Le 20 juillet dernier, l’Inde, le deuxième plus grand producteur mondial de riz, a imposé une interdiction immédiate sur l’exportation de cette céréale, suscitant des inquiétudes quant à une possible hausse des prix. Face à cette menace, les autorités guinéennes ont réagi rapidement.
Le colonel Mamadi Doumbouya a dépêché sa ministre du Commerce et de l’Industrie, Louopou Lamah, à New Delhi en août dernier pour solliciter une « dérogation » des autorités indiennes. L’objectif était d’obtenir 850 000 tonnes de riz afin de renforcer la production nationale et garantir la sécurité alimentaire. La stratégie « diplomatique » du chef de la transition guinéenne a porté ses fruits, et la Guinée a obtenu une exemption des restrictions d’exportation de riz imposées par l’Inde.
Cela représente une lueur d’espoir pour les autorités de Conakry, qui font face à une pression croissante depuis trois mois en raison des revendications salariales du Syndicat. Malgré cette victoire, des questions subsistent quant à l’efficacité des milliards dépensés pour l’obtention d’engrais. Les terres rizicoles abondantes de la Guinée ne sont-elles pas suffisamment exploitées pour atteindre l’autosuffisance alimentaire en riz?
La Guinée, bien que se positionnant comme le deuxième producteur de riz d’Afrique de l’Ouest avec près de 1,95 million de tonnes en 2022/2023, continue d’importer massivement du riz, principalement d’Asie. Face à cette dépendance persistante, comment le pays envisage-t-il de réduire ces importations et de libérer sa population de cette vulnérabilité alimentaire?
Dans le contexte de la réunion convoquée par le Premier ministre le 23 octobre 2023 pour évaluer le protocole d’accord sur les prix des denrées de première nécessité, il est crucial de se demander si cette mesure sera suffisante pour libérer la Guinée de sa dépendance au riz importé. Quelles solutions innovantes et durables le gouvernement guinéen pourrait-il envisager pour assurer une véritable autosuffisance alimentaire et réduire la pression sur le panier de la ménagère?
Oumou Hawa Kaba
— conakrylemag