![Mandian Sidibé](https://i0.wp.com/conakrylemag.com/wp-content/uploads/2025/01/Mandian-Sidibe.jpg?resize=474%2C237&ssl=1)
De la Gloire à la Chute : Le Parcours Tragique de Mandian Sidibé, de Paris à la Prison de Coronthie
L’histoire de Mandian Sidibé, ancien directeur de l’Office Guinéen de Publicité (OGP), ressemble à un roman aux rebondissements tragiques. Passé du froid parisien à la chaleur étouffante de la maison centrale de Coronthie, son destin illustre à la fois les espoirs déçus et les pièges du pouvoir. Arrêté et écroué dans la nuit du 31 décembre après de longues heures d’audition par l’IORDEF et la CRIEF, Sidibé incarne désormais l’ironie cruelle d’un homme qui a succombé aux pratiques qu’il dénonçait jadis avec virulence.
Un parcours semé d’ambitions et de contradictions
Il y a quelques années, Mandian Sidibé était une figure critique du régime d’Alpha Condé, qu’il accusait de corruption et de mauvaise gouvernance. Fuyant la prison sous ce même régime, il s’était réfugié en France, où il nourrissait des ambitions nobles pour son pays. À son retour en Guinée, porté par la vague de changement apportée par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), il a été nommé à la tête de l’OGP, une des régies les plus stratégiques et lucratives du pays.
À l’époque, Sidibé affichait une vision claire : réformer l’institution, la moderniser et en faire un pilier de la transparence et de l’efficacité. Pourtant, en moins de deux ans, l’OGP s’est retrouvée plongée dans une crise sans précédent. Neuf mois d’arriérés de salaires, des cotisations sociales impayées, des redevances publicitaires détournées pour 2025, une gestion clanique et des mutations opaques ont marqué son passage. Comment en est-on arrivé là ?
Les raisons d’une chute spectaculaire
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette déroute. D’abord, le manque d’expérience professionnelle de Sidibé dans la gestion d’une institution publique de cette envergure. Nommé davantage pour sa loyauté envers le CNRD que pour ses compétences managériales, il s’est rapidement retrouvé dépassé par les réalités du terrain.
Ensuite, la force attractive du système guinéen, souvent qualifié de « machine à broyer », semble avoir eu raison de ses principes. Celui qui critiquait avec véhémence les dérives du pouvoir s’est lui-même laissé entraîner dans une spirale de malversations et de gestion clientéliste. Comme une bille sur un plan incliné, sa chute a été rapide et inéluctable.
Enfin, la démagogie et la recherche du maintien au pouvoir à tout prix ont probablement joué un rôle clé. Sidibé, soucieux de conserver son poste, a opté pour des mesures populistes et des décisions court-termistes, au détriment de la pérennité de l’institution qu’il dirigeait.
Les enseignements d’un échec retentissant
L’affaire Mandian Sidibé est riche en enseignements pour la Guinée et au-delà. Elle rappelle d’abord l’importance de l’humilité dans la critique. Celui qui jette des pierres aujourd’hui peut se retrouver demain face aux mêmes tentations et aux mêmes défis. Ensuite, elle souligne que la propagande et la loyauté politique ne suffisent pas à garantir la réussite ou la pérennité à un poste. Seul le travail bien fait, axé sur des résultats concrets, peut légitimer une position de pouvoir.
Enfin, cette histoire met en lumière la nécessité de réformes profondes dans la gestion des institutions publiques en Guinée. La nomination de cadres compétents, la mise en place de mécanismes de contrôle rigoureux et la promotion de la transparence sont des impératifs pour éviter que de tels scénarios ne se reproduisent.
Une fin tragique, mais un espoir pour l’avenir
Aujourd’hui, Mandian Sidibé incarne la chute d’un homme qui a cru pouvoir changer le système avant d’en devenir l’une de ses victimes. Son emprisonnement à la maison centrale de Coronthie marque la fin d’un chapitre, mais aussi le début d’une réflexion collective sur les défis de la gouvernance en Guinée.
Dans un pays où les ressources abondent mais où les inégalités persistent, l’histoire de Sidibé doit servir de rappel : le pouvoir est une responsabilité, et ceux qui l’exercent doivent toujours garder à l’esprit les intérêts supérieurs de la nation. Pour la Guinée, l’espoir réside dans la capacité à tirer les leçons du passé pour construire un avenir meilleur.
Par Ibrahima Dramé pour conakrylemag.com
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