La constance, la ténacité et la patience dans son combat sont trois des principales qualités attribuées à l’actuel président de la République.
Pendant ses longues années d’opposition politique et en dépit des nombreux échecs qu’il a essuyés, il est resté attaché à ses valeurs et, en tout cas, à ses objectifs. Il ne s’est jamais rallié aux pouvoirs qu’il combattait; il n’a jamais collaboré avec ses adversaires, du moins officiellement et, de cette manière, il n’a à aucun moment contribué à légitimer les actes anti-démocratiques reprochés aux régimes précédents. Cette réputation d’un homme politique qui n’a jamais été associé à la gestion jugée très critiquable des deux premiers présidents de la République a joué dans une certaine mesure en sa faveur en 2010. Il a été présenté comme l’homme qui avait les mains propres, bref comme un homme neuf. Il est vrai que, et c’est l’autre côté de la médaille, le fait de n’avoir jamais géré des affaires publiques est aussi perçu par certains comme l’une des causes de certains problèmes qu’il rencontre à la tête du pays. Cela dit, il a su éviter les va-et-vient entre le pouvoir et l’opposition pendant ses années de lutte.
C’est malheureusement, cette constance et cette cohérence qui manquent actuellement à beaucoup d’acteurs politiques. En effet, dès qu’ils rencontrent la moindre difficulté dans leur parcours politique ou le moindre obstacle sur leur chemin, ils renoncent à leur combat. Parfois, ils ne se contentent pas de cette renonciation ; ils rejoignent leur adversaire d’hier et oublient totalement les motifs de leur combat. Pour justifier cette volt-face, ils ne s’embarrassent d’aucune logique ; le message véhiculé devient brumeux, indécryptable, indéchirable au grand désarroi des militants qui croient ou croyaient en eux. L’une des méthodes employées est de taper très fort sur le compagnon ou l’allié d’hier alors que l’objectif même du combat reste inchangé.
Me Mohamed Traoré