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Guinée : une semaine décisive sous le signe du référendum constitutionnel et de l’attente présidentielle

Guinée : une semaine décisive sous le signe du référendum constitutionnel et de l’attente présidentielle

Introduction : une transition politique à la croisée des chemins

La Guinée, depuis le coup d’État militaire de 2021 mené par le général Mamadi Doumbouya, s’est engagée dans un long processus de transition. Au fil des mois, le pays fut marqué par l’instauration d’une Charte provisoire, la dissolution de l’Assemblée nationale et la suspension des principaux partis d’opposition. Cette transition, initialement encadrée et promettant le transfert du pouvoir vers des civils, s’est transformée en une période de remise en question profonde du modèle guinéen, oscillant entre espoir populaire et inquiétudes démocratiques.

Un référendum contesté pour une nouvelle Constitution

Le référendum du 21 septembre fut la pierre angulaire de la semaine passée. Ce scrutin, annoncé comme le tournant majeur pour sortir de la transition, a mobilisé plus de 6,7 millions de Guinéens. Les résultats officiels font état d’un taux de participation dépassant 90%, avec une victoire du « Oui » à plus de 80% dans la majorité des bureaux de vote. Les autorités mettent en avant la mobilisation et la dignité du peuple guinéen, saluant un acte fondateur pour une République rénovée, axée sur la justice, la transparence et la responsabilité.

Cependant, cette victoire est contestée par toutes les mouvances de l’opposition, qui dénoncent unanimement une « mascarade démocratique » orchestrée par le pouvoir militaire. Les principaux partis – UFDG de Cellou Dalein Diallo et RPG d’Alpha Condé – ayant été suspendus, la campagne du « Non » fut quasi inexistante, étouffée par de vastes restrictions sur les libertés publiques, la censure des médias et une surveillance sécuritaire accrue.

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La prédominance du « Oui » dans l’espace public fut renforcée par une campagne massive en faveur du général Doumbouya, illustrée par la prolifération d’affiches et de rassemblements. À l’inverse, les voix dissidentes se heurtèrent à de multiples entraves et coupures Internet dénoncées par la société civile et des ONG internationales.

Que contient la nouvelle Constitution ?

Le texte adopté marque une profonde transformation institutionnelle :

  • Allongement du mandat présidentiel : de cinq à sept ans, renouvelable une fois.

  • Création d’un Sénat : la nouvelle chambre, dite de « réflexion », dont un tiers des membres seront nommés par le président.

  • Suppression de l’interdiction de candidature des militaires : contrairement à la Charte de transition de 2021, la nouvelle Constitution permet à Mamadi Doumbouya et aux membres de la junte de briguer la magistrature suprême, malgré l’engagement initial de ne pas participer à l’après-transition.

Les critiques pointent un renforcement de l’architecture autoritaire, un affaiblissement du pluralisme démocratique et un verrouillage des institutions au profit du pouvoir militaro-présidentiel.

De lourds soupçons sur l’intégrité du processus électoral

La semaine passée a vu l’opposition redoubler les critiques sur la sincérité du scrutin. Boycott, files d’attente inégales entre zones urbaines et rurales, taux de participation contesté, paralysie des mouvements dissidents et suspension des partis principaux : autant d’éléments qui, selon Cellou Dalein Diallo et plusieurs organisations internationales, entachent le processus d’une suspicion de manipulation.

La société civile guinéenne alerte sur l’évolution préoccupante d’un régime où la répression, les arrestations arbitraires d’opposants, la dissolution du FNDC et la censure des médias sont devenues courantes.

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Réactions et conséquences internationales

L’Union africaine, la CEDEAO et l’Union européenne ont exprimé des inquiétudes sur l’avenir démocratique du pays, appelant à la mise en place d’un calendrier électoral crédible et à la protection effective des droits fondamentaux. Washington, de son côté, évoque une “confiscation du processus démocratique”.

La semaine a aussi vu des dossiers sensibles affleurer, tel que le projet minier du Simandou, où des soupçons de corruption et de captation des ressources par le cercle présidentiel alimentent la grogne populaire et la défiance internationale.

Perspective et attente de la présidentielle

Dans la foulée du référendum, le gouvernement guinéen a fixé la date de l’élection présidentielle au 28 décembre 2025. Ce rendez-vous est présenté comme l’aboutissement du processus de transition et la concrétisation de la volonté populaire. Une impatience grandissante s’observe parmi les citoyens, portés par l’espérance d’un changement mais tourmentés par les incertitudes sur la sincérité des leaders en place.

En parallèle, des réformes structurelles, notamment dans le logement et l’habitat, sont célébrées comme symboles de modernisation, bien que les résultats concrets peinent à convaincre une majorité toujours confrontée à la pauvreté, au déficit d’accès à l’électricité et à l’eau potable.

La société civile sous pression et la fracture sociale persistante

La semaine écoulée fut aussi marquée par des incidents éclipsés par l’actualité constitutionnelle : enlèvement du père d’un journaliste dénonçant le régime militaire, poursuites et intimidations de journalistes, manifestations dispersées dans le sang et condamnations de leaders de la société civile. La fracture entre une élite économiquement favorisée et une majorité plongée dans l’insécurité et la précarité demeure l’obstacle central à toute refondation durable.

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Entre refondation et incertitude

La Guinée jongle avec ses espoirs de réforme et ses inquiétudes sur la démocratie. Si les tenants du pouvoir mettent en avant la refondation de la République et l’élan d’un peuple souverain, la réalité politique de la semaine écoulée laisse entrevoir une transition verrouillée, où la personnalisation du pouvoir, la restriction des libertés et la contestation populaire restent les véritables enjeux de l’avenir national.

Dans l’attente de la présidentielle de décembre et au regard du bilan institutionnel, la société guinéenne s’apprête à vivre une nouvelle séquence politique, cruciale autant pour son devenir démocratique que pour sa cohésion sociale.

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