Pourquoi il faut baisser le prix du carburant.

Je commence par réfuter les arguments de ceux qui disent que l’opposition roule sur les plates bandes des syndicats. Les syndicalistes défendent, comme ils le disent eux-mêmes, les intérêts matériels et moraux des travailleurs, ce qui limite leur champ d’intervention.

En fait, réclamer la baisse du prix du carburant revient à quoi? C’est simplement réclamer la baisse des taxes prélevées par l’Etat. C’est donc un sujet éminemment politique.
L’histoire de l’humanité est faite de multiples révoltes populaires contre les abus d’impôts, qui ont vu s’écrouler des empires, des gouvernements sur leurs coups de butoirs. N’oublions pas que la guerre d’indépendance des Etats-Unis et la révolution française de 1789 ont des causes fiscales.
Cette question a attiré l’attention des économistes comme Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastia ou Adam Smith qui dira dans Ses leçons de jurisprudence : “Il ne fait pas de doute qu’un impôt exorbitant, équivalent par exemple, en tant de paix comme en temps de guerre, à la moitié ou même au cinquième de la richesse de la nation, justifiant, comme tout abus caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple”. Tout est dit.
Certains Guinéens s’étonnent que les partis politiques prennent en charge cette revendication sans savoir que la réduction des impôts et taxes est au coeur du programme politique des partis libéraux dans le monde. Dans les années 1980, la “révolution conservatrice” portée par le président américain Ronald Reagan et le premier ministre britannique Margaret Thatcher triomphe presque partout dans le monde.
Pour revenir à la situation préoccupante que nous vivons en Guinée, l’opposition a jugé utile de prendre en charge ce dossier et a demandé aux populations de résister aux abus du gouvernement. Les manquements et les dégâts financiers causés par le pouvoir Alpha Condé sont inacceptables partout ailleurs dans le monde.
En pleine tourmente Ebola, le gouvernement a procédé à un pillage en règle de nos finances publiques en complicité avec la BCRG qui non seulement a fair endetter le Trésor public de plus de 1.860 milliards de francs, mais de plus a accordé, en violant de ses statuts, des garanties pour 800 millions de dollars à des sociétés bénéficiaires de contrats de gré à gré pour des dépenses publiques non inscrites dans la loi de finance.
C’est un scandale énorme, car il faut rappeler que le pouvoir de fixer, de lever et d’affecter les impôts est de la compétence exclusive du parlement qui le vote en une loi de finance. Or, les dépenses extrabudgétaires sont devenues le sport favori de la présidence. A propos des garanties de l’Etat aux prêts non concessionnels, le gouvernement a menti au FMI.
station d'essence Labé
station d’essence Labé
Sur injonction du FMI, le gouvernement doit rembourser la dette colossale du Trésor public auprès de la BCRG, c’est pourquoi il s’agrippe de toutes ses forces à la bouée de sauvetage que constituent les taxes sur le carburant. Nous sommes assommés de taxes en tout genres pour remplir les caisses vides de l’Etat. Le gouvernement fait supporter par les populations le lourd fardeau de sa mauvaise gestion et en même temps maintien coûte que coûte son train de vie et ses programmes de captation de nos deniers publics à travers des marchés publics d’infrastructures dont le pays a cruellement besoin.
C’est contre ces pratiques que l’opposition proteste et demande aux Guinéens de résister pour son pouvoir d’achat et d’exiger du gouvernement la transparence et la responsabilité dans la gestion de nos finances publiques. Il ne faut donc pas que les Guinéens succombent à la propagande du pouvoir et de ses affidés qui jettent l’anathème sur l’opposition, et l’échec de ses actions qui n’ont pour seul objectif que l’amélioration des conditions de vie de nos populations paupérisées.
Que ceux qui disent que l’opposition n’est pas dans son rôle, se détrompent, il est de son devoir de défendre les populations contre le matraquage fiscal du pouvoir, et de leur demander de résister face à cette injustice comme le conseille le célèbre économiste Adam Smith.
Ceci étant l’aspect politique, venons-en maintenant à l’impact économique de la crise.
Dès le début des négociations avec les syndicats, le gouvernement a pris pour ligne de défense l’idée que toute baisse du prix du carburant serait une catastrophe pour notre pays et entraîne la rupture du programme avec le FMI. Il n’en est rien.
Quant au FMI, il exige le remboursement de la dette du Trésor public auprès de la BCRG, au gouvernement de se débrouiller, pas forcément en nous écrasant d’impôts et taxes, parce qu’il a une autre alternative en faisant des économies sur ses dépenses pour résorber son endettement.
Je ne peux m’empêcher d’égratigner les équipes gouvernementales qui se sont succédées aux affaires depuis 2011 dans la mesure où l’objectif fixé par leur chef Alpha Condé est le changement de la gouvernance du pays. Alpha Condé avait annoncé les couleurs en affirmant qu’il a hérité d’un pays, mais pas d’un Etat. En toute logique, sa priorité devrait être de réformer l’Etat. Ce qu’il n’a pas fait depuis qu’il est au pouvoir.
Je vais emprunter à notre compatriote Alpha Oumar Telly Diallo AOT, son nouveau concept de “l’Anti-gouvernance” pour qualifier la gestion du pouvoir d’Etat par Alpha Condé. Il n’a pas mené les réformes structurelles indispensables pour transformer en profondeur notre économie pour créer de la richesse, créer des emplois et éradiquer la pauvreté.
C’est une politique de courte vue, preuve de la paresse intellectuelle des membres du gouvernement qui sont incapables de réfléchir et de proposer des solutions adaptées à l’état catastrophique de notre économie. Notre croissance était nulle en 2014 et négative en 2015, nous avons donc une économie sinistrée qui a vu beaucoup de ses entreprises faire faillite, le départ de filiales des multinationales grosses pourvoyeuses d’emplois, le chômage massif des jeunes.
C’est dans ce conteste de récession économique que le gouvernement hausse les taxes en ne faisant aucun effort d’économies sur ses dépenses au demeurant improductives qui ne sont en outre que des justificatifs commodes pour détourner les fonds publics.
Au lieu d’une relance, c’est l’asphyxie programmée des entreprises et des ménages qui ne bénéficient pas des financements bancaires nécessaires à leur développement car l’Etat finance ses déficits budgétaires par endettement bancaire. Les banques guinéennes préfèrent accorder leurs crédits à l’Etat qui sont plus sûrs et rémunérateurs plutôt que financer l’économie qui est leur métier traditionnel.
Manifestation à Bambeto
Manifestation à Bambeto
Le gouvernement a opté pour la solution de facilité en se contentant de nous pressurer avec les hausses des taxes douanières, de la TVA, les taxes sur le carburant et la rente minière. Pour financer son train de vie, il alourdit notre fardeau de dettes par ses emprunts à la BCRG et les banques de la place. Quid donc des réformes structurelles de l’économie, des politiques budgétaires et monétaires adaptées pour créer de la croissance.
Il oublie qu’en étouffant les contribuables d’impôts et taxes, il casse la croissance qui est nécessaire pour remplir effectivement ses caisses. Les entreprises n’investissent plus et les ménages consomment peu en raison de leur faible pouvoir d’achat, or l’investissement et la consommation sont les moteurs de la croissance.
Le prix du carburant élevé est un facteur de coût qui pèse lourdement sur l’ensemble de l’économie. Le transport est essentiel pour les échanges dans un pays et à l’échelle mondiale. C’est pas pour rien que tout au long de l’histoire, la réduction des coûts de transports a occupé une place primordiale dans les inventions, dans l’incorporation de technologies toujours plus performantes dans les moyens de transports que sont les véhicules, les avions et les bateaux en consommation de carburant notamment.
Le gouvernement guinéen n’a pas conscience que du fait du coût exorbitant des transports, que les Guinéens échangent moins les biens et services dans l’ensemble du territoire, que c’est un frein sérieux à l’activité économique. Nous avons un besoin énorme d’infrastructures routières et d’un système efficace de transports publics.
On ne calcule pas le coût de l’absentéisme des fonctionnaires, les difficultés de la mobilité dans nos villes et donc leur impact négatif sur l’économie. Depuis son arrivée au pouvoir, Alpha Condé a écrasé les acteurs économiques locaux d’impôts et taxes, comme il l’a annoncé dans sa campagne de 2010. Pour lui l’ennemi, ce sont les grands commerçants qui ne sont à ses yeux que des trafiquants qui ont bénéficié des largesses fiscaux de leur protecteur le général Lansana Conté.
Or, il oublie que ce dernier a eu plus de bon sens que lui, car en abaissant les taux d’imposition et les taxes, il a favorisé le développement du secteur des services notamment, ce qui ayant une part importante dans notre PIB, a permis la création de milliers d’emplois dans le pays et a favorisé l’émergence d’une nouvelle classe moyenne qui a suppléé l’absence de l’Etat dans le secteur des transports, des constructions d’écoles et de centres de santé.
Aujourd’hui, nous subissons les effets néfastes de sa politique qui a tué la croissance, découragé les acteurs économiques qui ont réduit leurs activités et d’autres ont transféré leurs affaires dans les pays voisins plus compétitifs sur le plan fiscal. Comme le dit l’adage “Trop d’impôts, tue l’impôt”.
Comment le gouvernement peut nous dire que baisser le prix du carburant sera une catastrophe pour notre économie. C’est vrai que la forte chute des cours du pétrole est un désastre pour les pays producteurs qui voient leurs recettes fondre, mais c’est une aubaine pour les pays importateurs de pétrole.
La croissance surprise de 1,2% de la France ne serait pas possible sans cette baisse des cours. La chute des cours de pétrole a entrainé une baisse des factures énergétiques et des transports pour les entreprises et les menages qui investissent plus et consomment plus pour booster l’économie.
C’est cette bouffée d’oxygène que nous prive le pouvoir guinéen qui n’a pour souci que de répondre aux ordres du FMI afin de pouvoir bénéficier encore des capitaux extérieurs qui serviront à enrichir les membres des clans dirigeants du pays.
Tous les gouvernements, mêmes africains, cherchent à faciliter les transports et diminuer leurs coûts, à doter leurs pays d’infrastructures performantes, sauf le gouvernement guinéen. La seule capitale africaine où les usagers s’entassent à six dans de vieux taxis, sans oublier les magbanas où ils se serrent comme dans des boites de sardines dans l’indifférence totale des dirigeants.
Ces taxis, magbanas et autres vieux camions tuent nos compatriotes sur nos routes dégradées (qui sont une des causes de l’insécurité routière) dans tout le pays.
Dans ces conditions, la question de la légitimité des impôts se pose en Guinée, dans la mesure où nous les payons sans bénéficier des services publics et autres prestations sociales que nous sommes en droit d’avoir dans les conditions normales.
Pour le carburant par exemple, le gouvernement prélève une taxe qui doit servir à l’entretien des routes. Dans la structure des prix des produits pétroliers du mois de février 2016, pour chaque litre vendu l’Etat prélève une redevance d’Entretien routier de 250 francs, ne sommes nous pas en droit de demander la destination de cette manne financière au vu de la forte dégradation de toutes nos routes?
Nous avons des tronçons entiers de nos routes nationales goudronnées à grands frais qui sont redevenus des routes carrossables comme ceux de Dabola-Kouroussa, Kankan-Kissidougou, bref partout dans le pays, y compris les pistes rurales. Aujourd’hui, elles sont l’objets de nouveaux contrats coûteux alors que leur entretien nous aurait évité d’alourdir notre endettement extérieur.
L’anti-gouvernance a un coût terrible pour nos finances publics. Nous prêchons dans le désert, parce qu’Alpha Conde est sourd à toutes les recommandations objectives et il est aveugle face aux réalités concrètes du pays. Seuls comptent ses intérêts politiques et financiers.
Nous proposons une réforme en profondeur de notre politique fiscale qui ne peut être viable sans la réforme de nos administrations financières en particulier pour les rendre plus modernes et efficaces et de toute l’administration publique en général. Il faut réduire drastiquement les taux d”imposition et les taxes, élargir l’assiette fiscale, supprimer les exonérations fiscales abusives et lutter énergiquement contre la fraude fiscale.
Ces réformes sont nécessaires pour rassurer les entreprises, leur donner une bonne visibilité fiscale et leur permettre d’investir et de créer des emplois dont nous avons besoin pour absorber l’immense réservoir de jeunes sur le marché du travail.
Cela passe aussi par une politique budgétaire rigoureuse, le bannissement des contrats publics de gré à gré qui ruine notre économie par l’éviction d’acteurs sérieux soucieux de remplir correctement leurs missions à moindre coût au profit des complices du pouvoir. Nous sommes un pays pauvre, nous n’avons pas le droit de nous offrir le luxe de vivre au-dessus de nos moyens.
Il faut obligatoirement supprimer la subvention de carburant accordée aux dirigeants du pays. Le montant de cette subvention non négligeable doit être affecter à des dépenses plus utiles à la collectivité.
Ce qui suppose aussi la vente aux enchères de toutes les grosses cylindrées dont raffolent les dirigeants guinéens à tous les niveaux. Il faut rationaliser la gestion du parc automobile de l’Etat et en réduire les bénéficiaires. Il y a des véhicules low cost de qualité qui sont adaptés à nos moyens limités. Hormis les salaires des fonctionnaires, toutes les autres dépenses de l’Etat sont l’objet d’un consensus des élites dirigeantes qui se partagent les fonds publics à tous les niveaux de l’administration.
Chaque année, les budgets sont votés par exemple pour diverses fournitures de biens et services dont on ne voit pas les traces, car nos administrations manquent de tout. Dans la loi de finance rectificative 2015, le budget du ministère de la Défense Nationale, Alpha Condé en était le ministre en titre, était de 1.739 milliards de francs, or la mission parlementaire qui a inspecté nos camps militaires de la capitale et des 4 régions militaires de l’intérieur, nous révèle la situation désastreuse des Armées qui travaillent dans des conditions pitoyables, sans équipements de qualité, ni entretien des troupes abandonnées à elles-mêmes.
Ce sont les militaires qui achètent leurs propres tenues et chaussures, les dispensaires militaires manquent de tout, pas de médicaments dans leurs pharmacies etc.
On peut se demander à quoi ont servi les 1.739 milliards de francs du budget de ce ministère? L’administration préfectorale de son côté est abandonnée à elle-même, les préfets et sous-préfets sont réduits à mendier ou se payer sur la bête, à vendre les domaines publics, à accorder illégalement des autorisations de couper des arbres à la tronçonneuse et des forêts classées.
Partout l’Etat est absent. Le moindre service de l’Etat est devenu une sorte de baronnie au compte d’un seigneur qui n’est soumis à aucun contrôle, nous assistons à une privatisation de l’Etat sans aucune contrepartie pour les populations qui paient et entretiennent les fonctionnaires et leurs dirigeants.
Qu’on nous montre un seul secteur public qui marche correctement au profit des usagers que nous sommes. Pas de sécurité, pas de justice, pas d’éducation et de santé, l’Etat guinéen ne remplit aucune de ses missions régaliennes.
Ce sont 25.000 milliards de francs qui ont été décaissés au compte des lois de finances de 2011 à 2015, pour les dépenses d’investissements publics, plus les montants des dépenses extrabudgétaires.
Nous avons de la peine de retrouver les traces de cette somme colossale d’autant plus que le pays manque cruellement d’infrastructures routières, scolaires, sanitaires et de fourniture d’eau et d’électricité. C’est la qualité de la gestion publique qui inspire confiance aux acteurs économiques et aux partenaires financier pour qu’ils investissent afin de remettre notre économie sur les rails.
C’est difficile à admettre pour certains de ses partisans (toutefois, beaucoup d’entre eux s’en ont rendu compte enfin), mais Alpha Condé n’a ni la volonté, ni les compétences pour bien diriger l’Etat. Il se contentera d’effets d’annonce, de propagande et couvrira tous les manquements à l’orthodoxie des finances publiques.
La preuve, il nomme un des responsables de la dérive financière de l’Etat en sa qualité de principal ordonnateur et garant des dépenses de l’Etat comme président de la Cour des Comptes. Selon l’article 116 de la Constitution, la Cour des Compte est chargée du contrôle à posteriori des finances publiques.
Elle statue sur les comptes publics, ceux des collectivités territoriales et locales, des établissements publics et parapublics et tous les organismes et institutions bénéficiant de concours financiers de l’Etat.
Elle connait également des comptes de campagnes électorales et de toute matière qui lui est attribuée par la loi.
La Cour des comptes est également chargée de contrôler les déclarations des biens telles que reçues par la Cour Constitutionnelle.
Elle élabore et adresse un rapport au Président de la République et à l’Assemblée Nationale.
En Guinée les textes sont faits pour mettre une sorte de vernie démocratique, de donner un semblant d’organisation étatique au pays, alors qu’en réalité tout est régenté par le chef de l’Etat qui viole impunément les lois et qui agit selon son bon plaisir. Il a un contrôle total sur le pays, y compris les médias qui sont les relais de sa propagande.
En tant qu’opposition, nous alertons l’opinion publique, mobilisons nos militants et le pays pour qu’ils résistent à cette dictature. Nos moyens d’actions sont strictement limités par la loi.
Il est fréquent d’entendre que l’opposition doit changer de stratégie, c’est devenu le refrain invoqué à toutes les occasions pour la discréditer et baliser le terrain à la dictature.
L’opposition a-t-elle failli à ses devoirs en se taisant sur les violations des lois? Non. N’a-t-elle pas demandé la mobilisation des citoyens contre la mal gouvernance politique et économique? Oui.
Par ses déclarations, ses interventions dans les médias et en dernier ressort les appels à des manifestations sur les places publiques conformément à l’article 10 de la Constitution, l’opposition a joué le rôle qui est le sien dans un pays démocratique. Mais le pouvoir a toujours répondu par une brutalité inouïe en tuant, blessant et emprisonnant des citoyens Guinéens qui n’ont fait que manifester contre sa politique.
Au lieu de se révolter, voire s’émouvoir contre les pratiques barbares d’un pouvoir criminel, des bonnes âmes s’en prennent aux leaders politiques accusés de conduire à la boucherie les enfants d’autrui. Dans tout pays démocratique, les grandes manifestations sont un moyen efficace de faire entendre raison aux dirigeants du pays, qui le plus souvent reculent face à cette forte volonté populaire.
Même Blaise Compaoré a préféré partir que de verser inutilement le sang des burkinabés mobilisés fortement contre sa volonté de modifier la Constitution pour se présenter à un troisième mandat. Nous avons organisé des manifestations plus puissantes en Guinée pour obliger Alpha Conde à respecter la Constitution en organisant dans la transparence les élections. Il a préféré quant à lui verser le sang des Guinéens que de céder aux revendications légitimes de l’opposition.
Que de massacres dans notre pays restés impunis. Mais les crimes commis par les dirigeants ne suscitent pas l’indignation générale de la population comme ailleurs, c’est la clef de leur maintien au pouvoir.
Au lieu de fustiger l’incapacité de l’opposition, il faut plutôt faire notre propre auto-critique et se rendre compte de notre aveuglement à soutenir contre vents et marées des dirigeants responsables de crimes barbares contre les filles et fils du pays en raison de notre appartenance ethnique et de nos intérêts personnels.
C’est ce sentiment d’être toujours soutenu qui pousse nos dirigeants à persister dans leurs errements, étant convaincu que la violence paie et que l’impunité leur est garantie.
Aujourd’hui, nous lançons un appel à des journées villes mortes qui sont des moyens de résistance citoyenne pour obtenir la baisse du prix du carburant qui est une bonne chose pour notre économie exsangue.
La baisse du prix du carburant soulagera le pouvoir d’achat de tous les Guinéens sans exclusive. Cette prise de position responsable nous vaut les critiques sarcastiques des thuriféraires du pouvoir, certains parlent “d’opposition morte” ou d’échec de l’opposition etc. Ce sont plutôt les Guinéens qui seront les grands perdants s’ils acceptent docilement le fait accompli du pouvoir insouciant qui les maintien dans la misère.
Mais malgré tout, nous n’abandonnerons pas le pays entre les mains de ce pouvoir anachronique, sectaire et incompétent, nous continuerons inlassablement à sensibiliser nos compatriotes à ne pas baisser les bras par dégoût et leur dire de ne pas céder au fatalisme qui veut que le pouvoir sorte toujours vainqueur, ce qu’il cherche toujours à nous faire croire par ailleurs, bien au contraire c’est la persévérance dans la lutte qui finira par payer et nous fera sortir de ce douloureux calvaire dans lequel nous vivons depuis l’indépendance de notre pays en 1958.
Maintenant, il nous faut explorer le volet judiciaire de cette affaire. En effet, c’est le point faible de l’opposition qui sous prétexte que la Justice est inféodée au pouvoir a fini par négliger le combat judiciaire.
Une attitude qui tranche avec notre expérience avec notre regretté professeur Alfa Ibrahim Sow qui avait ferraillé dure à deux reprises en justice avec le pouvoir et obtenu gain de cause, précisément en raison du soin minutieux qu’il prenait dans le traitement juridique des dossiers qui ne laissaient aucune faille pour le camp adverse.
Tout le monde nous disait d’abandonner et que nos démarches sont que sans issue parce que la justice est sous les ordres du pouvoir, mais nous n’avons pas abdiquer et nous avons fini par nous faire rétablir dans nos droits.
Certes, la Cour Constitutionnelle n’a pas osé prendre ses responsabilités lors de la dernière élection présidentielle, mais ne désespérons pas de nos juges, son président ayant eu le courage, ce qui n’est pas courant chez nous, de mettre en garde Alpha Conde contre les sirènes des révisions constitutionnelles.
Nous avons encore l’exemple du Président de la Cour Constitutionnelle de l’Afrique du Sud qui était pourtant considéré comme inféodé au président Jacob Zuma.
La Cour Constitutionnelle a reconnu jeudi 31 mars le président Jacob Zuma coupable d’avoir violé la Constitution dans l’affaire de la rénovation luxueuse de sa résidence privée à des millions de dollars á la charge du contribuable. Elle le contraint de rembourser sous quarante-cinq jours une partie des frais.
L’Alliance Démocratique, principal parti d’opposition en Afrique du Sud a lancé une procédure de destitution contre le président Zuma. Des voix s’élèvent même au sein de son parti contre les pratiques peu orthodoxes de Zuma qui jettent le discrédit sur le passé glorieux de l’ANC.
Nous devons donc saisir la Cour Constitutionnelle sur la question du maintien inchangé du prix du carburant malgré une baisse de 70% des cours du pétrole sur le marché international.
Le pouvoir a failli à son devoir constitutionnel de protéger les citoyens Guinéens contre tous les abus de position dominante. Les cours ne peuvent baisser à plus de 70% et que le gouvernement ne le répercute pas sur les consommateurs Guinéens. Nous savons tous que l’Etat doit exercer le contrôle des prix et veiller à ce que les acteurs économiques ne prennent pas des marges exorbitantes au détriment du consommateur.
En outre, le gouvernement n’a pas respecté le contrat de flexibilité automatique selon les fluctuations des cours du pétrole sur le marché international. Nous devons mettre au clair en justice les soupçons de détournement des deniers publics dans tous ces contrats de gré à gré et surtout pour les cas les plus graves que sont les décaissements de fonds publics pour des dépenses extrabudgétaires qui sont des violations flagrantes de nos lois de finances.
Nous avons l’exemple de la justice italienne et celle française qui ont fait le ménage au sein de leurs classes politiques dans les pratiques frauduleuses d’attribution des marchés publics. Il est temps que la justice guinéenne se mette à l’oeuvre et nous devons l’y encourager. C’est le cas dans certains pays africains.
Nous devons saisir la Cour Constitutionnelle sur la question de l’égalité de tous les citoyens devant l’effort national face à la grave crise économique qui nous frappe.
Il est anti-constitutionnelle que les dirigeants du pays s’octroient des avantages extraordinaires comme l’achat de grosses 4*4 de luxe, des tickets de carburant aux frais des contribuables alors que le reste de la population trime sans transports publics et des prix du carburant à la pompe hors de prix pour sa maigre bourse.
Nous protestons énergiquement que nos impôts servent à les entretenir grassement sans aucune contrepartie en terme de services publics de qualité pour nous. Nous devons rapidement réunir des avocats spécialistes des questions financières et du droit constitutionnel. Nous pouvons parallèlement si nous le jugeons utile, saisir la Cour de Justice de la CEDEAO.
Personnellement, je suis favorable à ce que l’opposition lance de nouveau son mot d’ordre de villes mortes pour deux jours la semaine prochaine et que parallèlement à l’action politique, de réunir nos avocats pour l’action judiciaire. C’est donner un signal clair à nos populations sceptiques que nous ne lâcherons rien et qu’il est hors de question que le pouvoir continue de piétiner nos lois, de nous appauvrir et de dilapider nos deniers publics impunément.
Il nous faut un sursaut national pour que tous ensemble nous mettions fin à l’anti-gouvernance dans notre pays.
PAR CONAKRYLEMAG.COM

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