HOMMAGE À WILLIAM SASSINE ET SES CHRONIQUES ASSASSINES !
La mort a privé les amoureux de l’écriture satirique d’un des plus grands écrivains d’Afrique francophone.
J’ai connu ce grand homme non seulement par le biais de ses romans (« Saint Monsieur Baly »(1973) » le jeune du sable »(1997) , « le zeheros n’est pas n’importe qui »(1985) » Wiriyamu » (1976) ) mais également à travers mon père( paix à son âme) qui ne ratait presque jamais les chroniques assassines du journal le lynx dont il était auteur.
À l’époque jeune collégien, je m’en délectais avec un plaisir indescriptible car elles traduisaient mes ressentis par rapport à la mauvaise gouvernance servie quotidiennement aux Guinéens par l’administration CONTÉ.
Ces chroniques, il le faut rappeler, etaient des témoignages précieux de la vie politique, sociale et culturelle guinéenne au temps du président Lansana Conté. Chaque semaine, dans Le Lynx fondé par des journalistes formés en Côte d’Ivoire, William Sassine livrait une lecture acerbe et sarcastique de la Guinée, pays devenu, pour le reprendre, « un concentré de la sauce du sous-développement, l’arôme Maggi des marmites vides « . Lui qui pensait » écrire en vain » aura profondément marqué le paysage littéraire et intellectuel guinéen en donnant voix aux exclus.
MAIS QUI ÉTAIT EN REALITÉ WILLIAM SASSINE ?
Williams Sassine était ingénieur en Ecologie tropicale et docteur en Mathématiques. Il a dû longtemps s’exiler, notamment en Mauritanie, où il a travaillé comme enseignant, avant de revenir en Guinée où il était chroniqueur et conseiller au Lynx, journal satirique hebdomadaire. Il était également rédacteur en chef du bimensuel d’information, La Guinée-Djama et collaborateur à L’Éducateur, trimestriel pédagogique.
Parmi les écrivains africains francophones, Williams Sassine est celui chez qui la notion de marginalité colle à la peau. Cette marginalité est avant tout la conséquence de son métissage biologique. Né d’un père libanais et d’une mère guinéenne, Sassine prend vite conscience de son altérité au sein de la société africaine.
Décédé à l’aube du 9 février 1997 devant sa machine à écrire alors qu’il s’apprêtait à taper l’une de ses « chroniques assassines » pour le journal satyrique Le Lynx auquel il collaborait depuis cinq ans, l’écrivain guinéen aura passé sa vie à défendre les gens de peu, les gens de rien.
Paix à son âme. Amina !!!
Par Khalil Djafounouka Kaba
PAR CONAKRYLEMAG.COM
— conakrylemag
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