Face aux violations graves et répétées enregistrées dans l’attribution des agréments des sociétés privées de gardiennage et le comportement jugé contraire à la loi de certaines d’entre elles, le directeur général de la Police nationale sort de ses gonds.
Il promet de procéder à de grands ménages dans les services privés de gardiennage, un secteur qui connaît aujourd’hui un grand boom en Guinée. Même s’il admet qu’il n’y a pas de problème ou de contradiction majeure entre la police nationale et ces sociétés de gardiennage, le général Mohamed Gharé avoue cependant que le secteur a besoin qu’on y mette un peu d’ordre puis qu’il s’agit de la sécurité des Guinéens.
Dans cet entretien qui suit, le DG de la Police, sans langue de bois, parle de ce nouveau secteur d’activité en pleine expansion. En outre, Il aborde la situation des immigrés indiens en Guinée ainsi que la problématique liée à l’utilisation des anciens et nouveaux passeports.
Guineenews.org à rencontré le Directeur général de la Police national
Répondant à la question : Est-ce que les méthodes de délivrance des visas guinéens dans nos ambassades et consuls ne sont pas alors en cause, selon vous ?
Nous avons donné des instructions à la direction centrale des polices de l’air et des frontières. Tous les étrangers en République de Guinée doivent pouvoir justifier leur présence sur le territoire national. Si ce n’est pas prouvé, la direction centrale des polices de l’air et des frontières, est habilitée à prendre des mesures conservatoires pour la reconduite des intéressés à la frontière.
Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui. Pour la plupart des cas, il s’agit des personnes qui ont reçu des visas d’entrée sur le territoire et délivré par nos Ambassades. Ces visas d’entrée couvrent une période de trois mois, il s’agit des visas touristiques. Donc au-delà de ces trois mois, les intéressés doivent retourner ou renouveler leur visa.
Mais pour le renouvellement de visa, quand leur présence en Guinée ne se justifie pas, nous les invitons à quitter le territoire national. C’est ce travail qui est en train donc d’être fait, c’est le travail de tous les jours de la police de l’air et des frontières. Il n’y a donc pas de souci à ce niveau. Certains déjà sont reconduits parce qu’il y en a qui sont entrés ici avec 4 ou 5 téléphones et qui se disaient vendeurs de téléphone.
Notre confrère poursuit avec cette question sur la situation des passeports : Depuis un certain temps, nos compatriotes vivant à l’étranger sont dans un flou en ce qui concerne l’utilisation des passeports. Est-ce que c’est le passeport biométrique qui reste désormais et uniquement valable ou l’ancien et le nouveau restent encore tous les deux valables ?
Le Directeur tente de ce justifier : La réponse à cette question est bien simple. Dans tous les pays du monde, quand vous basculez d’un ancien document de voyage à un nouveau, l’ancien reste valable jusqu’à expiration de sa date mais il n’est pas prorogeable. Donc, tous les anciens passeports détenus par des Guinéens et en cours de validité, sont utilisables.
Mais une fois que la date de validité va être expirée, le passeport ne sera plus utilisable parce qu’on ne peut pas le proroger. Aujourd’hui nous sommes en train de voir… et dans les jours qui suivent, une mission de la police de l’air et des frontières séjournera dans certaines grandes capitales où réside un nombre important de Guinéens, je veux parler de l’Europe, de certains pays africains…
Pour pouvoir faire sur place des passeports pour ces compatriotes. C’est vrai qu’aujourd’hui beaucoup de Guinéens à l’extérieur notamment en France, en Allemagne, en Belgique… souffrent énormément. Bien de gens parmi eux, n’arrivent pas à renouveler leurs cartes de séjour parce qu’ils n’ont pas de passeport. Mais je voudrais dire ici que la faute n’est pas du côté du ministère de la Sécurité.
Ce que nous pouvons faire c’est de dire, voilà nous sommes prêts, les machines sont là, les hommes sont prêts. Nous sommes aujourd’hui à même de délivrer les passeports à l’extérieur. Je sais que des démarches sont entreprises parce que nous avons eu récemment des réunions interministérielles par rapport à la question.
Face à la confusion des prérogatives de la police le confrère pose alors cette question :
Nous avons récemment assisté au Port Autonome de Conakry à une scène de quiproquo entre des éléments de police et ceux d’une structure privée de gardiennage. Ce qui nous amène ici à vous interroger sur le rapport qui existe entre la police nationale et les différentes sociétés privées de gardiennage qui sont de plus en plus florissantes sur le terrain?
Le Général Mohamed Gharé répond : Pratiquement, il n’y a pas de problème ni contradiction majeure entre la police et les structures de gardiennage. Cela dit, le Port Autonome est géré par le directeur général du port, il en est le premier responsable, donc le premier répondant devant le ministre des Transports et celui-ci répond devant le gouvernement.
Que ce soit la police ou la gendarmerie, toutes ces entités sont utilisées par le ministre des Transports. C’est-à-dire qu’elles sont détachées et mises à disposition.
C’est le ministre des Transports qui sait comment les utiliser. S’il estime que la police, au lieu d’occuper telle position, doit être à telle autre, tant mieux. Elle en tirera les conséquences et il n’y a pas de problème.
J’ai dit et j’insiste là-dessus que la police est républicaine. On a dit que la police doit être à telle position, la gendarmerie à telle autre, ni la police ni la gendarmerie, aucune d’elles n’a contesté, nous ne contestons pas.
Aujourd’hui la seule chose que nous regrettons, c’est le fait que le Port Autonome ait signé le contrat avec cette société de gardiennage qui n’avait pas d’agrément au moment des faits. C’est bien après que l’agrément a été signé. C’est une violation grave.
Et cette société de gardiennage est dirigée par un expatrié. Qu’à cela ne tienne, si cela qui peut arranger le Port Autonome de Conakry, nous ne trouvons pas d’inconvénient. Toutes ces sociétés de gardiennage sont en fait gérées par le ministère de la Sécurité, l’agrément est donné par ce dernier.
Mais à un moment donné de l’évolution de l’histoire de notre pays, il y a eu un peu de violation. Sinon, les sociétés de gardiennage, étaient des emplois réservés. Au moment où il y a eu l’élaboration des textes sur les sociétés de gardiennage, c’était des emplois réservés originellement. Parce que ces structures sont simplement des sociétés de sécurité, elles doivent être sous contrôle et elles doivent travailler de concert avec le ministère de la Sécurité.
C’est pourquoi, en tant qu’emploi réservé, ces sociétés de gardiennage étaient dirigées par des anciens policiers, gendarmes ou militaires partis à la retraite. Mais à un moment donné de notre histoire donc, des agréments ont été donnés n’importe comment et à n’importe qui. Mais ce sont des choses qui vont être revues ou qui vont changer un jour. Il est arrivé à un moment où des expatriés, je ne donne pas de détails, recrutaient des gens ici et qu’ils entraînaient.
Les services de renseignements étaient obligés de s’intéresser à cette situation. Et ceux qui étaient à l’origine de cette situation, ont été respectueusement priés de quitter notre territoire. Parce qu’ils ne vont pas venir créer la merde ici. Donc le problème des sociétés de gardiennage ou des sociétés de sécurité, est un problème de sécurité.
Nous allons épurer… Parce que ne peut pas créer une société de sécurité qui le veut, ne peut pas recruter des agents de sécurité privée qui le veut, ne peut pas être agent de sécurité qui le veut. Des gens doivent être sélectionnés, formés.
Mais puisqu’on ne peut pas tout faire à la fois et au moment, voilà pourquoi on est parfois tolérant. Nous avons toutefois grand espoir que les choses vont rentrer dans l’ordre. Sinon, il n’y a pas de contradiction majeure, il n’y en a même pas entre le ministère de la Sécurité et les sociétés privées de gardiennage.
— conakrylemag