Moussa Dadis Camara au Maroc : quand la Guinée exporte ses criminels présumés… en première classe

Moussa Dadis Camara au Maroc : quand la Guinée exporte ses criminels présumés… en première classe

C’est désormais officiel, Moussa Dadis Camara, ex-président de la junte militaire guinéenne, principal accusé dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, vient d’atterrir ce dimanche matin au Maroc, accompagné de trois personnes. Motif affiché : des raisons de santé. Mais derrière cette annonce anodine se cache un scandale bien plus profond : celui d’une justice guinéenne définitivement humiliée et d’un pouvoir politique qui offre à ses anciens tortionnaires des vacances dorées au soleil.

Justice à deux vitesses : Dadis Camara s’envole, les victimes attendent

Pendant que Dadis Camara profite des privilèges d’un voyage médical au Maroc, les victimes du massacre du 28 septembre, elles, continuent d’attendre désespérément justice, réparation, et reconnaissance. On les a fait espérer durant des années : procès spectacle, témoignages poignants, promesses de justice… pour finalement offrir à leur principal bourreau un billet d’avion en guise de récompense.

Cette situation révoltante confirme que, dans la Guinée actuelle, les droits de l’homme pèsent bien peu face aux privilèges accordés à ceux qui ont autrefois détenu le pouvoir par la force.

Un voyage qui interroge

Pourquoi Dadis Camara, principal accusé d’un massacre historique, bénéficie-t-il aujourd’hui d’un traitement aussi complaisant ? La réponse est simple : la justice guinéenne n’est indépendante qu’en façade. Derrière ce départ se dessinent des arrangements politiques, des pressions diplomatiques, et surtout, une volonté manifeste d’enterrer définitivement ce dossier judiciaire explosif.

Le Maroc devient ainsi le refuge confortable d’un homme accusé de crimes contre l’humanité. Une bien étrange hospitalité pour un pays censé promouvoir les valeurs démocratiques et les droits humains.

Dadis au Maroc, symbole d’une justice guinéenne humiliée

En laissant Dadis Camara quitter le territoire, le régime de Mamadi Doumbouya signe officiellement la défaite morale de sa propre justice. Après tant d’années de procédures, de mobilisations internationales, de discours solennels promettant une justice exemplaire, voici la réalité brute : les criminels présumés s’envolent librement, les victimes sont abandonnées, la vérité sacrifiée sur l’autel des calculs politiques et diplomatiques.

Ce voyage n’est pas une simple anecdote : c’est une humiliation pour la Guinée, un crachat lancé au visage de toutes les victimes du massacre, de leurs familles, mais aussi de tous ceux qui croyaient encore en une justice indépendante.

Un régime complice ?

En autorisant ce départ, le pouvoir actuel se rend implicitement complice d’une forme d’impunité organisée. Dadis Camara n’est pas n’importe quel accusé : il incarne à lui seul les dérives sanglantes d’une période sombre de l’histoire guinéenne. Le laisser partir au Maroc, c’est envoyer un message terrible aux Guinéens : la justice peut être contournée, manipulée, achetée.

Pire encore, c’est confirmer aux yeux du monde que la transition guinéenne est une mascarade, que la lutte contre l’impunité n’était qu’un slogan creux destiné à séduire la communauté internationale, sans réelle volonté politique derrière.

Des victimes abandonnées à leur sort

Pendant que Dadis Camara reçoit des soins dans un hôpital marocain de luxe, combien de victimes de ses crimes vivent encore dans la souffrance, sans soins, sans soutien psychologique, sans reconnaissance officielle de leurs traumatismes ? Cette injustice criante résume à elle seule la faillite morale d’un État incapable d’assumer ses responsabilités face à l’histoire.

Pour les victimes du massacre du 28 septembre, ce départ est une blessure supplémentaire, une humiliation publique, un crachat lancé au visage de leur douleur.

Quel message pour la Guinée ?

Ce départ de Dadis Camara symbolise plus largement le message envoyé par le régime actuel aux citoyens : les crimes d’hier peuvent être absous par les arrangements d’aujourd’hui. La justice est flexible, les procès négociables, les bourreaux recyclables.

Ainsi, la Guinée ne se débarrasse pas seulement d’un accusé gênant : elle se débarrasse surtout de l’espoir d’une justice véritable et d’une réconciliation nationale basée sur la vérité.

Aujourd’hui, Dadis Camara est arrivé au Maroc. Mais derrière ce voyage se joue le triste spectacle d’un pays où la justice reste otage des calculs politiques, où les victimes sont oubliées, et où l’impunité demeure la seule règle intangible.

Un voyage qui restera, pour toujours, une honte dans l’histoire judiciaire et politique de la Guinée.

PAR CONAKRYLEMAG.COM

— conakrylemag

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