Afrique

Actualité Africaines du 21 janvier 2016

PROTESTATIONS À KASSERINE: POUR LA PRESSE TUNISIENNE, UN AIR DE DÉJÀ-VU

A Tunis, le 20 janvier 2016, une femme brandit le portrait de Ridha Yahyaoui, jeune chômeur de Kasserine décédé quelques jours plus tôt | AFP | SOFIENE HAMDAOUI

La presse tunisienne voyait jeudi dans les protestations qui agitent depuis plusieurs jours une région défavorisée du pays un rappel de la révolution de 2011 et mettait en garde contre une nouvelle explosion en cas de persistance des inégalités.

La mort samedi de Ridha Yahyaoui, jeune chômeur de Kasserine (centre), l’une des régions les plus pauvres de Tunisie, a ravivé les tensions alors que le pays vient de fêter les cinq ans du soulèvement populaire, largement motivé par la misère, l’exclusion sociale et le chômage.

Le quotidien francophone Le Temps a mis en garde contre « un janvier chaud, très chaud » au fur et à mesure que « la contestation sociale se poursuit et s’étend ».

Plusieurs rassemblements de soutien ont eu lieu dans des villes du centre mais aussi à Tunis et Sousse (centre-est). A Kasserine, où un couvre-feu a été décrété, des affrontements ont opposé policiers et manifestants.

« C’est comme si nous étions encore à la fin 2010-début 2011. Kasserine est en feu et les villes voisines l’appuient, les manifestants prennent les rues et les institutions publiques, la police fait usage de la force et l’armée intervient », écrit le quotidien arabophone Al Chourouk.

« De Bouazizi à Yahyaoui, les motifs et la manière se répètent. Les résultats seront-ils les mêmes ? » se demande le journal en allusion à Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, non loin de Kasserine, déclenchant la révolution.

Plusieurs titres, comme Al Maghreb, rappellent qu’à l’origine des troubles figure « l’effrayante réalité des inégalités régionales ».

« Quid du développement dans les régions ? Des gouvernements se sont succédé sans que la plaie ne soit soignée », estime Le Temps. « Il ne faut pas s’étonner par la suite si le feu embrase une région entière ».

Car « rien ou presque n’a été fait pour changer le cours des choses dans les régions intérieures, condamnées depuis des décennies à vivre dans l’ombre d’autres zones autrement plus favorisées aussi bien par la nature que par les politiques de développement mises en place », affirme Le Quotidien.

« Partout, le taux de chômage chez les diplômés est en train de battre des records. Les statistiques sont effrayantes et menacent toute une génération qui a sué (…) pour dénicher un diplôme qui s’avère vain et insuffisant pour avoir un emploi digne », poursuit-il. « Face à un tel constat d’échec, la réaction des chômeurs, à Kasserine ou ailleurs, semble légitime et logique ».

Al Maghreb blâme les autorités qui ont « abreuvé » ces régions de promesses mais « oublient que nous sommes face à volcan pouvant entrer en éruption à tout moment ».

« Personne n’a de baguette magique mais si nous ne sortons pas des plans traditionnels et si nous ne prenons pas le taureau par les cornes, ce sont la sécurité et l’avenir du pays qui sont menacés », avertit-il.

LIBYE: INSTALLATIONS PÉTROLIÈRES EN FEU APRÈS UNE ATTAQUE DE L’EI

Une installation pétrolière près de Ras Lanouf, dans le nord de la Libye, après un incendie provoqué par des affrontements avec l’Etat islamique, le 8 janvier 2016 | AFP/Archives | STRINGER

Des installations pétrolières étaient en feu jeudi dans le nord de la Libye après une nouvelle attaque lancée par le groupe Etat islamique (EI) pour s’emparer de sites pétroliers, selon la compagnie nationale du pétrole et une agence.

« Les combats ont repris à l’aube de jeudi (…) dans la région de Ras Lanouf », un vaste site pétrolier situé à environ 650 km à l’est de Tripoli, a annoncé la Compagnie nationale de pétrole (NOC).

« Des réservoirs remplis de brut ont pris feu (…) Plusieurs tours électriques et des lignes haute tension qui alimentent les quartiers résidentiels et la zone industrielle » se sont effondrées, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

« La situation à Ras Lanouf est catastrophique sur le plan environnemental », a estimé la NOC.

L’agence officielle Lana a indiqué qu' »un groupe appartenant à l’organisation EI avait pris pour cible un des réservoirs appartenant à la société Harouge », qui a pris feu puis explosé.

Les réservoirs de Harouge (ex-Veba Oil) sont situé à 9 km du port de Ras Lanouf, à l’intérieur des terres. Trois pipelines principaux alimentent les 13 réservoirs, d’une capacité de 6,5 millions de barils, selon le site de la compagnie.

L’EI, implanté dans le nord de la Syrie, avait déjà mené début janvier deux attaques à proximité d’importantes installations pétrolières en Libye, dans les villes d’al-Sedra et de Ras Lanouf.

Le groupe jihadiste tente depuis plusieurs semaines une percée vers l’est depuis la ville Syrte (450 km à l’est de Tripoli), qu’il contrôle, visant la zone du « Croissant pétrolier » où sont situés les principaux terminaux pétroliers libyens.

La Libye dispose des réserves pétrolières les plus importantes d’Afrique, estimées à 48 milliards de barils. Sa production était estimée à 1,6 million b/j en 2011 mais a chuté d’un tiers depuis.

La Libye est en effet plongée dans le chaos et livrée à des groupes armés depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011 et deux autorités s’y disputent le pouvoir depuis la prise de la capitale Tripoli par des milices en partie islamistes à l’été 2014.

Un gouvernement d’union nationale a été formé mardi, qui doit être approuvé par le Parlement reconnu, installé dans l’est afin d’être opérationnel.

La mise en place d’un gouvernement d’union est ardemment soutenue par les Occidentaux qui souhaitent voir s’installer une autorité à même de lutter contre l’EI, qui compterait environ 3.000 combattants dans le pays, selon Paris.

CPI: 70 ACCUSATIONS DE CRIMES DE GUERRE CONTRE L’EX-CHEF OUGANDAIS DOMINIC ONGWEN

Dominic Owgen, ancien chef de guerre ougandais, lors de son procès devant la cour pénale internationale à La Haye, le 21 janvier 2016 | ANP/AFP | Michael Kooren

L’ancien chef de guerre ougandais Dominic Ongwen était « le fer de lance » de la sanguinaire rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), a assuré jeudi un procureur de la CPI, en présentant aux juges 70 chefs d’accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Une vidéo montrant des huttes brûlées dans un village du nord de l’Ouganda, des morts enterrés à la hâte et des corps d’enfants abandonnés : le procureur Benjamin Gumpert espère convaincre les juges d’ouvrir un procès contre Dominic Ongwen, environ 40 ans.

Surnommé la « Fourmi Blanche », Dominic Ongwen était un des commandants les plus redoutés de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) menée par Joseph Kony, rendue mondialement célèbre par la campagne « Kony 2012 ».

Selon l’ONU, la LRA a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants d’abord dans le nord de l’Ouganda, puis au gré de son exil infernal dans les pays voisins.

« Pendant plus d’une décennie, Dominic Ongwen était un des commandants les plus importants de la LRA », a assuré le procureur Gumpert, soulignant que le suspect « était le fer de lance » de la rébellion.

Selon l’accusation, M. Ongwen « porte une responsabilité criminelle significative » pour des attaques « terrifiantes » dans le nord du pays, où les civils étaient considérés comme des ennemis.

« Il ne s’agissait pas juste d’une guerre civile : la LRA attaquait des civils qui désiraient uniquement vivre leur vie », a-t-il ajouté. « La philosophie était claire : si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ».

– Enfant soldat –

Pendant cette audience, qui doit durer une semaine, le bureau du procureur va tenter de convaincre trois juges de la CPI que Dominic Ongwen doit être jugé pour ces crimes commis en Ouganda entre 2002 et 2005.

M. Ongwen, ex-enfant soldat, doit répondre de 70 chefs d’accusation, dont esclavage sexuel, meurtre et enrôlement d’enfants soldats.

Dix de ces accusations n’ont pas été dévoilées, « par sécurité », a rappelé le juge Cuno Tarfusser à l’ouverture de l’audience, tandis que l’accusé répondait que la lecture de ces chefs d’accusation était « une perte de temps ».

L’accusation se concentrera particulièrement sur quatre attaques contre des camps de réfugiés fuyant la violence de la LRA et durant lesquelles elle affirme que plus de 130 personnes ont été tuées, dont des enfants.

Lors d’une de ces attaques, contre le camp Odek en avril 2004, au moins 61 hommes, femmes et enfants ont été tués. « Un individu a été forcé à tuer un homme avec une massue et forcé à inspecter des corps en décomposition, dont celui de son père », selon l’accusation.

M. Ongwen a été transféré à La Haye après sa reddition en janvier 2015 en Centrafrique auprès des forces spéciales américaines. A l’époque, les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros).

Créée en 1987 avec l’objectif de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s’est forgé une effroyable réputation au fil de ses exactions.

Mais la LRA a semé la terreur au-delà des frontières de l’Ouganda : au sud du Soudan, dans le nord-est de la République démocratique du Congo ainsi qu’en Centrafrique.

Prophète auto-proclamé, Joseph Kony a mélangé mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire. En dépit de sa jeunesse, Dominic Ongwen a très vite été repéré pour sa loyauté dans le crime, son courage au combat et ses qualités de tacticien.

Mais certains groupes de défense des droits de l’Homme estiment que Dominic Ongwen est à l’origine lui-même une victime : il a été enlevé pour devenir enfant soldat alors qu’il rentrait de l’école. Selon lui, il avait alors 14 ans.

Pour l’accusation, il s’agit tout au plus de circonstances atténuantes mais certainement pas une excuse ou un argument de défense contre les crimes qui lui sont reprochés.

ATTAQUE À OUAGADOUGOU: UN CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE AU NIGER LIBÉRÉ APRÈS SON INTERPELLATION

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A Ouagadougou, le 18 janvier 2016, des troupes burkinabées montent la garde devant l’hôtel Splendid, visé par un attentat | AFP/Archives | ISSOUF SANOGO

Un candidat à la présidentielle au Niger, interpellé dans le cadre de l’enquête sur l’attaque jihadiste qui a fait 30 morts vendredi à Ouagadougou, a été libéré jeudi, a-t-on appris auprès de source sécuritaire.

L’homme politique Adal Rhoubed, candidat à la présidentielle du 21 février au Niger, et le responsable de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour la province orientale du Gourma, Souleymane Aklinane, « sont libres », a souligné la même source.

Toutefois, deux jeunes touaregs restent toujours détenus dans le cadre de cette affaire.

Quatre personnes qui ont conversé avec les jihadistes, selon une vidéo de surveillance de l’hôtel Splendid, étaient entendues mercredi.

« Dans la vidéo de l’hôtel Splendid, quatre personnes étaient en échange avec les jihadistes. On les a identifiées et trouvées. Elles sont en train d’être interrogées », a indiqué une source sécuritaire à l’AFP.

Aucun élément ne permet de dire si la conversation portait sur l’attaque.

Une autre source sécuritaire a indiqué que « quatre Nigériens dont le politicien » Adal Rhoubed qui se trouvait à l’hôtel Splendid lors de l’attaque, ont été interpellés « pour vérifications de leur identité ».

Président-fondateur d’un petit parti, le Mouvement démocratique pour le renouveau (MDR), M. Rhoubed, médecin d’origine Touareg, est propriétaire d’une clinique à Tahoua dans l’ouest du Niger. « Il séjournait à Ouagadougou dans le cadre de sa pré-campagne électorale pour notamment rencontrer la communauté nigérienne vivant au Burkina ainsi que des personnalités locales », selon ses proches à Niamey.

Selon ces derniers, il avait été exfiltré de l’hôtel samedi par les forces françaises. Il avait déjà été interpellé, puis libéré. Quinze membres du MNLA ont aussi été interpellés à travers le pays dont Souleymane Aklinane, responsable du MNLA pour la province orientale du Gourma.

Mossa Ag-Ataher, responsable du MLNA à Ouagadougou, a assuré à l’AFP que son mouvement allait « collaborer avec les enquêteurs ».

Des interpellations étaient aussi en cours au camp de réfugiés maliens de Mentao près de Djibo, chef-lieu de la province du Soum, où a été enlevé vendredi un couple d’Australiens, peu avant l’attaque de Ouagadougou.

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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