Guinée Vincent Bolloré : Le « Smiling Killer »

« Complément d’enquête » diffuse un portrait de Vincent Bolloré, patron de Vivendi. Des scènes inédites pour un portrait édifiant.

Une scène raconte mieux qu’un long discours le système Bolloré. Le 26 septembre dernier, Vivendi (dont le conseil de surveillance est présidé par Vincent Bolloré) organise, à ses frais, un concert géant gratuit à Conakry, en Guinée. Qui surgit, pendant le concert, accueilli en héros ? Le président, Alpha Condé, en pleine campagne électorale pour sa réélection.

Le voilà qui monte sur scène et s’offre une ovation géante aux frais de son ami « Vincent ». « Ce n’était pas prévu mais… Je suis chez lui, il faut être poli »,bredouille l’émissaire de Bolloré sur place. « Merci à Alpha Condé d’avoir organisé ce spectacle, on n’a pas l’habitude des concerts gratuits », s’enthousiasme un spectateur, lui attribuant faussement la paternité de celui-ci.

Divertir le peuple pour aider à la réélection d’Alpha Condé et s’assurer ainsi de son soutien pour faire prospérer le business portuaire de son groupe à Conakry, voilà un exemple concret de la manière dont Vincent Bolloré fait fructifier le mariage entre ses différents intérêts. La fois précédente, c’est Havas – dont Bolloré est également actionnaire -qui était mise à contribution pour gérer la campagne d’Alpha Condé. Le journaliste Jean Bothorel était même réquisitionné (« Vincent m’ademandé… ») pour écrire un livre d’entretiens avec le candidat.

« Smiling Killer »

Depuis des mois, Vincent Bolloré, qui joue au chamboule-tout à Canal+ avec autant de détermination que de violence, occupe les chroniques médias. De lui, sa maîtresse d’école disait :

« Je me demande si le jeune Vincent ne veut pas prendre ma place. »

Pathologique. Le monde des affaires le surnomme « Smiling Killer », quand il vous dit « je vous aime beaucoup », c’est très dangereux. Mais ces dernières péripéties ne racontent qu’une partie du personnage. Pour dresser son portrait, « Complément d’enquête » a élargi la focale dans le temps en remontant à son sauvetage de la papeterie familiale, il y a trente-cinq ans. Et dans l’espace, en allant en Afrique, au cœur des plantations d’hévéas dans lesquelles Bolloré a des intérêts et où des gamins en tongs triment pour 1 euro par jour.

Le grand mérite du très édifiant film de Tristan Waleckx, c’est de mettre l’homme en son et en images. On le voit tout miel, accueillant Emmanuel Macron (après Manuel Valls et François Hollande) sur ses terres, dans l’usine familiale du Finistère où il honore, chaque 16 janvier, la mémoire de son grand-père ; prédateur lorsqu’il prend le pouvoir chez Havas, en 2005, à l’occasion de l’assemblée générale. Dans ce document inédit, l’instant où les dirigeants en place comprennent que c’en est fini pour eux, que Bolloré est désormais le maître des lieux après avoir fait basculer, à leur insu, un actionnaire dans son camp, est saisissant.


Un psychopathe dans une pension de famille

On l’observe aussi faussement compatissant lorsqu’une délégation de paysans camerounais lui remet, en mains propres, une demande d’amélioration des conditions de travail dans les plantations. Ou encore bête de scène dans des images volées pendant son allocution devant le personnel de Canal+, en décembre, à l’Olympia :

« Quand je lis les articles, j’ ai l’impression de me retrouver dans une série télé un peu moyenne, où il y a un psychopathe qui est arrivé dans une pension de famille.

Le psychopathe, c’est moi, la pension de famille, c’est vous. Et le psychopathe, sans savoir exactement pourquoi ou qui, tue régulièrement brutalement un certain nombre de gens. Et souvent les meilleurs. »

Mais le plus troublant reste à venir. Lorsqu’il convoque la dynastie Bolloré, l’héroïsme de ses ancêtres : « Le 6 juin 44, le général de Gaulle est prévenu à 1h du matin par Winston Churchill que le débarquement va avoir lieu. 177 Français. Premier commando de marine. Dans ces 177 Français, deux de ma famille. On s’est aussi battus pour la liberté. C’est pour ça que, de temps en temps, quand on m’explique que je viens faire de la censure et que je suis contre la liberté de la presse, j’aimerais rappeler mes faits d’armes ». « Mes » faits d’armes ?


Complément d’enquête. Bolloré, Assemblée Générale Havas

Jeudi 7 avril à 22h40, sur France 2. « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ». Enquête de Tristan Waleckx et Mathieu Rénier et Mikael Bozo. 2016.

PAR CONAKRYLEMAG.COM

Author Signature for Posts

Exprimez-vous ! Réagissez à cet article maintenant avec Facebook

conakrylemag

Information à la Une en Guinée : l'actualité et l'information en direct sur conakrylemag.com. Infos politiques, internationales, économiques, ... Exprimez-vous ! Réagissez à cet article maintenant avec Facebook ou via le bloc commentaire. N'oubliez pas de partager nos articles merci ! Signalez réagissez : Vous pouvez contacter l’équipe de journalistes qui travaille à conakrylemag.com pour lui soumettre un texte, témoigner de ce qui vous est arrivé, signaler une information, relever une erreur, réagir à une actualité… Contactez-nous +224620178930 en Guinée en France +33698485752

Articles similaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page
error: Le contenu est protégé !

Adblock détecté

Conakrylemag.com fonctionne grâce à la publicité. Veuillez désactiver AdBlock en navigant sur notre site. Merci pour votre soutien. Cliquez sur l'icône AdBlock, en haut à droite, et suivez les conseils ci-dessous.