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Justice Burkina Faso : la France annule l’extradition de François Compaoré

Le frère de l’ancien président Blaise Compaoré est l’objet depuis 2017 d’un mandat d’arrêt international émis par Ouagadougou, car il est suspecté d’avoir commandité il y a vingt-cinq ans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
« Le contexte a changé. » C’est par ces quelques mots que le président de la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris a justifié, le 13 décembre, l’annulation par la France d’un décret ministériel de 2020, autorisant l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso. Le frère de l’ancien président Blaise Compaoré, renversé en 2014, est l’objet depuis 2017 d’un mandat d’arrêt international émis par Ouagadougou, alors qu’il est suspecté d’avoir commandité il y a vingt-cinq ans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Pour annuler son extradition, pourtant validée par le Conseil d’Etat en 2021, la justice française ne se prononce pas sur le fond de l’affaire, mais sur « l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du 7 septembre 2023 qui a conclu à la violation de l’article 2 en cas d’extradition du requérant vers le Burkina Faso », indique le ministère de la justice. L’article en question exige en effet que « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou [à des] traitements inhumains ou dégradants ». Alors que des opposants et des défenseurs des droits humains sont au Burkina Faso réquisitionnés de force au nom de la lutte contre les groupes djihadistes, le risque de voir François Compaoré, bientôt 70 ans, être utilisé comme un exemple de l’inflexibilité des militaires au pouvoir était évident selon ses conseils.

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« Une immense déception »
L’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso comportait « des risques graves pour ses droits fondamentaux. Or la France est tenue par ses engagements devant le CEDH. L’annulation de l’extradition de notre client n’est donc pas une surprise », soulignent ainsi ses avocats, Clara Gérard-Rodriguez et Pierre-Olivier Sur. « Il n’y a plus aucune procédure en cours et rien ne justifie son placement sous contrôle judiciaire », assurent-ils par ailleurs. Désormais à la retraite, François Compaoré vit à Paris entouré de sa femme et de ses enfants.

A Ouagadougou, en revanche, pour tous ceux qui attendent sa traduction en justice, « c’est une immense déception », comme le confie Boureima Ouédraogo, le directeur du journal Le Reporter, prêt cependant à se contenter d’un procès par contumace. Le centre national de presse Norbert Zongo a, de son côté, déploré, le 21 décembre, « un jour noir pour les défenseurs de la liberté d’expression et le peuple burkinabé ». « Les proches de Norbert doivent être effondrés. Il y avait beaucoup d’attentes derrière cette procédure », estime pour sa part Me Prosper Farama, l’avocat de la famille qui, depuis 1998, attend que la lumière soit faite sur cet assassinat et que justice soit rendue.

François Compaoré, le « petit président » du Burkina Faso
Si la décision de la justice française satisfait, sans surprise, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de Blaise Compaoré, les arguments de la CEDH trouvent également un écho auprès de ceux qui ont défendu la nécessité de ce procès. « Ils sont conformes avec la situation politico-judiciaire du Burkina », admet Souleymane Ouédraogo, un membre du mouvement de la société civile Balai citoyen, tout en jugeant « regrettable » l’issue actuelle de ce feuilleton diplomatico-judiciaire. « Le parquet sera bientôt soumis au ministère de la justice selon les annonces du gouvernement de transition. L’indépendance judiciaire est bafouée », souligne-t-il. Sollicitées par Le Monde, les autorités burkinabées n’ont pas donné suite.

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Si l’éventualité d’une extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso semble aujourd’hui s’éloigner, le souvenir de Norbert Zongo demeure vivace dans son pays. « Aujourd’hui, conclut Souleymane Ouédraogo, c’est un héros national. Il y a même une université qui porte son nom. »

LeMonde.fr,

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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