Le Premier ministre Amadou Oury BAH et le défi de la coordination gouvernementale en Guinée
Le Premier ministre guinéen, Amadou Oury BAH, a annoncé sa volonté d’instaurer une méthodologie de travail « efficace » au sein du gouvernement, dans un contexte marqué par des tensions internes et une absence de coordination palpable. Depuis lundi, les membres du gouvernement se trouvent en retraite au Camp Samorya de Kindia, une démarche inédite visant à consolider les bases de leur action et à redéfinir des stratégies communes.
Un constat alarmant : l’absence de plan d’action global
Dans sa dernière communication, le ministre secrétaire général du gouvernement a mis en lumière les lacunes structurelles qui minent l’efficacité de l’exécutif : un manque de coordination entre les différentes entités gouvernementales et l’absence d’un plan d’action global. Une situation qui, selon les observateurs, fragilise la cohésion et ralentit la mise en œuvre des politiques publiques.
Depuis la mise en place de l’actuel gouvernement le 13 mars 2024, l’absence d’une direction commune s’est traduite par des initiatives souvent déconnectées les unes des autres, reflétant l’urgence d’une réorganisation interne. Ce n’est que maintenant, plusieurs mois après la constitution du cabinet, que des lettres de mission seront envoyées aux différents ministères, marquant ainsi un effort pour clarifier les rôles et responsabilités de chacun.
Un leadership mis à l’épreuve
Cependant, la capacité de M. BAH à rétablir l’ordre dans un gouvernement auquel il n’a pas participé activement lors de sa formation reste sujette à question. L’organigramme gouvernemental actuel est complexe, avec des ministres qui rendent directement compte au chef de l’État et à un « Premier ministre bis », ce qui complique davantage la tâche de M. BAH. Peut-il réellement imposer sa méthode et recentrer l’action gouvernementale, ou cette tentative n’est-elle qu’un effort symbolique face à un système réticent au changement ?
Une stratégie de recentrage
L’objectif du séminaire de Kindia semble clair : harmoniser les actions gouvernementales et restaurer un semblant d’ordre dans l’administration publique. Amadou Oury BAH mise sur cette retraite pour définir une feuille de route commune, s’assurer que chaque ministre ait une compréhension précise de ses missions et encourager un dialogue constructif entre les différentes structures.
Malgré ces ambitions, la réalité pourrait s’avérer bien plus difficile à concrétiser. La capacité de M. BAH à naviguer dans un environnement politique fracturé et à réunir des ministres aux allégeances diverses sera cruciale. Sans une volonté commune de coopération, même les meilleures stratégies risquent de rester lettre morte.
Une question en suspens
L’initiative du Premier ministre est-elle suffisante pour surmonter les dysfonctionnements internes et redéfinir un cap clair ? Avec un gouvernement qui rend directement compte à plusieurs figures de l’état, l’ordre et la discipline au sein de l’exécutif semblent être un défi de taille. La Guinée pourra-t-elle trouver dans cette retraite le point de départ d’une gouvernance plus efficace et coordonnée ?
La réponse sera scrutée dans les semaines à venir, alors que les lettres de mission commenceront à circuler et que les résultats de ce séminaire seront analysés de près.
Par Oumar Sylla pour conakrylemag.com
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