Même si le débat sur un projet de modification ou de changement de Constitution a tendance à devenir lassant aux yeux de certains, il va falloir s’y habituer. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les Guinéens connaissent un débat aussi houleux sur des questions d’ordre juridique ou politique. Et ce n’est pas propre à la Guinée.
D’autres pays africains comme le Sénégal ou le Bénin connaissent souvent des débats tout aussi passionnants et même passionnés quelquefois sur certaines questions très sensibles et d’intérêt national.
Par exemple, au Sénégal, lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, le candidat Macky Sall avait promis de réduire la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans s’il était élu. Il s’était engagé surtout à appliquer cette réduction à son propre mandat. Lorsqu’il a été élu, l’on s’attendait logiquement à ce qu’il réalise le second volet de cette promesse électorale. Mais il s’est résolu à demander l’avis du Conseil constitutionnel sur la question de savoir s’il pouvait oui ou non appliquer lui-même la réduction de la durée de son mandat. Cette démarche a suscité une vive controverse au sein de la classe politique et de la communauté des juristes parmi lesquels des agrégés de droit dont tous n’étaient pas des « constitutionnalistes ».
Récemment encore, en 2018, lorsqu’il a été introduit dans la loi électorale sénégalaise le système de parrainage citoyen comme un des critères de validation des candidatures à la présidence de la République, il y a eu des polémiques.
Au Bénin, la volonté du Président Patrice Talon de porter la durée du mandat présidentiel à 7 ans non renouvelables a été diversement appréciée et a entraîné des prises de positions très contradictoires.
C’est dire le débat d’idées est inévitable dans un système démocratique et doit être encouragée car il permet d’éclairer davantage les citoyens sur les grandes questions concernant la vie de la nation. Il faut simplement souhaiter que le débat ne contribue pas à fragiliser le tissu social. Il faut qu’il s’agisse d’une véritable confrontation d’idées et non d’un affrontement physique ou verbal. C’est de cette manière que notre démocratie gagnerait en maturité.