Après 63 ans d’indépendance, la Guinée semble devenir un véritable marché pour les prestataires en soins de santé des autres pays du continent.
En effet, lorsqu’on s’embarque de Conakry pour Dakar, Casablanca ou Tunis, il est très courant de constater que la plupart des passagers du vol sont des patients en voyage sanitaire. Cette situation donne l’impression que ces lignes aériennes sont rentables grâce à une étude de marché faite sur les besoins sanitaires de nos concitoyens.
Avec la mauvaise qualité des diagnostics médicaux et des aliments, les faux médicaments, l’insalubrité et la pollution, il y a de quoi miser sur la prolifération de toute sorte de maladie dans notre pays pour garantir une rentabilité durable des investissements sur les infrastructures hospitalières.
D’après plusieurs témoignages, certaines cliniques privées auraient même des réseaux informels de “démarcheurs” pour les aider à puiser au maximum dans le “vivier” des patients Guinéens. C’est une sorte de stratégie subtile pour s’attirer la clientèle à travers des conseils et recommandations prodigués par des relais locaux.
En fait ces évacuations sanitaires représentent une mane financière importante qui fuit notre économie pour alimenter celle des autres. Cela se fait à travers les dirigeants et les patients qui ont la chance d’être pris en charge par un parent ou proche vivant à l’extérieur ou ayant une position professionnelle confortable dans le pays.
Par exemple, un patient accompagné qui va se soigner en Tunisie, dépense doublement sur les billets d’avion, le logement, les frais de consultation et de traitement, la restauration, les déplacements etc. Ainsi, de la compagnie aérienne Tunis Air à la dernière course de taxi, il dépense dans l’économie Tunisienne au détriment de celle de son pays.
Comme quoi, gouverner c’est anticiper les besoins et préparer les offres correspondantes.
Aliou BAH
#MoDeL
— conakrylemag