LES GUINEENS ET LA CRASSE : LA FATALE LIAISON

Nous sommes samedi 16 mai 1981 à l’Aéroport Gbessia, Conakry, jour de notre libération du Camp Boiro et de notre retour en Côte d’Ivoire. En attendant notre embarquement dans le Gruman du Président Houphouët Boigny (excusez du peu), nous sommes allé aux toilettes.

Un endroit particulièrement sale et dégoûtant : sol mouillé par des flaques d’eau souillée, pas de papier hygiénique, en lieu place des boites vides de boisson gazeuse qu’il faut remplir en puisant dans un fût rempli d’une eau douteuse…

Arrivé à Abidjan, nous sommes reçu par Me Jean Konan Banny, alors Ministre de la Défense. A l’issue de la rencontre, au lieu d’être ramené  chez nous à Adjamé, nous sommes dirigé vers le Commissariat central du Plateau Cité Administrative. Pour des raisons de formalités policières nous ne retrouverons notre famille que le lundi 18 mai. Au Commissariat, nous sommes balancé à la Garde à vue, dans les souterrains du bâtiment principal.

Chose vue : Dans ces lieux, il y a de l’eau courante partout, aux robinets, dans les WC et à une fontaine !  Et du savon. C’est la première fois que nous en voyions depuis le 28 Avril  1981, date de notre dépôt au Camp Boiro… Cela veut dire que dans une maison de détention du Plateau d’Abidjan d’alors, les toilettes sont plus fonctionnelles que celles de l’Aéroport international de Conakry de la même époque !

Avril 2016 : Trente cinq ans plus tard, dans n’importe quel service public où vous entrez, dans tout le pays,  Ministère, Direction Nationale, Commune, Gouvernorat, Préfecture et Sous-préfecture, il n’y a pas de WC publics fonctionnels, pas d’eau, à plus forte raison de savon. Y compris et surtout dans les hôpitaux.

Il ne faut pas s’étonner de l’amour particulièrement attachant qu’Ebola porte à la Guinée !

Pareil dans les mosquées, toutes les mosquées. Or, pour faire les ablutions, il faut se laver les parties intimes, ensuite, se laver les mains, se rincer la bouche avec les doigts qui viennent de toucher les parties cachées…  sans savon et aller prier. Heureux d’avoir accompli son devoir religieux. Se laver les mains sans savon, c’est se les mouiller. Tout simple ment. Avec tous les risques du Péril fécal.

Avec les traces d’urines et de fèces collées aux doigts mais invisibles, on se remplit la bouche et le ventre de bactéries, de microbes et de virus.

Personne ni les mollahs, ni les musulmans les plus ordinaires ne doivent oublier que les virus et consort ne connaissent ni Dieu ni les religions. Ce sont des Cafres à qui il faut mener une guerre sans merci.

Autre bizarrerie guinéenne : la problématique du pain ! L’itinéraire du pain de la farine à la bouche nous interpelle. Mieux vaut ne pas penser à la manière primitive et sale dont la farine est pétrie ni au dosage de sel qui y est contenu. Il y a longtemps, au temps des Blancs ce dosage était contrôlé par les services municipaux. Aujourd’hui chaque boulanger fait ce qu’il vaut. C’est la liberté de faire ce qu’on veut de la santé de nos compatriotes. Or, le pain est devenu une denrée complètement intégrée à nos pratiques alimentaires. Alors comment s’étonner de la multiplication vertigineuse des cas d’hypertension artérielle ?

Quant à la façon dont ce pain est vendu, c’est effrayant. Il est exposé à même la rue pour le plaisir des mouches, des moustiques, de la poussière, des éternuements des vendeurs. Qui ne portent pas de gants et dont le pain n’est pas préemballé. Ils se mouchent, crachent et se grattent partout avant de vous servir. Quelquefois ce pain est mis sous l’aisselle. Lorsqu’il tombe par terre, on le ramasse et le remet dans le tas. Les services publics s’en fichent, surtout ceux de la Commune.

On a même vu un cabot pisser sur une brouettée de pain. Le vendeur, distrait au moment des faits, revient, prend un chiffon, « nettoie » les pains arrosés et les remet dans la brouette…

Autre chose à stigmatiser, la consommation des fruits et légumes : Avec eux les spécialistes sont clairs. « Si on ne peut pas les laver au savon bien sûr et à l’eau chlorée pour les feuilles de laitue ou les faire bouillir, il faut les oublier ». Ne vous avisez pas d’interpeller ces vendeuses d’orange épluchées ou d’attiéké le long des rues. Elles vous répondent à tous les coups « Toi et ton affaire de Blanc- là !, ça ça ne tue pas Africain »

Pourtant Ebola est là.

Une fois de plus les services publics municipaux sont interpellés.

 

                                                                                                       BML

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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