
Guinée : Brouillage des Ondes et Censure Numérique, le Régime en Question
Dans un climat politique déjà tendu, la Guinée fait face à une nouvelle controverse qui soulève des inquiétudes quant à la liberté d’expression dans le pays. Depuis plus d’une semaine, un phénomène troublant se produit : les ondes de plusieurs radios indépendantes sont mystérieusement brouillées, et l’accès aux réseaux sociaux est restreint. Cette situation, loin d’être anodine, a provoqué une vague de réactions à travers le pays et au-delà de ses frontières.
Le jeudi dernier, le ministre des postes et télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, a pris la parole sur ces sujets. Cependant, au lieu de fournir des explications sur ces restrictions alarmantes, il a choisi de critiquer la presse. Cette attitude détourne l’attention des véritables enjeux : pourquoi ces mesures ont-elles été prises et quelles sont leurs implications pour la liberté d’expression en Guinée ?
Le président de la Haute Autorité de la Communication (HAC), Boubacar Yacine Diallo, a annoncé son intention de saisir les services compétents pour enquêter sur le brouillage des ondes. Malgré cela, il semble que les résultats de l’enquête menée par l’ARPT (Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications) et la réponse du ministre des postes et télécommunications se font attendre.
Il est à noter que le 29 novembre, le ministre Ousmane Gaoual Diallo avait déjà été informé de la situation par courrier, selon le président de la HAC. Cette information soulève une question cruciale : pourquoi, le 30 novembre, le ministre a-t-il choisi de réprimander la presse alors qu’il était déjà au courant des faits ?
Dans ce contexte de confusion et d’incertitude, une rencontre décisive est prévue le lundi 4 décembre 2023 à la maison de la presse à Conakry. L’objectif de cette réunion est clair : les organisations de presse doivent décider de la position à adopter face à ce qui semble être une tentative de musellement de la presse.
La situation actuelle en Guinée soulève des questions fondamentales sur la liberté d’expression et le rôle du gouvernement dans la protection de ce droit essentiel. Est-il acceptable qu’en 2023, un gouvernement puisse encore brouiller les ondes de radios indépendantes et restreindre l’accès aux réseaux sociaux sans fournir d’explications claires et transparentes ? Cette situation est-elle le symptôme d’un régime qui cherche à contrôler l’information et à réprimer les voix dissidentes ?
Il est impératif que la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les citoyens guinéens eux-mêmes restent vigilants face à ces développements. La liberté d’expression est un pilier de toute démocratie saine, et toute tentative de la restreindre doit être scrutée avec la plus grande attention.
En tant que journalistes, observateurs et citoyens, nous devons nous demander : quelles seront les implications de cette réunion du 4 décembre pour l’avenir de la liberté de presse en Guinée ? Et plus largement, quelles leçons pouvons-nous tirer de cette situation pour la protection des libertés fondamentales dans un contexte politique de plus en plus complexe et imprévisible ?
La réponse à ces questions déterminera non seulement l’avenir de la presse en Guinée, mais aussi la trajectoire du pays vers un avenir où la liberté d’expression est respectée et protégée.
Oumar Sylla pour conakrylemag.com
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