Embalo-Guinée ? Vous avez dit diplomatie ?
La communication est une arme à manier avec beaucoup de précautions. C’est un outil commode, mais ça peut vous exploser en plein visage à tout moment.
Un penseur a dit que « la diplomatie, c’est le sourire devant, pendant que la main cherche la grosse pierre derrière. »
Si par la grâce de Dieu vous devenez responsable, ne serait-ce que d’une petite communauté, vous allez vite apprendre qu’il faut adapter son vocabulaire. Ce sont les esprits tordus des hommes qui ont bâti des sociétés alambiquées.
Une expérience simple que tous peuvent vivre. Si vous suivez une discussion sous le hangar du chef au village, vous avez l’impression que les mots eux-mêmes font exprès de changer leur signification. Les vieillards poussiéreux qui discutent semblent jouer avec vos nerfs. Mais vous devez accepter qu’un responsable ne peut parler à tort et à travers. Il ne peut pas non plus énoncer les choses directement. Beaucoup de choses dépendent de son intelligence de la parole.
Parfois, vous vous dites que vous êtes un sombre imbecile qui ne comprend rien à rien. C’est parce qu’un chef ne peut s’autoriser à parler comme vous et moi. Un responsable pense sur le long terme. Et il s’agit souvent de ne pas aggraver des déchirures.
Par exemple, un chef ne peut pas dire qu’un chef de clan est un idiot. C’est pourquoi vous verrez un vieillard dire d’un autre vieillard qu’il est jeune. De même, on ne peut pas dire une femme facile. On dit qu’elle connaît la natte. Quand à l’homme de mauvaise vie, on dit qu’il ne sait pas rester tranquille.
On peut poursuivre plus loin la réflexion. Mais, avec votre permission, je choisis d’en rester là, le temps de me faire charcuter la main à la recherche d’une veine apparente.
Abdoulaye Sankara Abou Maco journaliste écrivain
