Maintenant qu’on apprend que celui qui a causé la mort de Mahmoud Barry ne serait pas un Algérien mais un Turc, certains commencent à dire « Algérien ou Turc, il doit payer ». Ce qui est tout à fait juste. Tout auteur d’une infraction doit payer, peu importe sa nationalité. Mais préciser que le suspect dans cette affaire n’est pas un Algérien sans intérêt puisque l’idée d’une manifestation devant l’Ambassade d’Algérie avait été émise par certains sans compter qu’il y avait une sorte d’arabophobie ou d’algérophobie qui commençait à naitre dans les esprits.
La mort de Mahmoud Barry intervient, il est vrai, dans un contexte d’indignation provoquée par la révélation de cas de traitements inhumains et dégradants dont sont victimes des Africains du Sud du Sahara vivant dans certains pays arabes notamment au Maghreb.
La réaction des uns et des autres est donc parfaitement compréhensible. Mais comme l’ont dit certains, » un Algérien n’est pas l’Algérie » » un Turc n’est pas la Turquie « .de même qu’un Guinée n’est pas la Guinée. Et il est toujours important de penser aux milliers de Guinéens qui vivent dans ces pays avant d’entreprendre des actions dont les conséquences pourraient leur être préjudiciables.
Par ailleurs, il n’y a aucune raison de penser que la police ou la justice française chercherait à étouffer cette affaire ou à nier le caractère raciste de l’agression qui a coûté la vie à notre compatriote, en évoquant les » antécédents psychiatriques » de la personne interpellée.
Au contraire, l’on peut faire confiance en la justice française et, dans tous les cas, l’indépendance de la magistrature n’est pas aussi illusoire qu’elle l’est dans certains pays, même si elle n’est pas totale, à en juger par certaines critiqués qui lui sont faites.
Le système judiciaire fonctionne dune manière que l’on peut considérer satisfaisante. Et le fait qu’il y ait eu déjà une interpellation soixante-douze heures seulement après les faits, est un bon signe. Dans certains pays, cela relèverait de l’impossible. Il y a des pays où les enquêtes se limitent au stade où elles ont été ouvertes.
Mohamed Traoré Avocat