant de complicités à multiples ramifications, amenant souvent nos consulats à fonctionner comme des structures à la limite du privé, indépendantes de nos ambassades.

De sources concordantes proches du ministère des l’Économie et des finances, Conakrylemag a appris que souvent les vignettes de visas qu’on colle dans les passeports sont imprimées pour compte personnel par d’autres, au grand dam du trésor public normalement en charge des titres et valeurs dans une République donnée.

La fixation même des tarifs de visa, si elle ne se fait pas à la tête du client, varie d’une ambassade à l’autre. Les autorités guinéennes compétentes devraient mieux assainir cette gestion, si nécessaire la numériser.

 

Tenez, pour un visa simple entrée, c’est 110 francs suisses (environ 110 dollars US), visa multiple entrée 145 francs suisses, titre de voyage (145), carte consulaire 35 CHF, légalisation 35 CHF, prorogation 50 CHF, enregistrement de naissance 35 CHF.

 

Pour l’ambassade de Guinée en France, un visa coûte 60 euros pour ceux qui sont d’origine étrangère, 87 euros au delà d’un mois et plusieurs entrées. La prorogation d’un document coûte 30 euros.

 

En ce qui concerne les prix à l’ambassade de la Guinée en Belgique (Benelux, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), un visa d’un mois coûte 60 € ; un visa de trois mois et plus : 87 € et la prorogation d’un passeport se fait 30 €.

 

La liste n’est pas exhaustive ! Faites les calculs et extrapoler ça à la quarantaine de missions diplomatiques que la Guinée a, à l’étranger, en tenant aussi compte de la fréquence de ces opérations, vous verrez le manque à gagner que cela cause au trésor public guinéen, surtout dans cette période de vache maigre. En tout cas, de sources officielles, depuis presque deux ans, le salaire du personnel diplomatique et les frais de fonctionnement de nos ambassades sont payés à temps par l’État guinéen. Cela est reconnu par tous. Donc, les observateurs se demandent où vont les recettes consulaires pour une diplomatie qui se veut axer sur le développement ?

 

Au lendemain de la biométrisation des passeports guinéens, celle de la procédure de délivrance de nos visas permettra, entre autres, d’avoir des statistiques fiables sur le nombre de fréquentation annuelle dans le pays en termes de tourisme et fournira  également d’utiles données à la police des frontières, ainsi qu’à celle de la surveillance du territoire. Au final, cela améliorera substantiellement l’apport de la diplomatie guinéenne au trésor public par le biais de la sécurisation de nos recettes consulaires qui tombent actuellement dans les poches de certains gestionnaires véreux.

 

De ce qui précède, l’écrasante majorité des Guinéens vivant à l’étranger, souhaiterait l’intervention du président Alpha Condé et les structures du ministère de l’Economie et des fiances en vue de s’assurer que ces recettes consulaires, parviennent effectivement au compte du trésor public guinéen. Ça y va de la transparence dans les affaires telle que prônée par le chef de l’État lui-même !

 

Dans nos prochaines éditions, nous reviendrons sur d’autres détails croustillants de cette nébuleuse pour le bonheur de nos lecteurs.

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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