Peuple du 28 septembre
Peuple du non au référendum
Pourquoi te résignes-tu ?
Avant tu étais si fort et loquace
Maintenant tu es si mou
Comme la queue d’un impuissant
Où as-tu laissé ta hargne ?
Où as-tu planqué ta puissance ?
Tu es quand même le grand peuple
Ce peuple qui a crié liberté
Oui ! Liberté des millions d’fois
Qui a chassé pauvreté, pauvre été
Peuple brave de Guinée
Qu’es-tu devenu ?
Tu acceptes tout à présent
Ils te pissent dessus
Te chient dessus
Tu trouves cela amusant
Peuple du 28 d’Dadis
Où te caches-tu ?
Ta bravoure, où est-elle ?
Tu as bien su engueuler de Gaulle
Tu as emmerdé la France entière
Mais pourquoi es-tu silencieux ?
Ou bien tu es le calme du volcan
Tu le silence du vent
Le bruit du néant
Le silence bavard
Ou bien tu en a marre
As-tu la gorge nouée
À force de trop crier
À force de trop revendiquer
T’en remets-tu à Dieu ?
Qui es-tu ? Peuple soumis !
Que veux-tu ? Peuple indécis !
Vas-tu continuer à gober les leurres
Vas-tu continuer ? Continuer…
À accepter que s’abattent sur toi:
Malheurs, bêtises et injures
Est-ce qu’on te mérite Guinée ?
Tu nous as donnée richesse
Abondance de pluies
Abondance de verdure
Mais qu’est-ce qu’on en fait ?
On tue les chimpanzés d’Nimba
On insulte le n’Demba
On défigure les héros
On efface notre histoire
On oublie même nos langues
Peuple, es-tu damné ?
Que respectes-tu ?
Tu as minimisé Laye
Keita Fodéba, Monenembo
Koumanthio, la poétesse
Tu as saboté Tamsir
Tu fais les chose du coq à l’âne
Tu as profané tout
Les ports négriers de Dubréka
La villa de Miria Makeba
La fraîcheur de Dalaba
Les légumes de Kindia
Qu’est-ce qui te reste
Une histoire
Une laide histoire
Parce que le présent
Lui, il est oppressant
Il est méprisant
Peuple, je ne te reconnais plus.
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