![Manifestation à Conakry un pickup de la police caillase](https://i0.wp.com/conakrylemag.com/wp-content/uploads/2018/07/Manifestation-a%CC%80-Conakry-un-pickup-de-la-police-caillase.png?resize=700%2C400&ssl=1)
En République de Guinée, Amnesty International soulève avec fermeté la nécessité d’une réponse conséquente face à l’utilisation inappropriée de la force lors d’un rassemblement pacifique, exhortant les autorités guinéennes à mener rapidement une enquête indépendante sur les incidents survenus le 16 octobre. Au cours de ce rassemblement, trois journalistes ont été victimes d’une répression violente, marquée par des arrestations arbitraires de treize membres des médias à Conakry, la capitale. Ces journalistes, détenus temporairement et inculpés de « participation à un rassemblement illégal sur la voie publique », attendent actuellement leur comparution devant un tribunal.
Amnesty International plaide non seulement pour l’abandon immédiat des charges retenues contre ces professionnels des médias, mais également pour une remise en question de l’interdiction générale des manifestations en place depuis mai 2022, une mesure qu’elle considère comme non seulement inutile, mais disproportionnée, constituant ainsi une violation manifeste des droits fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Les témoignages recueillis par l’organisation, étayés par des vidéos capturées lors de la manifestation, décrivent un déploiement excessif des forces de l’ordre, qui ont encerclé le rassemblement au Port Autonome de Conakry avant de disperser violemment les participants à la Cité chemin de fer. À 8h30, une quinzaine de véhicules de police et de gendarmerie ont entouré les manifestants, lançant des gaz lacrymogènes et engendrant un climat de chaos.
Notamment, la vidéo enregistrée par la journaliste Mariama Bhoye Barry met en lumière l’usage disproportionné de la force, montrant un membre des forces de sécurité tirant délibérément une grenade lacrymogène, blessant la journaliste au coude. Des témoins ont rapporté que les forces de l’ordre ont agi sans retenue, témoignant d’une impunité préoccupante qui prévaut dans le pays.
Amnesty International souligne également les déclarations du ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Ousmane Gaoual Diallo, lors d’un conseil des ministres le 19 octobre, suggérant que des blessures légères peuvent résulter d’une intervention policière. Cette approbation tacite de l’usage excessif de la force soulève des inquiétudes quant à l’engagement du régime de transition envers les droits humains.
Les journalistes blessés, Ibrahima Foulamory Bah, Mariama Bhoye Barry et Mariam Sall, ont subi des violences physiques sévères lors de la dispersion violente du rassemblement. Amnesty International rapporte que, malgré des demandes répétées, aucune assistance médicale n’a été prodiguée aux blessés pendant les huit heures de détention et d’interrogatoire.
Les conséquences médicales des violences subies par les journalistes sont alarmantes. Ibrahima Foulamory Bah a été diagnostiqué avec une fracture de l’os du cou, nécessitant quatre semaines d’immobilisation. Mariam Sall et Mariama Bhoye Barry présentent également des blessures sérieuses, entraînant une incapacité de travail de plusieurs semaines pour la première et l’obligation de prendre des antalgiques pour la seconde.
Amnesty International souligne l’urgence de mettre fin à l’impunité au sein des forces de défense et de sécurité, soulignant que des pratiques récurrentes d’utilisation excessive de gaz lacrymogène depuis 2019 nécessitent une attention immédiate.
En conclusion, l’organisation appelle les mécanismes spéciaux de l’ONU et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à surveiller attentivement la situation en Guinée, particulièrement au cours de la dernière année de la transition politique en 2024, conformément au calendrier convenu entre les autorités guinéennes et la CEDEAO. Ces récents et répétés recours à la force, demeurés impunis, soulignent l’urgence d’une action internationale et nationale concertée pour préserver les droits fondamentaux au cœur de la démocratie guinéenne.
— conakrylemag