La Guinée à la recherche du plus propre. L’Etat en quête d’une administration exemplaire. Il se bat, mais il n’y arrive pas. Le pouvoir s’interdit de faire ce qui est juste. Il s’interdit le courage. Parce qu’il faut le courage pour sanctionner.
Il faut le courage pour soigner une administration qui empêche le progrès. Une administration qui est restée trop longtemps statique et en marge de l’évolution du monde. En marge des changements extraordinaires que bien d’Etats ont opérés ailleurs. Des Etats responsables qui s’engagent à développer leurs pays ne lésinent non seulement pas sur les moyens, mais travaillent à investir dans l’essentiel.
Le plus difficile encore en Guinée, c’est de rompre avec des pratiques qui ont mis à terre notre économie. Le gouvernement promet de lutter contre la corruption. Il tient plusieurs discours autour de ce qu’il compte faire. Les seuls cas suspects qui auraient dû faire l’objet d’enquête, sont tenus secrets. Pour le détournement présumé de 200 milliards de francs guinéens, la suspecte est protégée.
Les journalistes à l’origine de la révélation ont été inquiétés et le procureur méprisé. C’est bien de cela il s’agit. Le ministre de l’industrie a indiqué qu’il ne lui a jamais été demandé d’enquêter sur l’affaire de détournement, mais plus tôt sur le travail des journalistes. Alpha Seny Camara, s’il n’est pas déjà désarmé, a reçu un message.
Oui, le procureur de Kaloum qui aurait dû se faire un nom dans la lutte contre la corruption, doit encore prouver qu’il n’a pas peur d’un ministre. Il doit jouir de son statut d’avocat du peuple et jaloux de son indépendance. Il doit prouver qu’il a les mains propres et ne se laisserait donc pas influencer par un discours offensant d’un commis de l‘Etat.
C’est seulement de cette façon qu’il réussira à se rendre juste et utile aux yeux du peuple. Le peuple n’attend pas forcément que la suspecte ou les suspects soient condamnés, mais qu’un procès soit organisé une fois dans ce pays sur un cas de détournement de fonds publics.
Sur les 200 milliards, Alpha Seny doit oser. Aucun ministre ne jouit d’une immunité et même à l’absence d’une haute cour de justice, l’audace d’un procureur peut faire bouger les lignes. Parce qu’un procureur ne pourrait se contenter d’un petit rôle dans un tribunal comme celui de Kaloum.
Des petits rôles comme attendre des plaintes des citoyens et de l’Etat. Un procureur, dans un système judiciaire au service de tous les citoyens, enclenche des actions fortes à la suite des alertes. Et c’est ce qu’il doit faire jusqu’au bout. Sans craindre par exemple qu’une décision vienne lui en dessaisir. Il
aura au moins montré sa volonté de rendre justice.
Alpha Seny Camara, doit aussi communiquer au peuple la suite des enquêtes autour du détournement de plus de 50 millions de dollars à l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications de Guinée.
Les accusés sont ils entrain de répondre des faits qui leur sont reprochés ? Ont-ils déjà quitté les postes qu’ils occupaient au nom de la transparence qui doit accompagner le travail des juges ? Ce vol qui semble être avéré, ne doit rester impuni. Le procureur Alpha Seny Ccamara peut poser des actes historiques.
PAR CONAKRYLEMAG.COM
— conakrylemag
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