Tayaki est un village situé à environ 4 kilomètres de Kobaya, dans la commune de Ratoma, en haute banlieue de Conakry. La population de cette localité perdue de la capitale Conakry est estimée à 900 habitants, avec pour activités principales : l’agriculture et la pêche artisanale.
Une fois à Tayaki, on ne se croirait nullement dans une localité de la capitale guinéenne. Avant d’y accéder, le visiteur est sommé de faire un parcours pédestre de plusieurs kilomètres, entre les plaines rizicoles et à pieds nus pour affronter la boue.
Le village Tayaki, à l’image de plusieurs localités du pays, est privé de tout ou presque. Au moment où les autorités se targuent d’avoir construit près de 5000 salles de classe, Tayaki n’a aucun établissement scolaire. Une baraque y est tout de même installée, et qui sert de salle de classe avec en tout et pour tout un seul instituteur. L’eau potable est une denrée rare, voire inexistante au grand dam des populations qui parcourent des kilomètres pour se l’approprier à Kobaya. Pas un seul centre de santé. Que dire de l’électricité qui reste encore un luxe pour les habitants de Tayaki ? Rencontrée lors d’une visite de terrain le dimanche 4 décembre, M’Mamie Camara a accepté de raconter son quoti- dien. « Avant, on gagnait beau- coup à travers l’agriculture. Mais actuellement, l’eau de mer a envahi nos terres. Nous vivons dujourlejour.Iln’yaquedela misère dans notre village », se plaint-elle.
Un peu plus loin, un autre habitant de la localité a été approché par notre reporter.
Aboubacar Camara, qui quittait son champ, ne cache pas sa colère contre les autorités guinéennes. « Lors des campa- gnes électorales, l’Etat nous a promis tout. Mais jusque-là, nous n’avons rien vu. L’avenir de nos enfants nous préoccupe. Ils n’ont même pas où étudier.
On n’a pas d’eau, pas de routes. Pourtant, nous sommes dans un village qui se trouve dans la capitale », déplore-t-il.
Pour ne pas laisser les enfants divaguer sans aucune occu- pation, une baraque de fortune a été construite à l’entrée du village. Le local sert de salle de
classe, nous dit-on, mais ne serait pas reconnu par les autorités éducatives.
Un seul instituteur y dispense des cours à 42 élèves dont les parents s’acquittent d’une scolarité mensuelle de 5000 francs guinéens.
« Je donnais des cours chez moi. Mais quand j’ai vu qu’il y a beaucoup d’enfants déscolarisés dans le village, j’ai construit ce hangar. Une seule salle pour trois classes. J’enseigne des élèves de la 1re en 3e année », explique M. Camara, qui exhorte l’Etat à venir en aide à cette localité laissée à elle-même.
Par Aissatou Diallo
Le Populaire Guinée