
Dans une manœuvre qui flirte dangereusement avec la flatterie institutionnalisée, le président de la transition guinéenne, Colonel Mamadi Doumbouya, est de retour à Conakry ce dimanche 12 novembre 2023. Son escapade diplomatique au sommet Arabie Saoudite-Afrique se termine, laissant place à une scène orchestrée par la Primature, où le personnel de l’administration publique est convoqué pour un accueil qui frise l’ostentation.
Ce n’est pas la première fois que la Primature se livre à ce genre de mise en scène. La convocation du personnel administratif pour gonfler les rangs d’un accueil « populaire » soulève des questions. Où se situe la frontière entre loyauté professionnelle et démonstration de force politique? Cette pratique, tout droit sortie du manuel du populisme, semble viser à projeter une image de soutien inébranlable au président Doumbouya, une image peut-être un peu trop soignée pour être sincère.
Ci-dessous message adressé au personnel du MEHH
« Urgent message de la Primature adressé à l’ensemble des Départements Ministériels
Bonsoir chers tous,
Par le présent, il est demandé à tous les conseillers du MEHH , les Directeurs nationaux /Généraux, le BSD, la DAF, les chefs des divisions, les Chefs des Services et les chefs des cellules, les syndicats et l’ensemble du personnel du Département de bien vouloir se mobiliser demain dimanche 12 novembre 2023 à 10 heures précises au niveau DE LA PASSERELLE BLOC DES PROFESSEURS SUR AUTO-ROUTE ( comme la dernière fois) afin de réserver un accueil chaleureux au Président de la République, Chef de l’Etat , Colonel Mamadi DOUMBOUYA, à l’occasion de son retour du sommet Saoudi-Afrique sur l’invitation personnelle du serviteur des deux saintes mosquées , le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud ,Roi d’Arabie saoudite.
Cordialement vôtre !!
Transmis par le Service de Communication et des Relations Publiques du MEHH »
L’utilisation des ressources administratives à des fins de propagande est un art délicat. Trop, et vous risquez de transformer des fonctionnaires dévoués en marionnettes politiques. Trop peu, et la démonstration d’allégeance tant recherchée pourrait se transformer en un pathétique rassemblement clairsemé. La Primature semble jouer avec le feu, jonglant entre la nécessité d’afficher un soutien massif et le risque de dépeindre une administration publique réduite au rôle de figurant dans un théâtre politique.
Ce retour triomphal, orchestré avec une précision d’horloger, soulève des interrogations sur l’autonomie réelle de l’administration publique dans un contexte politique en transition. Est-ce un signe de solidarité nationale ou un subtil rappel de qui détient le véritable pouvoir? La ligne est floue, et l’administration guinéenne marche sur un fil, entre devoir de service et allégeance politique.
Binta Barry pour Conakrylemag.com