A LA UNELibre opinion

Je suis tenté de parodier le défunt journaliste malgache : « Guinée : Etat Néant ».

La désastreuse idéologie de Sékou Touré a fait du Guinéen une espèce humaine à part avec sa mentalité à lui et son système administratif à lui.

 

« Tchad : Etat Néant », titrait Sennen Andriamirado sur la couverture de Jeune Afrique au milieu des années 80. Je suis tenté de parodier le défunt journaliste malgache : « Guinée : Etat Néant ». Tout me pousse à le croire, tout m’invite à l’écrire, tout m’autorise à le crier. La vacuité sidérale de l’Etat guinéen au double plan institutionnel et humain mérite qu’on s’en inquiète. D’autant que cette tare de notre vie nationale est aussi vieille que l’Indépendance. Les Etats africains (la Guinée est pionnière en la matière) ont dès le début donné la primauté de l’individu sur les textes, du parti sur l’Etat, du clan sur la nation. Cela donne cet immense foutoir, ce misérable système qui tourne à vide sur la base du court terme et de l’improvisation avec un seul et unique objectif : tout pour le chef.

 

 Notre pays est le premier -en Afrique, en tout cas !- à instaurer cette monstrueuse notion de « Parti-Etat », ce gouffre institutionnel dont nous ne nous dépêtrons peut-être jamais. La désastreuse idéologie de Sékou Touré a fait du Guinéen une espèce humaine à part avec sa mentalité à lui et son système administratif à lui. De 1958 à nos jours, nous vivons dans un monde inverse où le boniment est devenu le vrai ; le tordu, le droit et l’anomalie, la norme. Les Guinéens se sont tellement habitués à ce cauchemar-là qu’ils ne peuvent même pas imaginer une autre manière de vivre.

 

L’Etat chez nous n’est qu’un simple décorum dédié à la cour du chef, à ses valets et à ses intrigues. Il n’est pas exagéré de dire que la Guinée n’a toujours pas eu de chef d’Etat au sens véritable du mot. Des chefs de parti oui, des chefs de clan oui, des chefs de gang aussi, peut-être. Mais de chefs d’Etat jamais ! Deux ou trois anecdotes survenues récemment l’attestent, à coup sûr.

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D’abord, cette pitoyable affaire survenue à Siguiri (ou peut-être à Mandiana) où des donzos se sont attaqués à des gendarmes causant sinon des morts du moins quelques blessés. Des donzos tirant sur des gendarmes ! Question : quelle est la place des donzos dans notre édifice institutionnel ? Quel est le seul article de loi leur déférant une quelconque autorité publique ? C’est grave ! Alpha Condé, dans son appétit irrationnel du pouvoir a érigé ces paisibles chasseurs traditionnels en milice ethnique devenue aujourd’hui puissante et absolument incontrôlable. On les a d’ailleurs vus à Kounsitel, criant haut et fort qu’ils étaient là pour appliquer la loi.

 

Ensuite, le décès de la fille du Premier ministre. Alpha Condé (au nom de quoi, bon dieu ?) s’est fendu d’une déclaration publique présentant ses condoléances et celles de l’ensemble du gouvernement au père de la défunte. Quel manque de sérieux !!! La mort d’un être humain est toujours dramatique mais bougre, il s’agit là d’une affaire privée qui ne regarde en rien l’Etat guinéen. Si Alpha Condé était un président normal, il se serait contenté d’adresser un message privé à Kassory. Il n’a en la circonstance le droit d’utiliser ni le papier à-en-tête ni les tampons ni les moyens médiatiques de la République.

 

Enfin, j’apprends que notre président-professeur vient de renforcer le pouvoir de son clan en nommant un Premier ministre par intérim et ce, depuis l’étranger où il séjourne en ce moment. Le juriste Alpha Condé sait- il que tous ses actes de souveraineté doivent être obligatoirement signés sur le territoire national ? A-t-il pris soin (à l’instar de Gbagbo lors des négociations de Marcoussis) de se rendre à l’Ambassade de Guinée avant de pondre son décret ?

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Où êtes-vous, magistrats de Guinée ? Vous arrêtez Légah Bah, vous lancez un mandat d’arrêt international contre Sékou Koundouno. Vous continuez à persécuter Etienne Soropogui, Abdoulaye Bah, Foninké Mengué et les autres. Et vous ne faites rien contre Alpha Condé qui passe pourtant son temps à enfreindre la loi et à violer les procédures.

 

Tierno Monénembo

 

 

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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