Au commencement était l’initiative de moraliser la gestion de la commune urbaine. A l’arrivée, une réunion des conseillers communaux s’est terminée par un refus catégorique d’organiser des audits.
insi, le Rpg Arc-en-ciel Areçoit une plainte de quelques membres de la délégation commu- nale. Le 28 avril 2016 de 21h à 23h, se tient à la résidence du gouverneur le général Siba Sévérin Lohalamou (ancien ministre de la Justice sous le régime du capitaine Dadis) une réunion d’urgence convoquée à la demande du coordinateur préfectoral des opérations électorales, Sinè Magassouba. A la fin de la rencontre, le secré- taire général de la section du parti au pouvoir Amara Kandiani Coumbassa et le secrétaire administratif Sékou Damaro Condé expédient le 29 avril un « rapport sur la contra- diction entre les conseillers du Rpg Arc-en-ciel de la déléga- tion spéciale et le président Modibo Fofana » qui parvient à Sèkhoutouréya, la Présidence
de la République.
A Boké, l’opinion publique s’indigne d’une décision prise à l’unanimité et qui interdit aux
conseillers de démissionner ou de faire une « déclaration dans les journaux et sur les
antennes des radios privées ». Jusque-là rien n’ébranle le premier responsable de la délégation spéciale.
Mais le 1er août 2016, Modibo Fofana mentionne noir sur blanc que depuis l’installation de son équipe à la tête de la commune urbaine le 27 novembre 2015, « il y a des vices de forme dans la gestion des affaires ». Et « sollicite » auprès du préfet Mohamed Lamine Doumbouya, de bien vouloir diligenter « un audit » de la gestion dont il est le premier responsable.
Le 11 octobre 2016, des inspecteurs débarquent de Conakry… et pointent leur nez
avec un ordre de mission signé du préfet de Boké. Ils passent au scanner la gestion et détectent un manque de 217 millions de FG, 112 kiosques vendus à raison de 5 millions de FG l’unité et un chèque de 90 millions 800 mille FG.
Boké s’interroge sur la respon- sabilité de ce gros trou. Les enquêtes révèlent également que le cachet ainsi que la signature ont été imités. Le 13 octobre, une plainte est déposée contre le receveur communal mis à l’index. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Massa Touré disparaît des radars.
Il est introuvable même à Conakry. De sources familiales indiquent qu’il a quitté le pays pour le Sénégal.
Les populations suivent l’évé- nement au quotidien. Le mar- ché central grouille de monde tous les jours, et l’affaire est au centre des préoccupations. Elle alimente les échanges télépho- niques entre bokéens de l’intérieur et de l’extérieur.
« Massa a bénéficié de hautes complicités pour franchir les frontières en un laps de temps », conclut pour sa part un observateur.
Mais de mémoire de contribu- ables locaux, c’est la première fois qu’une affaire de telle ampleur est révélée par un responsable communal, en l’occurrence Modibo Fofana. L’homme qui avait été accusé d’être à la base de la malver- sation, est maintenant en regain de popularité.
Il se forme autour de lui un club des mains-propres dont les membres sont décidés de dénicher le fugitif et de démas- quer ses éventuels complices. Va-t-on assister dans les prochains jours à une chasse aux sorcières dans la capitale du Kakandé ?
Ici, pas d’amalgame : Un sikötè (bouc) ne sera jamais mis à la place d’un khälmä (hyène).
Par Diallo Alpha