Des mois. Oui des mois faits de jours et de semaines. Des mois qui font une année. Des mois ponctués d’événements riches en enseignement. Et pour ce qui concerne la Guinée, ce sont des événements qui se ressemblent et qui nous disent combien de fois nous sommes obligés de parler. D’abord, la politique politicienne pour mieux la nommer. Elle colle le guinéen à la peau. Et ce n’est pas exagéré lorsqu’on parle de peuple militant. Foncièrement engagé, dit-on pour obtenir des changements majeurs dans tous les domaines.
Chaque citoyen aspire à plus de liberté et de progrès. Chacun le dit tous les jours à travers des discours, des chansons, des complaintes.
Chacun se plaint avec joie. Vous savez ce que sait se plaindre avec joie ? C’est lorsqu’on est obligé d’applaudir son bourreau. Le voleur économique qui ramène son entourage à la pure et honteuse mendicité. Parce que déjà pauvre, le combat pour la survie transporte tout le monde presque à des espaces réservés au mensonge.
Les salles et terrains de meetings politiques. Et arrêtés sous le soleil, lorsqu’on est dehors et surchauffé comme si on se trouverait au bout des plumes d’un aigle royal. L’aigle ne peut pas ne pas s’en servir. Il vole avec ce qui peut ressembler à un prolongement de ses plumes qui soulèvent de la poussière et envoie le grand oiseau à des hauteurs inimaginables, avec bien sûr la vitesse qu’on le connait. L’aigle peut alors se mettre à dévorer les siens. On est témoin et sans le vouloir on cautionne, parce qu’on est juste au bout de ses plumes. Sinon, même le peu de vent que procure le mouvement des ailes du rapace diurne, ne lui profite pas. C’est parce qu’il est au bout des plumes, pas sous les aisselles.
L’aigle, l’oiseau qui se nourrit forcément en faisant des drames. Nos politiciens qui portent au bout des cordes de leurs chaussures des affamés, disent leur engagement pour le peuple. Et c’est avec assez d’insistance qu’ils le disent en obligeant les uns et les autres à croire à leurs discours. Discours de marchands d’illusions qui encouragent et entretiennent le drame. Le drame qui donne accès aux privilèges à bien d’entre eux. Ceux qui savent négocier et qui négocient toujours autour des corps mutilés, s’en sortent avec des grosses voitures, des villas et des comptes en banque. Le peuple militant se contente des transports, des frais de campagne et des tee-shirts aux effigies des hommes et des femmes qui cherchent le pouvoir.
Le peuple militant ne se trompe pas de choix. Le choix lui est imposé dès lors qu’il est contraint de vivre du désespoir en raison du manque total de perspective. Et s’il veut parfois s’affranchir des formations politiques sous cette forme, mais en réalité des regroupements ethniques, on le convainc à travers les messages divisionnistes.
Progressivement, on enseigne l’intolérance, le repli sur soit, une vision étriquée des faits. Et il mute subitement à la défiance. Ceux qui tiennent la parole publique deviennent alors des bouc-émissaires. Ils sont jugés avec assez de préjugés, car ils portent des noms de familles. Des noms qui ramènent aux familles et aux ethnies. Les malins jugent même selon la religion. Le peuple militant n’a pas la bonne information, il reste manipulé. Des mois passent. Les politiques se dédisent, mais il les suit.
La Plume à Jacques
PAR CONAKRYLEMAG.COM
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