En rejetant la demande de levée de l’immunité parlementsire d’un de leurs collègues à la demande des magistrats, les députés guinéens viennent de démontrer à la face du monde qu’ils tiennent, au moins dans certaines circonstances, à l’ilndépendance de leur institution et qu’ils n’acceptent pas de céder à la pression. Ils ont prouvé aussi qu’ils sont capables de faire preuve de solidarité lousq’un des leurs est en cause. Même s’il faut noter au passage qu’il s’agit d’une solidarité à géométrie variable dans la mesure où un autre deputé n’avait pas bénéficié de la même solidarité lorsqu’il s’est trouvé confronté à la Justice.
Cette décision du Législatif est un énorme camouflet pour le Judiciaire.
Mais au-delà, c’est une leçon magistrale pour la magistrature guinéenne. Les juges qui acceptent de se soumettre aux injonctions des politiques dans l’accomplissement de leur mission ont dû comprendre que si eux ils ne sont pas capables d’affirmer leur indépendance en tant que pouvoir constitutionnel, les autres pouvoirs ne tolèrent pas d’empiètements sur leurs domaines.
Des actes de tous les jours prouvent que les juges guinéens sont constamment soumis à des pressions de toutes natures et émanant généralement de certaines autorités administratives et politiques. Nombreux sont les juges qui n’ont jamais su se dégager de ces pressions surtout lorsqu’il s’agit d’affaires concernant l’État , des personnalités politiques ou des proches du pouvoir.
Mais avec cette affaire, il est quasiment certain qu’ils seront désormais très jaloux de leur indépendance.Ils ne devront plus hésiter à éconduire toute personne qui prétendrait leur transmettre les instructions d’une « Autorité » ou qui tenterait de leur dicter une conduite dans le traitement d’un dossier. C’est le minimum qu’on puisse attendre d’eux. En tout cas, c’est un espoir légitime de tous les justiciables car « l’indépendance de la justice n’est pas un privilège pour le juge mais une garantie de bonne justice ».