Tu es fatigué des réseaux sociaux, de factures à payer et du froid glacial de l’Occident, tu es fatigué d’être obligé de venir à l’heure au travail et à tes rendez-vous, tu es fatigué d’être rétribué au mérite et de vivre uniquement de ton salaire, tu avais un petit diplôme Guinéen avant ton départ et/ou tu as réussi à te faire un sur place, tu as le prix d’un billet d’avion aller simple sur Conakry, tu es prêt avec cravate au cou malgré la chaleur, à arpenter les couloirs des Ministères et du Palais, tu as appris les us et coutumes de l’administration publique guinéenne, tu as intégré le vocabulaire local;
mon grand, mon chef, mon directeur, honorable, excellence, tu connais l’alibi par cœur « apporter ma contribution au développement de mon pays, accompagner les efforts de monsieur le Président de la République », tu as tes papiers en règle au cas où; il ne te restera plus qu’à préparer ta valise pour rejoindre le bled; attendre la signature du décret de ton placement faisant de toi désormais, un bénéficiaire de la soupe populaire. Il semblerait que cette soupe est mieux que l’aide sociale ou les subsides européens.
Yettè Sow, depuis Switzerland.