La Diplomatie du Don en Guinée : Une Manœuvre Politique Habile ou un Symbole de Détournement de Fonds?
N’Zérékoré, Guinée– Dans un geste ostentatoire de générosité, Madame Christelle Maniamey Doré, épouse du Premier ministre du gouvernement de transition de la Guinée, a récemment fait un don substantiel de 230 millions GNF à la communauté catholique de N’Zérékoré. Ce don, présenté comme un geste de bienveillance de la part du colonel Mamadi Doumbouya, président de la Transition, soulève des questions cruciales sur les véritables intentions du régime et l’utilisation des fonds publics.
Alors que le pays traverse une période de transition politique complexe, ce don pourrait être interprété comme une tentative de gagner le soutien populaire par des moyens financiers. Cependant, pour un œil critique, cela ressemble davantage à une stratégie de distraction, déplaçant l’attention du public des problèmes urgents de gouvernance et de développement économique.
L’utilisation de fonds publics pour des dons à des groupes spécifiques, surtout dans un pays où de nombreux citoyens luttent contre la pauvreté et l’insuffisance des services publics, est particulièrement troublante. Cela soulève des questions sur la transparence et l’intégrité de l’administration actuelle. Est-ce que ces fonds auraient pu être mieux utilisés pour des programmes de développement ou pour améliorer les infrastructures essentielles?
De plus, l’implication des leaders religieux dans la politique peut être perçue comme un double tranchant. Bien que le soutien de ces leaders puisse apporter une certaine légitimité au régime, il est également susceptible d’entraîner des divisions au sein de la société, surtout si d’autres communautés se sentent exclues ou marginalisées par de telles actions.
Madame Doré a également fait appel à la population pour ignorer les rumeurs et travailler à la réconciliation, en désarmant les cœurs. Cependant, ces paroles semblent superficielles face aux défis concrets que rencontre le pays. La réconciliation ne se limite pas à des discours ou à des dons monétaires, mais nécessite des actions concrètes, une réforme politique transparente et inclusive, et une véritable justice sociale.
En fin de compte, ce don et le message qui l’accompagne semblent plus être un calcul politique qu’un véritable effort pour adresser les problèmes fondamentaux de la Guinée. La transition vers une gouvernance démocratique et efficace nécessite plus que des gestes symboliques ; elle exige une réelle volonté de changement, de transparence et d’équité, des qualités qui semblent manquer au régime actuelle.
Oumar Sylla pour Conakrylemag.com
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