Dans une démarche résolue contre la corruption, le Colonel Mamadi Doumbouya, à la tête du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), a érigé cette lutte en priorité absolue. Peu de temps après son accession au pouvoir, une initiative majeure a été lancée : la création de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).
Dans son allocution du nouvel an, le Colonel Doumbouya a exprimé sa fierté pour les progrès accomplis, exhortant le peuple guinéen à persévérer dans son soutien aux efforts de lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics. Il a affirmé avec fermeté : « Nous pouvons être fiers du travail accompli et j’en appelle au sens de responsabilité du peuple de Guinée de continuer à soutenir les actions visant à lutter contre la corruption et le détournement de deniers publics ». Il a également souligné son impartialité dans cette lutte : « je n’ai pas d’amis ou de famille face à la corruption et le détournement de deniers publics. Et comme je vous avais promis, ma main ne tremblera pas ».
Cependant, ces mesures n’ont pas convaincu tout le monde. Baadiko Bah, ancien député, reste sceptique quant à l’efficacité de ces initiatives. Il préconise une transparence accrue, suggérant que « le CNRD et tous les membres du gouvernement déclarent leurs biens au moment de leur entrée en fonction ». Il fait l’éloge du FNDC pour ses efforts dans la détection des biens cachés des dignitaires du régime, une démarche qu’il considère comme exemplaire et comparable à celle entreprise au Burkina Faso. Bah insiste sur la nécessité de cette transparence : « Ils n’ont qu’à déclarer leurs biens. En ce moment, on leur croira. Sinon, c’est de la pure propagande. Ce n’est pas sincère », déclare-t-il en tant que président de l’Union des forces démocratiques (UFD).
Bah va plus loin dans sa critique, remettant en question la véritable fonction de la CRIEF. Selon lui, cet organe serait utilisé pour éliminer les opposants au CNRD, plutôt que pour combattre la corruption. « La CRIEF est un organe pour neutraliser tous ceux qui dérangent l’agenda de confiscation de pouvoir du CNRD. C’est la fonction de la CRIEF aujourd’hui. On neutralise tous ceux qui dérangent le pouvoir. C’est tout. Ceux qui ne sont pas en exil seront en prison. C’est uniquement l’objet de la CRIEF, il n’y a pas d’autres », affirme-t-il.
Il conclut en mettant en doute l’impact réel de ces mesures sur la corruption en Guinée : « Où sont les jugements sérieux ? Où sont les milliards récupérés ? Est-ce que ça a arrêté la corruption, les marchés de gré à gré, les rénovations bizarres de résidences ? Est-ce que ça a arrêté tous ceux qui construisent des routes goudronnées pour rentrer chez eux ? Où est la transparence dans la gestion des choses publiques ? Où est le sérieux et l’engagement du respect du bien public ? Zéro. On ne peut pas y croire », conclut l’ancien parlementaire, soulignant ainsi les défis persistants dans la lutte contre la corruption en Guinée.
Oumar Sylla pour Conakrylemag.com
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