Conakry : La Déstruction de La Paillote Indigne Sekou Bembeya, qui Pleure une Perte Culturelle Majeure
La démolition de La Paillote, un lieu mythique de la culture guinéenne à Conakry, continue de susciter une vive émotion. Réalisée mercredi 13 août, cette action a profondément choqué les figures de l’âge d’or musical guinéen, à l’image de Sekou Bembeya Diabaté, guitariste légendaire du Bembeya Jazz National, surnommé « diamond fingers ». Dans une interview accordée à Africaguinee.com, il a exprimé sa douleur et sa consternation, qualifiant cet acte de « destruction d’une grande partie de la culture guinéenne », tout en s’interrogeant sur les intentions des autorités et l’avenir des artistes.
Un Symbole Culturel Rasé, une Blessure Profonde
La Paillote, longtemps un carrefour artistique où se sont croisés des générations de musiciens, d’écrivains et de performers, a été réduite en ruines sans avertissement clair. Sekou Bembeya, dont les riffs de guitare ont marqué l’histoire du jazz africain, se dit « très, très mal » et « choqué » par cette décision. « Depuis plusieurs jours, ils sillonent là-bas. On pensait à une rénovation, et aujourd’hui, on voit ça. On ne sait pas ce qu’ils veulent faire : reconstruire La Paillote ou y ajouter des maisons », a-t-il déploré, soulignant l’absence de communication officielle. Pour lui, ce lieu était bien plus qu’un espace physique : « C’était l’espoir général de la culture guinéenne, un lieu de mémoire pour notre génération. »
L’artiste ne mâche pas ses mots envers les responsables, qu’il accuse de pleine conscience de l’importance du site. « Ceux qui ont donné l’ordre savent que La Paillote est emblématique. Ils ont détruit une part essentielle de notre héritage culturel », a-t-il affirmé, laissant transparaître une indignation partagée par de nombreux acteurs culturels. Cette démolition soulève des questions sur les priorités du régime de Mamadi Doumbouya, surtout à l’approche du référendum du 21 septembre, où la préservation de l’identité nationale est un enjeu sensible.
Un Impact Direct sur les Artistes et leur Art
Au-delà du symbole, la disparition de La Paillote pose des problèmes pratiques pour les musiciens. Sekou Bembeya s’inquiète des répercussions sur son groupe et ses pairs : « Où allons-nous répéter maintenant ? Où organiser nos soirées ? » Cet espace servait de salle de répétition et de scène pour des concerts, offrant une vitrine aux talents guinéens. Sa perte risque de priver une nouvelle génération d’artistes d’un lieu où s’épanouir, aggravant la crise culturelle que traverse le pays face à la montée des influences étrangères, comme dénoncé récemment par des internautes tels que Kharé Menguè 224.
Contexte et Réactions Attendues
Les motifs de cette démolition restent nébuleux. Certaines rumeurs évoquent des projets immobiliers ou d’infrastructures, mais aucune annonce officielle n’a été faite par les autorités ou la mairie de Conakry. Cette opacité alimente les spéculations et la colère, d’autant que le patrimoine culturel guinéen, déjà fragilisé par des décennies de négligence, subit un nouveau coup dur. Des artistes comme Mory Kanté ou des groupes comme le Bembeya Jazz ont forgé leur légende dans des lieux comme La Paillote, rendant cette destruction encore plus symbolique.
Pour l’instant, aucune réaction du gouvernement n’a été enregistrée, mais la grogne monte parmi les défenseurs du patrimoine. Cette affaire pourrait se transformer en un point de ralliement pour les opposants au CNRD, notamment les Forces Vives, qui prévoient des manifestations le 5 septembre. La question reste ouverte : cette démolition est-elle un accident administratif ou une décision délibérée pour effacer un pan de l’histoire guinéenne ?
Perspectives et Débat à Venir
La destruction de La Paillote soulève des enjeux cruciaux : comment préserver le patrimoine culturel dans un pays en transition ? Les ressources allouées aux projets d’infrastructure ne devraient-elles pas inclure la restauration des sites historiques ? Et si ce lieu était reconstruit, pourrait-il retrouver sa gloire d’antan ou est-il condamné à devenir un souvenir ? Ces interrogations invitent à un débat national sur l’équilibre entre développement et héritage, un sujet brûlant alors que la Guinée cherche à définir son identité à l’horizon 2030, comme le promeut Paulo Duarte pour le football.
En attendant des clarifications, la voix de Sekou Bembeya résonne comme un appel à la mémoire collective. La Paillote n’était pas qu’un bâtiment ; c’était un cœur battant de la culture guinéenne. Sa disparition laisse un vide que ni les mots ni les projets immobiliers ne pourront combler facilement.
— conakrylemag
