À Ouaga, sur les traces des « immortels »:
Quelques jours de congés et me voilà au Burkina sur les traces d’une idole !!! En séjour privé à Ouagadougou, un rendez-vous avec Thomas Sankara était inévitable ! Après quelques échanges avec les dirigeants du Parti Sankariste, me voilà au cimetière de Dagnoen ou je devais rencontrer le héros de la révolution africaine. Mais stupeur, le capitaine pourtant habituellement ponctuel, ne m’a pas attendu, il n’est d’ailleurs plus dans sa supposée demeure, sensée pourtant être sa dernière !!!
Même mort, Sankara a un esprit rebelle en perpétuelle quête de vérité, de liberté et de justice… À cette place où ses assassins l’avaient furtivement enseveli le soir du 15 octobre 1987, il n’y a plus qu’un amas de bétons qui vous nargue dans ce silence retentissant de la cité des morts !!!
Que faut-il faire ? Rebrousser chemin ? Non, que non !!! Quelque chose là haut, semble me dire, qu’en ces lieux lugubres rôde toujours l’esprit vagabond et bienveillant d’un immortel. Au détour de ces arbustes faméliques, dans cette moiteur sèche de l’harmattan ouagalais, du fond de ces trous béants (véritable œil de Caïn posé sur les meurtriers et les injustes) me toisent plusieurs décennies d’histoire, de révolte et de révolution… alors comme poussé par les mânes, je m’incline pieusement et je prie pour l’âme de Sankara !!!
Le rendez-vous avec Norbert Zongo ne sera pas compliqué…les journaliste ont le sens du temps, même si en ces lieux intemporels le temps n’a plus de sens ! Le cimetière de Ghoughin m’a impressionné par sa propreté et sa fière allure… et l’allure ? a-t-elle un sens là où tout le monde tombe ???
ici repose à jamais Norbert Zongo, mort la plume à la main, en quête de justice et de liberté…en priant sur la tombe de ce martyr, Sankara me revient en ces termes qui ont accompagné mes premiers pas révolutionnaires : « Tuez Sankara, vingt autres sankara naîtront » !!! Le capitaine de Ouaga avait raison…combien sont-ils de Sankara aujourd’hui à travers l’Afrique ??? C’était un petit bonjour de Ouaga !
Siaka Barry