
Gestion de la SONAP : Un Rapport d’Audit Révèle des Irregularités Majeures
La Société Nationale des Pétroles (SONAP) de Guinée, directement supervisée par la présidence de la République, fait l’objet de sérieuses accusations dans un rapport d’audit de l’inspection générale des finances. Ce document, qui a longtemps dormi dans les tiroirs, met en lumière des pratiques de gestion douteuses et soulève des questions cruciales sur la probité des dirigeants de cette entreprise étatique.
Le rapport, que nous avons pu consulter, porte sur l’audit de la structure des prix des produits pétroliers pour les années 2019 à 2022. La subvention des produits pétroliers par l’État guinéen a entraîné une baisse significative des recettes douanières, une situation exacerbée par la renonciation de l’État à ses droits et taxes pour atténuer l’impact de la hausse du prix du carburant sur les citoyens. Pour le premier trimestre 2022 seulement, l’incidence budgétaire de cette mesure était estimée à environ 515 milliards GNF.
Le cœur du problème réside dans la gestion des contrats d’importation de produits pétroliers par la SONAP. Par exemple, un contrat signé le 11 mars 2022 avec la société SAHARA ENERGY RESOURCE LIMITED a fixé une marge trader à 53$/T, bien supérieure à celle de 38$/T du contrat précédent. Trois semaines plus tard, un avenant a été signé pour porter cette marge à 115$/T, soit une hausse de 117%. Les auditeurs qualifient cette marge de « inédite » et pointent du doigt son impact sur le renchérissement du prix du carburant, ainsi que sur la perte de ressources financières significatives pour l’État.
En outre, la marge SONAP est passée de 20 GNF/L à 150 GNF/L. Les auditeurs recommandent de résilier l’avenant et de maintenir la marge à 20 GNF/L, ce qui pourrait augmenter les recettes douanières de 71 milliards 771 millions 124 mille GNF.
La SONAP a tenté de justifier cette augmentation drastique par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cependant, les auditeurs réfutent cet argument, affirmant que l’impact du conflit devrait se refléter dans le prix d’achat des produits plutôt que dans la marge.
Dans ce contexte, les propos du colonel Mamadi Doumbouya, affirmant qu’il n’y a « pas d’amis ou de famille face à la corruption et au détournement de deniers publics », semblent en contradiction avec l’inaction suivant la réception de ce rapport. Depuis juin 2022, aucune mesure n’a été prise, malgré les preuves accablantes qu’il contient.
Face à cette situation, il devient impératif de non seulement rendre public ce rapport, mais aussi d’ouvrir une enquête approfondie, en particulier concernant les patrimoines acquis de manière « illégale ». Alors que le peuple souffre, la transparence et l’intégrité doivent prévaloir sur toute forme de protectionnisme ou d’indifférence. Les journalistes, au lieu d’être la cible d’acharnements, dev
raient être soutenus dans leur quête de vérité et de justice.
En résumé, ce rapport révèle une situation alarmante au sein de la SONAP, où des pratiques de gestion opaque et potentiellement corrompue semblent avoir conduit à une perte considérable pour les finances publiques et une augmentation du coût de la vie pour les citoyens ordinaires. Il est temps pour les autorités guinéennes de prendre des mesures concrètes et transparentes pour rectifier cette situation et honorer leur engagement envers l’intégrité et la responsabilité. Le peuple guinéen mérite une gestion honnête et efficace de ses ressources naturelles.
Binta Barry pour conakrylemag.com
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