. La commission électorale nationale indépendante a décidé de poursuivre son chantier mal entamé. En dépit de toutes les contestations. En dépit des menaces venant des partis d’opposition les plus représentatifs, la CENI travaille. Peut-être qu’elle n’a jamais décidé de poser son pied sur l’accélérateur que maintenant.
Alors aux législatives du 16 février prochain, le RPG arc en ciel sera face à ses alliés. Nous avons déjà connu une situation pareille, il y a 17 ans.
Le parti de l’unité et du progrès face à lui-même. C’était au compte de la présidentielle qui a donné pour la première fois un mandat de 7 ans au Général Lansana Conté. Beaucoup était content, parce que l’administration du territoire n’avait pas eu de la peine à compter les voix. Aucune contestation non plus. Mamadou Bhoye Barry a même été félicité et récompensé à travers un décret le propulsant à la tête de l’éducation nationale.
C’était l’opposant gentil. Comme les opposants plus opposés aux partis d’opposition en Guinée. Parce qu’ils veulent prendre la place des plus forts, des plus redoutables, des plus représentatifs. C’est d’ailleurs une très belle ambition. L’ambition de grandir au milieu d’acteurs aux mêmes objectifs. L’ambition de profiter de l’absence des grands pour grandir. Voilà. Si ça leur réussit, ils vont pour la première fois siéger au parlement et voter des lois. C’est pourquoi ils semblent se battre pour que les élections se tiennent rapidement, sans leurs adversaires dans l’opposition. Ce n’est par ailleurs pas la seule raison. Lorsqu’ils disent leur volonté de passer à une nouvelle législature, ils reprennent les avis de certains guinéens. Il faut leur reconnaître le droit d’exister et de participer à un processus, même s’il est récusé par une partie, fut-elle, la plus importante de la classe politique.
Le débat avec les si. Et c’est à juste raison. Parce que nous sommes entrain d’observer des actes de contestation dont on ne peut encore mesurer la capacité à empêcher la tenue des élections le 16 février prochain. Si donc les élections ont lieu. Le chef de file de l’opposition, devrait venir d’un des partis moins flamboyant. Le pays pourrait aussi être gouverné à la rwandaise. Du moins au seul point de vue strictement politique. Le parlement se met en place dans le consensus. Et la gestion du pays est faite avec les opposants dociles restés au pays. Les plus virulents ont soit été contraints à l’exil ou mis en prison. C’est vrai que la stratégie a produit ses résultats, mais la stratégie est elle-même née des cendres du génocide. C’est accepté même au-delà des frontières du pays.
La gouvernance par consensus a eu ses limites au Mali. L’entente entre les politiques au sud, oubliant le nord, a donné le temps et la force à l’Azawad de se constituer. C’est bien clair que la conduite des élections et la gestion des contentieux par consensus ont atteint leur limite aussi en Guinée. Parce que le consensus permanent a engendré des frustrations chez les partis moins représentatifs. Et rien ne dit encore que ce combat prendra fin si tôt.