La Promesse Inachevée : La CAN 2025 et le Défi de la Guinée
La Côte d’Ivoire, avec sa promesse audacieuse d’organiser la plus grandiose des Coupes d’Afrique des Nations (CAN), nous montre un chemin lumineux. Ce début remarquable de la 34ème édition de la CAN suscite admiration et envie. Si elle n’atteint pas le sommet en termes de splendeur, elle restera gravée dans les annales comme l’une des plus mémorables. L’éclat de cette édition ne doit rien au hasard mais tout à une vision claire, un engagement politique ferme, et la sélection judicieuse de leaders capables de concrétiser cette vision. Hélas, c’est un rêve que la Guinée peine encore à réaliser.
Retournons en 2014. Grâce aux efforts infatigables de notre compatriote Almamy Kabele Camara, alors vice-président de la Confédération africaine de football (CAF), la Guinée se voit attribuer l’organisation de la CAN 2025. Ce devait être un moment de triomphe, un défi relevé pour un pays riche mais aux prises avec des infrastructures insuffisantes. Cependant, un manque de vision des dirigeants relègue ce projet majeur au second plan.
L’arrivée au pouvoir du CNRD, ainsi que les pressions de la CAF, semblent initialement redonner de l’élan au projet. En août 2022, un décret proclame l’organisation de la CAN 2025 d' »intérêt national et prioritaire ». Mais derrière ces mots, la réalité est autre : une volonté de façade. La CAF, percevant cette mascarade, retire l’organisation à la Guinée au profit du Maroc.
Dans un monde idéal, ce retrait aurait dû être un électrochoc pour nos dirigeants, un catalyseur pour viser d’autres éditions. Mais la priorité a changé.
Après l’annonce de ce retrait, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Lansana Béa Diallo, affirmait que la Guinée continuerait à développer ses infrastructures sportives, CAN ou pas. Le Premier ministre renforçait cette promesse en décembre 2022, insistant sur la poursuite des projets d’infrastructure pour répondre aux besoins nationaux et renforcer les compétences locales.
Les plans étaient ambitieux : construction de cinq stades de compétition, dix-sept stades d’entraînement, rénovation de deux stades existants, création de dix villages soit 370 villas pour accueillir les équipes, construction de quatre aéroports, et de quatre hôpitaux régionaux de haut standing. On nous assurait même que le financement était bouclé, avec un premier fonds de près de 500 000€ déjà attribué au COCAN.
Pourtant, plus d’un an après, ces grands projets restent en suspens. Où est passé ce premier fonds ? L’équipe nationale est contrainte de jouer à l’étranger, et le Horoya AC est exclu de la Super Ligue africaine, faute de stade approprié. Même les travaux de rénovation des stades du 28 septembre et de Nongo, annoncés récemment, sont à l’arrêt.
Nous avons manqué une occasion en or de propulser le développement du pays, de créer un branding national solide. J’ose espérer que l’exemple de la Côte d’Ivoire, avec sa CAN de l’hospitalité, ravivera notre fierté nationale et nous incitera à agir.
— conakrylemag