Comment la Justice, Boussole de la Transition, Peut-Elle Emprisonner pour des Mots ?
Incarération d’Aliou Bah : Un Défi pour la Transition
Guinée : L’Incarcération d’Aliou Bah, un Symbole de la Dérive Autoritaire – Comment la Justice, Boussole de la Transition, Peut-Elle Emprisonner pour des Mots ?
Une Arrestation qui Défie les Principes de la Transition
En Guinée, où la junte au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021 promet une transition guidée par la justice comme « boussole », l’incarcération d’Aliou Bah, leader du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), soulève des interrogations profondes sur la liberté d’expression et les droits humains. Arrêté le 26 décembre 2024 à la frontière avec la Sierra Leone, Bah a été condamné le 7 janvier 2025 à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » envers le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya.
Son procès en appel, renvoyé plusieurs fois, a finalement confirmé la sentence en mai 2025, laissant cet opposant derrière les barreaux pour avoir simplement exprimé des critiques publiques. En 2025, alors que le référendum constitutionnel du 21 septembre approche, cette affaire interroge : comment un régime qui se veut réformateur peut-il emprisonner un citoyen pour des paroles ? Cet article de fond explore les faits, questionne les fondements de cette détention, et rappelle le rôle supposé de la justice comme pilier de la transition guinéenne, en appelant à un débat urgent sur la démocratie naissante.
Les Faits : Une Arrestation pour « Offense » et un Procès Expéditif
Aliou Bah, une voix critique du CNRD, a été arrêté alors qu’il tentait de regagner Conakry après un séjour à l’étranger. Les charges portées contre lui découlent de déclarations publiques où il dénonçait la gestion de la transition, accusant Doumbouya de dérive autoritaire et de non-respect des engagements initiaux, comme la tenue rapide d’élections. Selon des rapports d’Amnesty International et de l’Union Européenne, ces propos, tenus lors d’interviews et de conférences, ne contiennent aucune incitation à la violence, mais relèvent d’une critique politique légitime.
Le procès, tenu en janvier 2025, a été qualifié de « hautement politique » par des observateurs. Aliou Bah a été condamné à deux ans fermes, une sentence confirmée en appel malgré les appels à sa libération lancés par des organisations comme Africtivistes, qui ont demandé sa remise en liberté immédiate en janvier 2025. RFI rapportait à l’époque que cette détention visait à museler une des voix les plus critiques du CNRD, dans un contexte où la junte prolonge la transition sans calendrier électoral clair. Mais comment justifier une telle mesure pour des mots, dans un pays en « transition vers la démocratie » ?
Questionnement : La Justice, Boussole ou Instrument de Répression ?
Le CNRD, lors de sa prise de pouvoir en 2021, avait promis une justice indépendante et impartiale, érigée en « boussole de la transition ». Doumbouya lui-même avait déclaré que la justice serait le fondement d’un nouveau Guinée, libre de corruption et de népotisme. Pourtant, l’affaire Aliou Bah semble contredire ces engagements. Comment une institution censée protéger les droits fondamentaux peut-elle condamner un opposant pour « offense et diffamation », des charges souvent utilisées pour bâillonner la dissentation ? N’est-ce pas une violation flagrante de l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui garantit la liberté d’opinion et d’expression ?
Interrogeons-nous : si la justice est la boussole, pourquoi pointe-t-elle vers la répression plutôt que vers la vérité ? Bah n’a pas appelé à la violence ; il a dénoncé un « état de fait », comme la prolongation indéfinie de la transition et l’exclusion d’opposants du recensement biométrique, des faits corroborés par des rapports internationaux. Sa détention, qui dure depuis huit mois, soulève des doutes sur l’indépendance judiciaire : les juges, nommés sous le régime CNRD, sont-ils vraiment libres, ou servent-ils d’instrument pour éliminer les critiques ? Et si Bah est emprisonné pour ses mots, qu’en est-il des disparitions forcées de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, toujours non élucidées malgré les promesses du CNRD ?
Rappel : Le Rôle Attendu de la Justice dans la Transition
Rappelons que la charte de transition de 2021, adoptée par le CNRD, place la justice au cœur du processus, comme garante de l’État de droit et de la lutte contre l’impunité. Doumbouya avait juré de réformer un système judiciaire corrompu sous Alpha Condé, promettant des procès équitables et la fin des détentions arbitraires. Pourtant, des cas comme celui de Bah, ou l’arrestation de journalistes et activistes pour « diffamation », montrent une justice sélective. Comment expliquer que, sous une transition censée restaurer la démocratie, un homme soit enfermé pour avoir dénoncé des faits publics, comme la gestion opaque des fonds publics ou les retards électoraux ?
Cette contradiction interpelle : la justice est-elle la boussole, ou un outil pour consolider le pouvoir ? Des experts comme ceux de Human Rights Watch (2025) notent que plus de 200 opposants ont été arrêtés depuis 2021 pour des motifs similaires, érodant la crédibilité de la transition. Si la boussole dévie, vers où mène-t-elle la Guinée une démocratie naissante ou une dictature déguisée ?
Interpellation : Des Questions pour un Débat National
Cette affaire doit nous interpeller tous. Comment un régime qui prône la justice peut-il tolérer des détentions pour opinion ? N’est-ce pas une violation du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques, ratifié par la Guinée ? Et si Bah est puni pour ses paroles, qu’en est-il de la liberté d’expression promise ? Interpellons le CNRD : libérez Aliou Bah et ouvrez un dialogue inclusif avant le référendum du 21 septembre. Aux juges : êtes-vous indépendants, ou complices d’une répression ? À la communauté internationale : la CEDEAO et l’UA ne devraient-elles pas conditionner leur soutien à des libérations immédiates ?
Enfin, aux Guinéens : n’est-il pas temps de débattre publiquement de ces injustices ? Des manifestations comme celles prévues le 5 septembre pourraient être un catalyseur, mais sans violence. Partagez vos avis : la justice guinéenne est-elle encore la boussole, ou a-t-elle perdu le nord ?
Vers une Justice Véritable ou une Impasse ?
L’incarcération d’Aliou Bah n’est pas qu’un cas isolé ; c’est un test pour la transition guinéenne. Si la justice, censée guider vers la démocratie, sert à réprimer la voix du peuple, l’avenir s’assombrit. Rappelons que la vraie boussole n’est pas un slogan, mais des actes : libérez les prisonniers politiques, respectez les droits, et laissez les mots libres. Sinon, la Guinée risque de dériver vers l’autoritarisme. Le débat est ouvert : que faire pour que la justice redevienne un phare, non un cachot ? Réfléchissons ensemble, avant qu’il ne soit trop tard.
— conakrylemag




