L’actuel patron de la primature, Elhadj Mohamed Saïd Fofana, présidera mardi, son dernier conseil Interministériel en sa qualité de Premier ministre Chef du gouvernement, confirment à Aminata.com plusieurs sources proches du pouvoir.
Déjà, le porte-parole du gouvernement et ministre de l’enseignement technique, professionnel et de la promotion de l’emploi, Albert Damantang Camara, a annoncé sur les antennes de la radio d’Etat, le dimanche 5 janvier, que « le Gouvernement va déposer sa lettre de démission ».
M. Camara qualifie cette attitude « d’acte administratif » tout en balayant d’un revers de main les arguments développés jusqu’ici par ceux qui s’inspiraient du type de régime guinéen, un régime présidentiel « fort », non parlementaire, n’obligeant pas de fait à une démission du gouvernement au terme d’une élection.
Une autre source gouvernementale qui a exigé l’anonymat souligne elle, que le prochain ordre du jour du conseil interministériel sera très « court ». Il tournera au tour de deux points dont le bilan du gouvernement, nous a-t-elle laissé entendre.
L’un dans l’autre, la démission du gouvernement de Mohamed Saïd Fofana n’est qu’une question d’heure. Le Président Condé l’ayant soulignée dans son discours de nouvel an et même insisté à certaines occasions.
Après trois ans bien compilés à la tête du Palais de la Colombe, l’enfant du Moriah, peut pourtant avoir l’esprit tranquille et le cœur bien embaumé pour « avoir contribué à remettre le pays sur les rails ». Sur tous les plans, Saïd Fofana laissera ses marques. D’abord sur le plan économique avec l’atteinte du PPTE, après 12 ans de politiques économiques désastreuses, le gouvernement Fofana est parvenu à réduire de 2/3 la dette de la Guinée. Un résultat plus que flatteur pour cet inconnu sorti des carcans de l’administration guinéenne. A cela, s’ajoutent incontestablement la stabilité des prix sur le marché (dont le prix des denrées de première nécessité : le riz, le sucre, la farine,…), la maîtrise du taux d’inflation et sa réduction drastique par l’imposition d’une discipline budgétaire sans précédent grâce à la loi portant sur la caisse unique de l’Etat,…
Sur le plan social, de par son caractère (conciliant), ce technocrate aux allures de marabout est parvenu à instaurer pour la première fois en Guinée un salaire minimum interprofessionnel (SMIG). Même si son application ouvre d’autres débats, cet acte constitue un point de départ pour son successeur. Mieux, il a augmenté sensiblement les salaires des fonctionnaires et associé le mouvement social dans ses démarches. Si la création d’emplois n’a pas suivi les annonces et les espoirs de 2010, il peut tout de même aligner quelques chiffres non négligeables.
L’éducation a connu un début d’amélioration. L’accès gratuit à l’école est de mise avec la priorité aux jeunes filles même s’il faut déplorer le manque d’infrastructures à plusieurs niveaux et le faible niveau du personnel enseignant.
La santé, la gratuité de la césarienne, la distribution des médicaments et de moustiquaires à travers le pays tout comme les campagnes de vaccination contre la polio et certaines maladies tropicales, sont parmi les réalisations du Gouvernement. L’accès des populations à l’eau, à l’électricité et à la téléphonie ne passe pas inaperçu. L’évolution a été observée en dents de scie. Mais la tendance actuelle est marquée par une amélioration, également à l’actif de l’équipe sortante.
Sur le plan politique : Là, rien ne lui présageait une réussite. Mis en mal dans sa propre formation d’origine, le Gpt de Kassory Fofana, Mohamed Saïd a miraculeusement échappé à l’effondrement. L’élection d’un nouveau
Parlement vient lui donner une satisfaction aux nombreuses couleuvres qu’il a été contraintes d’avaler par la classe politique (mouvance comme opposition) surtout au courant 2013 où la capitale guinéenne ressemblait par moment à un champ de bataille avec son contingent de violences, de morts, de blessés et de dégâts matériels.
Des infrastructures : Il sera gravé en lettres d’or que c’est le gouvernement de Saïd Fofana qui aura lancé les travaux de construction du barrage de Kaléta. En trois ans d’exercice, il aussi achevé plusieurs chantiers routiers et d’ouvrages en souffrance. Il a réalisé et lancé de nombreux autres travaux à travers le pays. Sans doute, ce sera l’une des activités prioritaires du prochain gouvernement.
De l’administration, même si certaines personnes normalement de la hiérarchie, C se pavanent encore en son sein avec la hiérarchie A, suivie du plus haut échelon et de grade, ou encore des individus résidents à plusieurs dizaines de km du pays depuis des années continuent de percevoir impunément l’argent de l’Etat comme salaire, les travaux sur la réforme de la fonction publique continuent. Des personnes nées avant la seconde guerre mondiale qui continuent d’émarger à la fonction publique par la fraude et la falsification de leurs dossiers, courent également un gros risque. Avec le recensement biométrique, les « vrais faux fonctionnaires » n’auront pas de chance d’échapper. Cette politique également est à l’actif de son gouvernement. De nos jours d’ailleurs, l’argent bloqué du paiement des fictifs atteint plusieurs milliards de nos francs. Et cette politique des réformes reste l’un plus importants chantiers de l’Etat.
Si les mines ont connu des difficultés, la révision du code minier et les nombreuses concessions établies ces dernies temps pourraient faciliter, la tâche au prochain gouvernement d’aller à de résultats plus concrets.
L’agriculture elle, a connu une véritable mobilisation du Gouvernement Fofana. Les résultats sont sans appel. Depuis trois ans, le riz du pays est abondante sur les marchés avec compétitif. Ce qui a eu pour conséquence la réduction puis le maintien du prix du riz importé à un prix relativement bas.
La sécurité et la justice, dans ces deux secteurs, le prochain gouvernement aura fort à faire. Le sortant retiendra avoir eu à affronter sans grands résultats des défis énormes. Les tribunaux sont vétustes, les bandits plus à l’aise que les victimes. Sans compter que ces deux institutions malgré leur rôle protectrices continuent de faire peur aux citoyens, de par leur conduite. La nouvelle équipe devra trouver les moyens d’inverser la tendance et surtout de cultiver l’esprit de sanction et lutter contre l’impunité sous toutes ses formes.
La défense, la démilitarisation de la ville de Conakry et le casernement des soldats auront été l’une des opérations les plus réussies du Gouvernement Fofana. Et ce, grâce aux réformes engagées et réussies dans le secteur de la sécurité et de la défense. Les militaires qui dictaient leur loi à tout bout de champ, se sont soumis à une autorité civile. Depuis trois ans, la Guinée, habituellement secouée par de violentes mutineries, a vu la grande muette redevenir muette. La prochaine équipe devra se déployer pour caserner effectivement et définitivement tous les militaires, poursuivre les réformes dont la formation des soldats, l’équipement et l’amélioration des conditions de vie des soldats. La retraite doit continuer et le recrutement objectif instauré comme règle inviolable.
Ces quelques lignes qui ne constituent pas un bilan de trois ans d’exercice à la tête du Gouvernement, ne sont qu’un simple ramassé pour indiquer à la prochaine équipe les grands défis qui l’attendent. L’opinion elle, plus que jamais exigeante, attend d’avoir de meilleures conditions de vie, de travail et de sécurité.
B.Abdallah/Aminata.com
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