Retour en Force de Sâa Alphonse Touré dans l’Armée Guinéenne : Un Signe de Changement ou de Continuité ?
Dans un mouvement qui a surpris de nombreux observateurs de la scène politique guinéenne, le président de la transition, Colonel Mamadi Doumbouya, a procédé à la nomination de plusieurs officiers à des postes clés au sein de l’armée. Parmi ces nominations, celle de Sâa Alphonse Touré, ex-membre du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), est particulièrement remarquable.
Touré, célèbre pour son rôle dans la junte qui a renversé en décembre 2008 le régime de Lansana Conté, avait connu une période de disgrâce sous le capitaine Dadis. Sa récente nomination en tant que commandant du Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA) marque un tournant significatif dans sa carrière militaire et dans la dynamique actuelle de l’armée guinéenne.
Cette décision de Doumbouya de rappeler un ancien membre du CNDD, une figure controversée de l’histoire politique récente de la Guinée, soulève des questions importantes. Est-ce un signe de changement, indiquant une volonté de réconciliation et d’inclusion au sein des forces armées ? Ou est-ce plutôt un retour à des pratiques anciennes, où les alliances et les affiliations politiques priment sur les compétences et les principes de bonne gouvernance ?
Parallèlement, au Bataillon du Quartier Général (BQG), c’est le colonel Karamoko Camara, précédemment commandant du BATA, qui prend les rênes. Ce jeu de chaises musicales au sein de l’armée guinéenne pourrait être interprété de diverses manières. D’une part, cela pourrait signaler une tentative de renforcer l’efficacité et la cohésion de l’armée en période de transition. D’autre part, cela pourrait aussi être perçu comme un moyen pour le président de la transition de consolider son pouvoir en plaçant des figures fidèles et éprouvées à des postes stratégiques.
La nomination de Sâa Alphonse Touré, en particulier, sera scrutée de près tant par les acteurs nationaux que par la communauté internationale. Son passé au sein du CNDD, un groupe connu pour son rôle dans un coup d’État et ses méthodes parfois controversées, pourrait être source de préoccupations quant à l’orientation future de l’armée guinéenne sous sa direction.
En fin de compte, ces nominations pourraient être un test crucial pour la Guinée, un pays à la croisée des chemins, cherchant à naviguer entre les exigences de la stabilité, de la réforme et de la réconciliation nationale. Seul l’avenir dira si ces choix s’avéreront être des pas en avant vers un avenir plus stable et démocratique, ou des retours en arrière vers des pratiques du passé.
Drame Ibrahima pour conakrylemag.com
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