
Guinée : Au Seuil d’une Crise Économique ? Analyse des Signaux Alarmants
La situation économique actuelle en Guinée soulève des interrogations cruciales. Même sans expertise en économie, on ne peut ignorer le ralentissement notable de l’activité économique dans le pays. La fréquentation habituelle des établissements financiers, en particulier les banques, pour les opérations de dépôt, semble s’essouffler. Cette tendance est particulièrement visible après les périodes de paie des fonctionnaires et des pensions des retraités.
Plusieurs facteurs semblent contribuer à cette situation préoccupante. La période de transition politique actuelle crée un climat d’incertitude, freinant les investissements. De plus, l’émigration de jeunes guinéens, emportant avec eux des capitaux significatifs, aggrave la situation. L’émission répétée d’Obligations du Trésor par l’État semble également évincer le secteur privé, tandis que l’interdiction d’exporter des produits locaux et l’investissement dans des projets à faible rentabilité à court et moyen terme, tels que les infrastructures routières, pèsent lourdement sur l’économie.
La transition politique en Guinée, souvent marquée par des coups d’État militaires, bien que parfois soutenue par la population, entraîne une période d’incertitude économique. Les investisseurs, craignant l’inflation et l’instabilité, hésitent à s’engager. Pour progresser vers une démocratie stable, il est essentiel de reconnaître et de traiter les inégalités économiques sous-jacentes.
L’émigration massive de jeunes guinéens vers des destinations comme les États-Unis, l’Europe, et le Nicaragua, entraîne une fuite de capitaux considérable. Cette situation crée non seulement un déficit économique, mais aussi une crise de confiance dans le secteur commercial, affectant les opérations bancaires quotidiennes.
L’effet d’éviction, causé par l’expansion des activités du secteur public aux dépens du secteur privé, est un autre problème majeur. L’État, en se concentrant sur des investissements massifs dans les infrastructures, néglige le soutien nécessaire au secteur privé, essentiel à une économie saine.
L’interdiction des exportations de produits locaux, bien que visant à contrôler les prix, a des conséquences négatives sur les producteurs locaux, limitant leur capacité à écouler leur production. Cette mesure, bien intentionnée, nécessite une application plus nuancée et une durée limitée pour éviter des effets économiques désastreux.
Enfin, l’investissement de l’État dans des projets d’infrastructure à faible rentabilité à court et moyen terme, tels que les routes, nécessite une analyse économique approfondie. Chaque projet devrait être évalué en termes de coûts sociaux, de rentabilité et d’impact sur le développement des entreprises.
La récente baisse des ressources des banques et l’épargne en Guinée témoignent de ces défis économiques. Avec une bancarisation limitée et un secteur informel prédominant, il est impératif de trouver un équilibre pour ne pas étouffer l’économie du pays. La Guinée doit se concentrer sur des plans de développement à long terme, en respectant les échéances établies pour assurer un avenir économique prospère.
Oumar Sylla pour Conakrylemag.com
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