
La Guinée et le Sénégal ont signé, il y a peu de temps, un accord, en prélude sans doute à la réouverture prochaine de la frontière terrestre des deux pays. Celle-ci a été fermée à l’orée du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020 pour des raisons de sécurité selon les autorités guinéennes.
Les deux pays ont convenu, entre autres, que « Chaque partie s’engage à tout mettre en œuvre pour empêcher que son territoire ne soit utilisé pour des actes subversifs, de déstabilisation ou de sabotage contre l’autre partie ».
L’accord a été ratifié ce dimanche 4 juillet par l’Assemblée nationale.
Mais de nombreux observateurs redoutent une interprétation délibérément extensive de ce qu’il faut entendre par « actes subversifs, de déstabilisation ou de sabotage » dans l’unique but d’avoir la tête d’opposants. Des opposants qui n’ont d’autres moyens de lutte que les dénonciations, les appels à manifester, en tout cas, des moyens non contraires à la législation des pays où ils sont installés. On apprend par les médias que deux membres importants du FNDC seraient actuellement en exil forcé au Sénégal. Pour l’instant, on peut penser qu’ils n’ont commis aucun acte qui viole les lois sénégalaises ; ils agissent dans le strict respect de celles-ci sinon ils auraient été expulsés depuis longtemps. Rien ne pourrait donc justifier leur éventuelle expulsion du Sénégal tant qu’ils exercent leurs activités en toute légalité dans ce pays.
Le Sénégal a toujours accueilli sur son sol des opposants guinéens. Sous le régime de Sékou Touré, beaucoup de Guinéens avaient trouvé refuge dans ce pays. Du temps Lansana Conté, de nombreux opposants guinéens, y compris le plus célèbre d’entre eux, avaient bénéficié de la protection directe ou indirecte du pays de la teranga. Il est donc peu probable que le même pays rompe avec cette longue tradition dès lors que les opposants qui y sont installés ne prennent pas des armes, ne fomentent pas des attentats, des complots ou des coups d’État contre leur pays ou les dirigeants de leur pays., contre leur pays.
Dans tous les cas, le Sénégal a certes signé un accord avec la Guinée, mais il a aussi des engagements internationaux en matière de protection des droits de l’homme.
Me Mohamed Traoré avocat
— conakrylemag