Depuis dix ans, la Communauté internationale se bat pour que se tienne un procès sur les massacres du 28 septembre 2009. En dépit du manque évident de volonté du pouvoir guinéen de faire juger les auteurs de ces crimes, il s’est résolu en fin de compte à organiser un procès qui aura lieu bientôt d’après le ministre de la Justice. Le Président de la République ne semblait pas faire de cette affaire une priorité et disait même que les Guinéens avaient plus besoin d’eau et d’électricité que d’un tel procès.
Mais la discrète mais très efficace pression de la Cour Pénale Internationale a fini par avoir raison de l’inertie de l’État guinéen dans la gestion de ce dossier. Pour que ce dossier échappe à la CPI, la Guinée devait donner des garanties sérieuses quant à sa volonté et à sa capacité à faire juger elle-même cette affaire. Elle est donc obligée de respecter son engagement vis-à-vis de la communauté internationale.
C’est la preuve qu’il est impossible de laisser impunis certains actes criminels.
Ceux qui tuent aujourd’hui ou qui s’apprêtent à tuer au nom du maintien d’ordre en espérant qu’ils n’auront jamais à rendre compte de leurs actes devant la Justice un jour se trompent gravement. Même s’il est parfois difficile de connaître l’identité de celui-ci qui tire, les donneurs d’ordre ou la chaîne de commandement ne seront pas quant à eux à l’abri de poursuites pénales. C’est ce principe que le Garde des Sceaux a rappelé récemment à propos justement du dossier des tueries du 28 septembre 2009. Il viendra un moment où l’on n’est plus aux affaires et ne bénéficie plus de la protection du pouvoir, c’est en ce moment que les poursuites pénales deviennent plus difficiles à supporter. Certes, de 1958 à nos jours, aucun dirigeant n’a été amené à rendre de ses agissements. Mais cette pratique va indubitablement prendre fin un jour. C’est une question de temps et de volonté politique.
Par Me MOhamed Traoré avocat
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