La manipulation de la transition en Guinée : Quand la Constitution devient un prétexte pour museler le peuple
La Guinée, en quête d’un avenir plus démocratique, semble être piégée dans une boucle de manipulations politiques qui cachent mal les ambitions de pouvoir du régime actuel. Alors que l’on annonce la vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle Constitution et ses 205 articles, les autorités de la transition, notamment par l’intermédiaire du Conseil National de la Transition (CNT), poursuivent leurs stratégies d’endoctrinement à travers tout le pays.
Des conseillers nationaux et des membres de l’administration parlementaire sont envoyés à travers les différentes régions pour « expliquer » ce projet, sous couvert de pédagogie démocratique. Mais à y regarder de plus près, tout cela semble n’être qu’une opération de communication à grande échelle pour imposer une nouvelle Constitution qui pourrait servir d’outil de légitimation pour le pouvoir en place. Derrière la présentation de ce projet constitutionnel comme une avancée pour le pays, se cache une manœuvre de contrôle, voire de manipulation. Ces déplacements, qui se font au détriment des commerçants et des élèves, révèlent bien plus qu’une simple opération de sensibilisation. Ils sont une démonstration de la manière dont le régime de Mamadi Doumbouya cherche à imposer sa volonté à travers des moyens autoritaires et coercitifs.
Le président du CNT, Dansa Kourouma, serait attendu ce samedi à N’Zérékoré, avec une réception programmée à la place des Martyrs, un lieu symbolique. Cependant, la réalité du terrain est bien plus sombre. Les commerçants, déjà confrontés à une crise économique inédite, se voient contraints de fermer leurs échoppes, leur droit à la liberté de travail étant sacrifié sur l’autel de la « vulgarisation » constitutionnelle. Pire encore, les élèves sont privés de cours, car les autorités scolaires exigent la présence obligatoire des enseignants à ces rassemblements, au lieu de permettre aux jeunes de poursuivre leur apprentissage.
Et après cela, on s’étonne des résultats scolaires catastrophiques ? L’incompétence du système éducatif et l’absence de conditions propices à l’étude ne peuvent être dissimulées derrière des événements politiques organisés de manière autoritaire. Privés de l’essentiel – leur éducation et leurs moyens de subsistance – les citoyens guinéens sont une fois de plus pris en otage par un pouvoir militaire qui préfère imposer des discours et des rassemblements plutôt que de s’attaquer aux véritables problèmes structurels du pays.
Le discours sur la réforme constitutionnelle est, pour le moment, une façade. Le véritable enjeu de cette transition semble être davantage la consolidation du pouvoir militaire, et non la promesse de réformes démocratiques effectives. Le peuple guinéen, fatigué de ces manipulations et de ces faux-semblants, mérite une vraie démocratisation du processus politique, et non des décisions imposées dans le silence et la contrainte. Il est grand temps que la Guinée passe des promesses à l’action, mais aussi que l’on respecte les droits fondamentaux des citoyens à travailler, à apprendre et à vivre librement.
— conakrylemag
