Le sous préfet de Gagnakaly dans la préfecture de Dinguiraye, Pépé Gbamou plusieurs fois sous préfet depuis 1990 a profité de notre séjour dans cette sous préfecture pour faire l’état des lieux de cette localité. Voici l’entretien qu’il nous a accordé dans son bureau.
Aminata.com : Bonjour monsieur, présentez-vous à nos aimables lecteurs.
Pépé Gbamou : Bonjour. Je réponds au nom de Pépé Mbamou, je suis administrateur civil, sous préfet de Gagnakaly depuis avril 2013.
Présentez nous cette sous préfecture ?
La sous préfecture de Gagnakaly est l’une des sous préfectures les plus enclavées du pays, située à 55 Km du chef lieu de la préfecture de Dinguiraye. Parmi les districts les plus proches de la sous préfecture, on cite Gagnakaly centre, Bagui et Herako, ainsi que Beléya et Keyla situés sur la rive droite du fleuve Bafing. il ya d’autres districts situés le long de la frontière avec le Mali.
J’ai eu une fois à traverser le fleuve Bafing pour aller jusqu’à Djirlandé toute proche de la frontière du Mali séparé à 150 Km de Gagnakaly centre. Une localité qui n’a pas d’eau potable, ni de forage, ni d’écoles.
C’est pour vous dire que cette sous préfecture est réellement enclavée dans tous les sens. Il n’ya pas de réseau téléphonique, les ondes de la radio nationale ne sont pas captées.
Il n’y a t-il pas de projets pour cette sous préfecture qui aussi vaste ?
Il y’en a eu des projets en cette année 2013, des projets qui seront réalisés par l’ONG Plan Guinée notamment à Nouhouya où est prévue la construction d’une école primaire et le logement des enseignants ; à Djirlandé, la construction d’une école primaire.
Je voudrais vous dire aussi qu’à Missira Djallonké, il ya un poste de santé qui a été construit par une ONG depuis longtemps où, un agent de santé est affecté en qualité de chef de poste, mais c’est l’une des zone les plus enclavées. Les habitants de cette localité peuvent rester pendant longtemps sans entendre le bruit d’un véhicules. Les véhicules qui y arrivent et seulement pendant la saison sèche viennent généralement de la Moyenne Guinée surtout de Tougué.
Quelles sont les perspectives de votre équipe quant au désenclavement rapide de Gagnakaly ?
Pour le désenclavement de Gagnakaly, nous sommes entrain de tous mettre en œuvre afin que l’atmosphère puisse changer.
D’abord, j’ai commencé mes démarches en écrivant une demande à la Direction Générale du réseau téléphonique de Orange Guinée afin d’installer une antenne dans la zone de Gagnakaly. Cette direction a favorablement répondu à cette demande. Elle a même dépêché une équipe pour trouver le site, car le contrat est déjà signé. Donc, elle a promis qu’à partir du mois de novembre prochain l’antenne sera installée. Mais pour le moment, nous recevons le réseau perdu de cette société à partir de leur antenne de Diatiféré.
Votre constat par rapport aux sous préfets qui vous ont précédés ?
Ici à Gagnakaly, vous ne pouvez pas imaginer que c’est une sous préfecture qui a été créée en 1960. Pas d’équipements au niveau de la résidence de M. le sous préfet. À Gagnakaly centre, il manque de logements, les fonctionnaires n’ont pas où loger. Il n’ya pas de centre d’accueil, ni de lieux de loisirs. Donc, les fonctionnaires qui y vivent sont très courageux. Parce que ceux là qui viennent très mal intentionnés n’ont jamais pris le temps de faire 2 ou 3 mois à Gagnakaly. Ils viennent, ils retournent, ils demandent à être affectés ailleurs.
J’ai constaté qu’il ya des services qui ne sont pas représentés dans cette sous préfecture, notamment l’agriculture et l’élevage. C’est pour cette raison que dès mon arrivée j’ai tout mis en œuvre pour qu’on puisse nous envoyer un chef de poste d’élevage, parce que Gagnakaly est non seulement une zone agricole mais aussi d’élevage.
Quel est votre constat par rapport à l’accueil que réservent les habitants de Gagnakaly aux fonctionnaires qui y sont affectés ?
L’accueil des fonctionnaires n’est pas comme ça se doit surtout au centre comparativement aux autres districts que j’ai eu à visiter ; il ya une très grande différence. Certainement, c’est l’une des causes du retard de Gagnakaly.
Comme vous avez acceptez de rester ici à Gagnakaly, quelle sera votre mission ?
Ma mission ici à Gagnakaly c’est d’appuyer la commune rurale dans son plan de développement dans tous les domaines de la vie de la population à Gagnakaly. Je peux dire que mon appui est entrain de se faire ressentir maintenant là, à travers un programme que j’ai lancé qui est l’ameublement de la résidence et le bureau du sous préfet qui laissait à désirer où, il n’y avait même pas où s’assoir.
Quels sont les besoins d’urgences de votre sous-préfecture ?
La première difficulté est l’état de la route qui fait que beaucoup de projets destinés à Gagnakaly sont détournés pour d’autres où l’accès est facile à cause de l’état de cette route qui est beaucoup accidentée et on traverse une grande montagne. Ceux-là qui viennent à Gagnakaly dans le cadre d’une assistance humanitaire, dès qu’ils font un voyage, ils sont découragés. Donc, il faudrait que cette partie puisse être appuyée par l’Etat.
La deuxième difficulté, c’est le problème d’eau, nous n’avons pas d’eau potable. Ensuite, Gagnakaly qui est une très grande sous préfecture n’a pas de collèges, elle n’a qu’un seul poste de santé situé à près de 80 Km du centre. Plus de 85% de la population est analphabète, qui fait que Gagnakaly est en manque de cadres. Au chef lieu de la sous préfecture, il n’ya que trois salles de classes fonctionnelles, les écoles primaires ne sont pas de taille.
Le PACV a construit l’année dernière un joli bâtiment de trois classes dont la remise à été faite en septembre dernier. Le joli bijou est là, mais il n’ya pas d’élèves.
Quels sont vos perspectives pour l’année 2014 ?
Dans la mesure où toutes les difficultés ont été évoquées lors d’une réunion que j’ai tenue avec tous les élus locaux et remontées à l’autorité préfectorale.
A notre niveau, nous avons entrepris des initiatives internes avec la population notamment, les jeunes pour la construction de certaines infrastructures de base pour que cette sous préfecture sorte de cette situation qu’elle vit depuis très longtemps. C’est pourquoi, nous demandons à ce que l’Etat nous vienne en aide pour la multiplication des postes de santé; l’implantation des forages dans tous les districts ; la construction des écoles dans les districts et secteurs de Gagnakaly.
Je profite également de votre micro pour demander à la commune de redoubler d’effort, parce que le développement d’une localité commence réellement par les vraies difficultés de la population. Elle fournie des efforts, mais ces efforts là ne se sont pas encore ressentis sur le terrain pour le moment. Et à l’Etat de prendre Gagnakaly en charge comme toutes les sous préfectures de la Guinée.
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour Aminata.com
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