Le soir à dix-huit heures, la route ‘’Le Prince’’ est aussi toxique qu’un théâtre russe attaqué par Poutine et ses molosses. Mais contrairement à celui de Moscou, le gaz de Conakry n’a rien de secret. Quand je rentre chez moi, je sens franchement le pot d’échappement, le gasoil à 100% et le super à 80%. Au moins ici la composition de ce qui nous tue est claire. N’empêche, j’en ai marre de puer le carburant grillé.
Alors hier, je suis allé en brousse me remplir les poumons avec le bon air de la campagne. Je comptais m’asseoir et méditer au bord d’une rivière en sirotant un bon bissap.
J’ai mis mon chapeau, mes lunettes et j’ai installé une petite glacière dans le coffre. Et en route vers la paisible vérité des contrées inviolées !
Arrivé à destination, j’ai déchanté et crié de toutes mes forces. Tu aurais dû voir ça Fatoumata Chérif, la rive était pleine de bordobarda, comme dit mon ami Ali Koïta. Léché par le clapotis de l’eau claire, il y avait un paquet d’Omo, des cartons de cigarettes vides, des boîtes de sardines éventrées, des sachets en plastiques huileux et toute une collection d’immondices. Une bande de salopards était venue faire un pique-nique au bord de cette fraîche et élémentaire expression de la nature et n’avait rien nettoyé.
J’ai parfois l’impression de vivre entouré de cochons. Je maudis ceux qui pissent au hasard dans les rues de Conakry. J’enrage contre les enfoirés qui jettent leurs ordures par la vitre ouverte de leurs sales bagnoles. Je dis haro à tous les bouchers qui laissent les entrailles de leurs bestiaux à même la chaussée. Et que dire de tous ces crasseux qui sèment leurs sachets plastiques à tout vent ?
Sachant qu’il y a un bon million de sagouins à Conakry, la ville ressemblera bientôt à une gigantesque décharge. Et l’Ecomog sera obligée d’envoyer une force d’interposition entre nous et les rats.
PAR CONAKRYLEMAG.COM
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