Le 23 juillet 2018, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a envoyé à tous les Gouverneurs de Régions Administratives, au Gouverneur de la Ville de Conakry et aux Préfets ,pour exécution, un message-radio pour réitérer l’instruction relative à l’interdiction de toutes manifestations de rue sur l’ensemble du territoire national. Selon le message, cette mesure reste en vigueur jusqu’à nouvel ordre.
Il indique enfin que cette instruction ne doit souffrir d’aucune entorse et que toute violation engagera la responsabilité de l’autorité administrative concernée.
On comprend à présent pourquoi les autorités administratives locales, même celles issues de l’Opposition , se mettent à interdire toute manifestation de rue au lieu de prendre des mesures pour les encadrer, l’interdiction étant l’exception.
En effet, il ne faut perdre de vue que l’État exerce un contrôle sur les autorités locales. Ce droit de contrôle auquel sont soumises toutes les autorités locales sans distinction selon qu’elles sont de la Majorité ou l’Opposition, s’exerce notamment sur certains actes et décisions de ces autorités.
C’est pourquoi, au lieu d’attraire en justice un maire pour avoir interdit une manifestation de rue, il est préférable d’attaquer le mal à la racine en attaquant plutôt cette instruction transmise sous forme de message-radio.
Les organisations de défense des droits de l’homme et tous autres activistes des droits de l’homme devraient se saisir au plus vite de cette question car l’État est entrain de grignoter petit à petit les libertés collectives à travers des mesures dont la légalité pose problème.
Pendant longtemps, l’on a a cru que cette mesure d’interdiction des manifestations de rue faisait l’objet d’arrêté ministériel que beaucoup ont vainement cherché. Mais l’on s’aperçoit maintenant que le MATD procède quelquefois par message-radio. Ce qui peut constituer aussi un support pour un recours en annulation devant la Chambre Administrative de la Cour Suprême.
— conakrylemag