Le juriste, Youssouf Sylla, vient de verser par ce rapport juridique, une pièce dans la polémique qui enfle sur la loi de 2014 portant statut du chef de file de l’opposition et son texte d’application. En substance, il estime que cette loi ébranle deux piliers majeurs de l’édifice politique guinéen : le financement des partis et le pluralisme politique.
A son avis, le statut du chef de file de l’opposition vide de tout son sens la loi sur le financement des partis et risque de favoriser l’émergence d’une classe d’entrepreneurs politiques, affairistes, guidés par l’appât du gain. Il met en garde contre la financiarisation outrancière de la compétition politique avec le risque d’éviction des partis les moins nantis sur le champ de la compétition politique. Aussi, en érigeant le chef de file de l’opposition en porte-parole attitré de toute l’opposition, le rapport estime que la loi risque d’introduire en Guinée un bipartisme de fait et de réduire en cendres, la pluralité politique consacrée par la Constitution du 7 mai 2010 et obtenue de haute lutte.
Pour la viabilité à long terme de notre démocratie, mais aussi pour sa nécessaire moralisation, M. Sylla propose une révision de la loi portant statut du chef de file de l’opposition. Pour y parvenir, il commence par l’analyse comparée du statut du leader principal de l’opposition dans les systèmes politiques qui dominent le monde : le parlementarisme, le présidentialisme et le semi-présidentialisme. Ensuite, il prend position en faveur d’un greffage sans heurts du modèle britannique du chef de l’opposition dans le régime présidentiel guinéen en se prononçant en faveur d’une pluralité de chefs de file de l’opposition comme au Bénin.
Rapport statut chef de file
rapport sur le statut du chef de file de l'oppositionUne enquête réalisée par Youssouf Sylla, analyste-juriste, à Conakry