Quelques jours après le troisième anniversaire marquant la tentative d’assassinat de l’ancien Chef de la junte militaire, son bourreau revient sur un épineux sujet qui est la justice. Ce dimanche 15 décembre à 22 heures 46 minutes, une voix se présentant du nom de lieutenant Aboubacar Diakité alias Toumba a contacté notre rédaction par téléphone sur un numéro masqué.
Dans l’entretien de 5 minutes 30 secondes, l’ancien aide de camp du capitaine Dadis Camara sur un ton fraternel, affirme être « prêt » à comparaître devant « une justice indépendante » pour montrer son innocence. Tout de même, le lieutenant Diakité pose de conditions : »Je ne reproche de rien. J’ai sauvé la Guinée car c’est moi qui ai secouru les leaders politiques qui ont même témoigné sur les chaînes internationales. Tout le monde doit savoir ce qui s’est passé. Pour cela, je suis prêt à comparaître à condition que ma sécurité et celle de ma famille soient garanties et tous ceux qui sont concernés comparaissent« . Plus tard, il rappelle que son frère a été « sauvagement » tué sans qu’aucune enquête ne détermine les auteurs.
A la question du genre de justice qu’il souhaite, il répond: « l’essentiel pour moi c’est d’avoir une justice sans ordre, vous avez vu en 2010 ce que la commission manipulée avait publié. Elle avait tout dit sauf la vérité. Elle m’a désigné comme étant le responsable des massacres et avait innocenté les vrais auteurs. Son rapport était le contraire du rapport de la commission d’enquête des Nations-Unies« .
Pour lui, jusqu’à présent la justice traîne. « Le capitaine Moussa Dadis Camara refuse de comparaître. Depuis que le colonel Pivi a été inculpé, il n’y a encore eu aucune suite. Des jeunes de la Forêt ont mis de pressions sur les autorités judiciaires, depuis on ne voit rien« , ajoute-il. S’agissant à la crise qui avait secoué le pays, le lieutenant Diakité encourage « tous les fils de la Guinée au dialogue« .
Le 28 septembre 2009 au stade de même nom, des opposants manifestent contre une éventuelle candidature du capitaine Moussa Dadis Camara. A l’intérieur du stade, une foule dans l’euphorie prenne d’assaut les tribunes. Quelques minutes plus tard, des militaires font irruption et tirent à bout portant sur la foule. La manifestation se transforme en bain de sang. Bilan des massacres, 157 tués, de milliers de blessés, une dizaine de femmes violées en plein jours et plusieurs disparus. L’horreur de la répression choque la communauté internationale et met en place une commission d’enquête onusienne. Ce rapport culpabilise le capitaine Dadis Camara, Moussa Tiegboro Camara alors colonel, le commandant Jean Claude Pivi alias Coplan. La tension est vive au sein de la junte.
Le 3 décembre, le lieutenant Toumba Diakité soupçonnant le capitaine Dadis de lui faire porter la responsabilité des massacres se retranche sur son quartier général, le camp Koundara. Dadis se déplace, les altercations s’engagent entre les deux hommes. Quelques minutes, le lieutenant Toumba tire une balle dans la tête de l’ancien Chef du CNDD. Blessé, il est évacué sur le Maroc où il subit de soins. Tentant de rentrer à Conakry, l’avion du capitaine atterri d’urgence à Ouagadougou où il séjourne jusqu’à présent. Trois ans après les massacres du 28 septembre, les victimes et leurs familles attendent toujours justice.
— conakrylemag