»Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait , il faut avoir le courage de le dire. Quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire »
Georges Clémenceau
Michel Djotodia s’en est allé un peu comme il était arrivé : dans la précipitation et avec un arrière-goût d’inachevé dans la chronique des grandes impostures de l’histoire et de cette prétention toujours haïssable à vouloir faire passer son destin personnel avant celui des peuples.
Face à l’effondrement de l’Etat centrafricain et du pays et l’aveu d’impuissance de Djotodia à rétablir l’ordre et la cohésion sociale , mais aussi à assurer la sécurité des biens et des personnes, il y a eu une grogne populaire et une forte résistance du »camp des vaincus » en apparence : la guerre larvée sur fond de crise politique, humanitaire et sécuritaire qui s’en est suivie a forcé le seigneur de guerre à la capitulation.
Une leçon venue de Centrafrique pour une Guinée dont les chefs se croient toujours invulnérables et au-dessus de leur peuple pour s’autoriser à faire n’importe quoi. Hors du temps et de la réalité ,illuminés qu’ils sont par le » désir d’éternité » , ces autres » seigneurs » d’une démocratie qui leur sert d’alibi en tout et pour tout n’envisagent jamais de perdre le pouvoir.
Or, la détermination des peuples,avec ou sans les mains nues, arrive toujours à bout du régime qui semble le mieux implanté et des tyrans les plus farouches et obstinés.
Une primauté et une suprématie des peuples que les élites surtout lorsqu’elles parviennent au pouvoir ne comprennent pas et respectent encore moins avant de subir un réveil brutal et souvent fatal.
Alpha Condé aussi a divisé la société guinéenne, a banalisé l’Etat et les institutions, se révèle incapable de diriger la Guinée dans la paix et la sécurité pour chacun et tous dans le respect de la concorde nationale: sera-t-il comme Djotodia coupable des mêmes » crimes » que lui ,même si en Guinée la crise est encore latente , poussé vers la sortie avant qu’il ne soit trop tard?
Libérer la Guinée de toutes les dictatures
Dès maintenant, le départ du pouvoir d’Alpha Condé doit être »acté » et inscrit dans tous les agendas, car l’unique alternative pour le salut de la Guinée.
Tout le reste n’est que » vanité » et »manoeuvre de diversion » tendant à accorder un sursis grave à un gouvernement à la traîne, et un président otage de ses ambitions et celles d’un entourage hétéroclite et vorace, résultant d’un mélange de genres et une relation contre-nature que seul l’opposant historique et hystérique serait à même d’expliquer et justifier abonné au parjure.
Faire partir Alpha Condé pour retrouver la confiance perdue en nous et notre avenir ou continuer à le laisser faire au risque de condamner la Guinée à la potence est le choix à faire par tous les patriotes et démocrates du pays, aussi bien dans la mouvance présidentielle que l’opposition.
Pour cela, il faut parler, se parler parce qu’il n’y a plus de débat en Guinée où la raison semble avoir foutu le camp: dans le climat de passion et de suspicion devenu le nôtre, on ne s’écoute plus, beaucoup de nos compatriotes ne doutent plus, ne s’interrogent guère , retranchés derrière leurs certitudes et préjugés ou aveuglés par des rancœurs ou frustrations intimes.
Ils sont peut-être et malgré eux pris au piège d’un manichéisme qui révèle leur intolérance et l’absolutisme dans leurs » arguments »,le plus souvent un faisceau de mensonges et de calomnies; Trop sûr de leur fait pour nuancer le jugement, trop agressif pour accepter et respecter les différences et la diversité des opinions, » hérauts » ou contempteurs, ils paraissent en » panne d’arguments ».
Ces compatriotes, sans doute animés de bonne foi ou exaltés par leur idéal, s’érigent en » censeurs » pour juger de ce qui est bien ou mal et dans la foulée distribuer les bons et mauvais points.
Ils se considèrent aussi comme de » grands électeurs » qui peuvent donner des consignes de vote: le bon candidat est le leur, le président idéal est celui qu’ils ont choisi et voudraient imposer dans le débat, à défaut des urnes où on s’en doute ce sera plus compliqué parce que chacun seul face à sa liberté de conscience et de choix.
C’est le lieu de dire que Alpha Condé est combattu non pas pour ce qu’il est ou serait devenu , mais pour ce qu’il a fait de la Guinée et toutes les souffrances physiques et morales infligées aux guinéens depuis son installation aux commandes de l’Etat.
C’est vrai que chacun est libre de ses opinions, mais il est difficile de concilier ce droit naturel avec cette » pathologie » pour beaucoup de penseurs de notre pays à critiquer pour critiquer le choix fait par les autres ou leur action , sans y comprendre grand chose.
En effet, à lire les différentes réflexions et contributions des uns et des autres et les commentaires qui suivent toujours, on est étonné que beaucoup d’entre nous continuent à croire qu’eux seuls détiennent la vérité et défendent la morale , tandis que les autres à qui parfois on pousse l’excès à interdire de parole, sont des parias et n’ont pas le droit de se prononcer sur la marche de leur pays , ni d’avoir une ambition à partager pour son devenir.
Et pourtant , il y a de si nombreux exemples qu’il s’agit là d’une illusion qu’on est en droit de se demander pourquoi continuer à se tromper ainsi et à l’aller à l’encontre de la nécessaire contradiction en Démocratie à ne pas confondre, par ailleurs, avec les injures et les calomnies dégradantes pour leurs auteurs.
Aussi loin que l’on remonte dans le temps et à différentes époques de l’histoire, ce sont les idées qui ont changé, » gouvernent », le monde, diront les philosophes.
De même que ce sont les valeurs qui fondent les sociétés, les protègent et les défendent contre les dérives, une tentation permanente. Et ce n’est sans doute pas aux » politiques » trop occupés à d’autres affaires et préoccupés par la conquête et la conservation du pouvoir de faire avancer les » grandes idées » et de mener le »combat des valeurs ».
Un rôle presque naturel de la société civile, lorsqu’elle est consciente de sa place et veut se montrer à la hauteur de ses responsabilités historiques et de son devoir patriotique sans commune mesure avec les contingences de l’heure, les jeux et enjeux du pouvoir auxquels il lui arrive de succomber de temps en temps.
La Promotion de la démocratie et des libertés fondamentales, des Droits de l’homme, de la transparence des élections, de la lutte contre la corruption et l’impunité, de l’unité nationale est du ressort de cette composante essentielle de la nation et véritable gardienne de la République et de ses valeurs, des institutions d’un pays.
la Raison du Peuple est toujours la meilleure
il n’est interdit à personne de critiquer , car la critique est saine lorsqu’elle vise à » mieux faire » et à provoquer le sursaut indispensable au progrès. Mais elle ne peut remplacer l’action, parce que c’est » dans l’action qu’il y a l’espérance ».
Après le temps de la parole, des professions de foi, de la morale élégante et de la critique facile, est venue maintenant l’heure de l’action pour tous les guinéens. Que tous ceux qui se croient capables d’agir pour le bonheur de notre pays descendent dans l’arène pour le faire au nom de l’intérêt national !
Malheureusement et depuis toujours, nous, guinéens , avons plus brillé par la critique pour beaucoup d’entre nous d’ailleurs le rejet de tout et la contestation de tout le monde ,que nous nous sommes réellement distingués par notre volonté commune d’agir pour changer notre pays, le cours de son histoire et celui de notre destin personnel et collectif.
Tout le monde semble savoir ce qu’il faut faire et le proclame sans cesse et partout , mais combien sont ils prêts à s’engager dans l’action et à s’impliquer d’une manière ou d’une autre dans une cause quelconque, susceptible de briser cette fatalité d’une Guinée figée évoluant en marge du monde et de l’histoire universelle?
Agir pour changer la Guinée est un engagement qui incombe à chaque guinéen patriote , qu’il soit dans la sphère politique ou affilié à la société civile.
C’est pourquoi ,même si le bilan de nos acteurs politiques, en particulier de l’opposition , peut être une source de frustrations et de déceptions parce qu’il est attendu beaucoup d’eux qui bénéficient d’une adhésion populaire réelle, ce n’est pas pour autant qu’il faille jeter l’opprobre sur toute la classe politique sans le moindre effort de discernement et conclure à l’ échec de tous à cause de tous les rendez-vous manqués.
Nos leaders politiques ont besoin de plus de soutiens que de critiques ,celles-ci transparaissant dans des chroniques comme une entreprise de » démolition » systématique.
Et c’est là où Thierno Monenembo a raison: c’est aux pouvoirs en place qu’il est de loin préférable de s’attaquer et plus souvent , plutôt qu’aux »pauvres » oppositions africaines.
Il n’est pas dit que nos opposants actuels sont au-dessus de tout soupçon ou qu’ils n’ont pas commis des erreurs sur le terrain et face à Alpha Condé notamment de continuer à croire que des élections organisées dans des conditions voulues par lui seront remportées par eux. Une autre erreur, celle-là liée à l’inconstance : ne jamais aller au bout de rien.
Il n’empêche que c’est Alpha Condé et son équipe aujourd’hui à la tête du pays qu’il est plus judicieux d’interpeller pour tous grands problèmes que subissent les guinéens. Cet effort d’interpellation et d’alerte n’est pas l’apanage de la seule opposition, mais de toutes les forces vives de la nation.
Sans défendre nos opposants , ce n’est ni ma vocation ni mon but, ils semblent aussi » maltraités » , si non parfois plus que Alpha Condé et son régime. C’est ainsi que des critiques nombreux s’emploient chaque jour ,plus avec des mots que des faits , à accuser et condamner les anciens premiers ministres passés dans l’opposition, d’une manière plus générale, les anciens responsables publics du pays présentés comme des » prédateurs » dans un amalgame dangereux.
L’intention dans la plupart des cas et trop souvent est de nuire à leur réputation que de militer pour la vérité ou provoquer un sursaut de conscience. Aussi tout ce beau monde serait-il » disqualifié » , aux yeux de certains guinéens » puritains » ,pour prétendre à de nouvelles responsabilités ou faire acte de candidature dans les élections nationales.
Ces compatriotes ,par un jugement aussi caricatural et expéditif , se substituent à la justice pour décider de qui est innocent et coupable, étant entendu qu’elle seule a le pouvoir de condamner une fois que sa religion est faite et que les accusés ont pu défendre leur honneur et dire leurs vérités.
Seule la justice aussi, s’il y a lieu, peut priver tout citoyen de ses droits civiques et politiques.Vous avez dit Etat de Droit , non ?
Au demeurant, accuser sans preuve, condamner sans raison sur la base de convictions souvent fausses , de la rumeur et des préjugés constitue une menace pour la justice et une grave atteinte aux droits et à la dignité des citoyens condamnable et méprisable au même titre que de laisser courir des coupables ou les protéger contre les lois du pays en raison de leur position sociale ou statut dans l’Etat ou l’administration publique.
En suggérant aussi qui est apte ou ne le serait pas pour diriger la Guinée, on aurait compris encore que ce soit à partir du critère de compétence ou d’expérience plus facile à défendre que la moralité » un terrain plus glissant » , nos intellectuels et chroniqueurs anticipent sur le verdict des urnes dont leur » science » ne permettra jamais de percer le mystère , le dernier mot revenant toujours aux électeurs: Ceux-ci sont d’autant indépendants que leur choix est aux antipodes des pronostics et intentions de vote annoncés longtemps à l’avance.
Un déphasage qui a tout l’air d’un paradoxe : ceux qui sont le plus attaques et décriés ,à tort ou à raison, par les commentateurs et analystes et voués à l’échec sont ceux qui sont plébiscités par les citoyens à chaque élection.
Ce n’est pas par hasard non plus que la vie politique de notre pays soit dominée par les anciens premiers ministres , ceux qui sont passés déjà aux affaires dont le passé est considéré comme un obstacle à l’avenir de leur pays , mais peuvent aussi en détenir la clé. Si le peuple le décide, bien sûr. un choix qu’on pourra toujours dire dicté par le coeur que par la raison.
Mais un choix qui nous rappelle que si les opinions véhiculent des injustices et tombent parfois dans la calomnie dans les sociétés libres, le peuple est le » meilleur juge » en démocratie.
Ce grand peuple de Guinée est souverain et toujours serein face au »microcosme guinéen » et libre dans le choix de ses dirigeants, pourvu que ce choix soit respecté par l’organisation d’élections transparentes. Tout le défi aujourd’hui et pour les années à venir et qui pourrait justifier et légitimer tous les combats.
Tibou Kamara pour Aminata.com
PAR CONAKRYLEMAG.COM
— conakrylemag
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