Les distributeurs ne représentent plus que la moitié des revenus des constructeurs. Ceux-ci se dotent de nouveaux services.
Les fabricants de distributeurs automatiques de billets (DAB) ont commencé depuis quelques années déjà à faire évoluer leur modèle économique pour s’adapter aux exigences des banques.
Les revenus que Diebold ou encore Wincor Nixdorf, deux des trois principaux acteurs du secteur en France avec NCR, tirent de la vente de machines ne représentent ainsi que la moitié environ de leur chiffre d’affaires. Et cette proportion est amenée à se réduire sensiblement dans les prochaines années au profit de la fourniture de nouveaux services.
Des distributeurs qui recyclent
Pour l’heure, les DAB restent une source importante de revenus car les banques françaises gardent un intérêt à maintenir un parc important.
Dans un pays touristique comme la France, « les retraits d’argent à l’extérieur de l’agence restent stratégiques pour capter des retraits de porteurs de cartes étrangères, car la commission prélevée est plus importante que pour les cartes domestiques », précise Xavier Bianne, vice-président et directeur général de Diebold pour la France, la Belgique et le Luxembourg.
Les constructeurs ont toutefois développé des machines capables de recycler les dépôts de commerçants en argent directement distribué aux particuliers afin de limiter le coût de gestion du cash. Celui-ci représente en effet 20 % des frais liés à la gestion d’un DAB.
Ce nouveau type de machine représente 40 % des ventes de Diebold. Cette sophistication, associée à de nouveaux dispositifs de sécurité (voir ci-contre), a permis de maintenir le parc de quelque 60.000 DAB en France.
Un des points de contact entre la banque et le client
Mais l’avenir des constructeurs réside dans le développement de nouveaux services susceptibles à la fois d’optimiser la gestion globale des parcs de distributeurs des banques, quelle qu’en soit la marque, et d’accompagner la transformation digitale des banques.
« L’agence bancaire et le distributeur automatique de billets ne fonctionnent plus en silo, ce dernier reprend toute sa place au cœur de la stratégie multicanale de la banque et du parcours client », souligne Steve Bousabata, « general manager banking » France de Wincor Nixdorf. De fait, près d’un tiers du chiffre d’affaires des banques transite par les distributeurs de billets et ils constituent l’un des points de contact les plus récurrents entre les banques et leurs clients.
Des distributeurs à la place du conseiller ?
Dans son laboratoire installé dans la banlieue de Bruxelles, à Erpe-Mere, Diebold accueille ainsi les directions des établissements bancaires pour imaginer des services permettant de libérer les conseillers de tâches sans valeur ajoutée tout en augmentant les interactions du client avec sa banque. Distribution de cartes, vidéoconférence avec un conseiller spécialisé ou ouverture d’un compte : les distributeurs de demain seront des machines sans cash ou bien le retrait d’argent n’en sera qu’une option.
« De l’infogérance à la sécurité, en passant par le logiciel, on observe une consolidation verticale des différents acteurs qui interviennent sur les automates », précise Xavier Bianne dont le groupe a procédé en mars à l’acquisition de Phoenix Interactive, un éditeur de logiciels pour DAB. Chez Wincor Nixdorf, Steve Bousabata confirme, soulignant, malgré les rumeurs de rachat, la volonté du groupe de rester indépendant.
Trois tendances de fondDes distributeurs plus sécurisés
Le « skimming », qui consiste à introduire dans le distributeur de billets un équipement capable de copier les données contenues sur la piste magnétique de la carte bancaire, représente la fraude la plus répandue et cause au niveau mondial des pertes estimées à plus de 1 milliard d’euros.
Pour y parer, Diebold a développé un système de lecture de la carte bancaire dans le sens de la largeur. Opérationnel en Suisse, en Afrique et en Russie, ce système devrait être déployé en 2016 en France dans les automates de plusieurs grandes banques.
Les automates s’adaptent aux nouveaux usages
Les constructeurs développent des solutions logicielles permettant de retirer de l’argent au distributeur sans avoir à sortir sa carte. Dans son application bancaire, une fois authentifié par un code, le client sélectionne la fonction de retrait et choisit un montant.
Son téléphone génère alors un code-barres 2D (QR Code), qui, une fois scanné par le lecteur dédié de l’automate, déclenche la distribution de billets. Un concept similaire permet d’envoyer de l’argent à un proche. Wincor Nixdorf teste la première solution dans 3 banques françaises pour un déploiement en 2016.
Quand l’automate se transforme en minibanque
Les constructeurs de distributeurs se positionnent comme partenaires des banques pour les accompagner dans leur transformation digitale. Diebold a ainsi développé, pour la banque islamique Al Rajhi Bank, un automate multitâche permettant tout à la fois d’ouvrir un compte, d’éditer une nouvelle carte bancaire ou même un chéquier, ou, encore, de dialoguer avec un conseiller spécialisé par vidéoconférence. Déployé dans des zones rurales reculées en Arabie saoudite, ce kiosque intéresserait aussi des banques mutualistes en France.
Ninon Renaud / Chef de service Finance
lesechos.fr
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